Migrants à Lampedusa: Sébastien Chenu voit en Giorgia Meloni une "déception absolue"

Le Rassemblement national prend ses distances avec Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement italien, élue sur la fin de l'immigration illégale en Italie. "Elle n'a pas souhaité mettre en œuvre" ses promesses de campagne, a regretté Sébastien Chenu.

Un bilan sans appel pour le Rassemblement national. Près d'une semaine après une importante arrivée de migrants en provenance de Tunisie et Libye sur l'île de Lampedusa, Sébastien Chenu attaque sévèrement la dirigeante italienne Giorgia Meloni.

"Elle a eu des propos incantatoires (sur l'immigration) et elle n'a pas souhaité ou pas été capable de les mettre en œuvre (ses promesses de campagne) ce qui est une déception absolue", a tancé le député RN ce lundi matin sur Public Sénat.

Tout faire pour ne pas être renvoyé à l'échec de Meloni

Avant de rappeler: "nous, notre allié, c'est quand même Matteo Salvini", le patron de la Ligue du Nord qui participe au gouvernement de Giorgia Meloni et qui s'est affiché ce dimanche aux côtés de Marine Le Pen.

Le RN veut à tout prix prendre ses distances avec la formation post-fasciste Fratelli d'Italia, dont est issue la cheffe du gouvernement transalpin. Et pour cause: élue sur la promesse d'un "blocus naval" pour empêcher les migrants venant de Libye d'arriver en Italie, Giorgia Meloni est rattrapée par la réalité.

Plus de 42.000 personnes sont arrivées par la Méditerranée sur le territoire italien entre janvier et avril 2023, contre environ 11.000 sur toute l'année 2022, selon Rome. À ces chiffres, s'ajoutent désormais les 7000 migrants arrivés à Lampedusa la semaine dernière, soit l'équivalent de l'ensemble de la population de cette petite île de 20 km².

"Venir pleurer pour avoir le secours de l'UE n'est pas la bonne solution"

De quoi contraindre Giorgia Meloni à s'afficher aux côtés d'Ursula Von der Leyen dimanche à Lampedusa. La présidente de la Commission européenne a annoncé un plan d'aide qui cherche notamment à faciliter le transfert des personnes arrivées à Lampedusa – qui sont généralement conduites par bateaux en Sicile ou le continent – y compris vers d’autres pays européens.

Giorgia Meloni "se trompe évidemment dans la méthode. Venir pleurer pour avoir le secours de l'Union européenne n'est évidemment pas la bonne solution. Ce qu'il faut, c'est que les nations reprennent le contrôle des politiques migratoires et donc de leurs frontières", a encore attaqué Sébastien Chenu.

Le Rassemblement national a-t-il vraiment d'autre choix que de s'en prendre à Rome? Alors que Marine Le Pen a fait de la lutte contre l'immigration illégale l'un de ses chevaux de bataille, pas question de se laisser embarquer dans les mésaventures de l'Italienne.

Reconquête en soutien de la dirigeante italienne

Giorgia Meloni avait déjà changé de stratégie l'hiver dernier et lancé la création de centaines de places d'accueil de migrants, très loin de ses promesses de campagne. Pour l'instant, Rome enchaîne les échecs sur la question migratoire. Depuis la signature en juillet d'un partenariat stratégique entre l'UE et le président tunisien Kaïs Saïed pour endiguer les flux de migrants, fortement poussé par l'Italie, le nombre d'arrivées depuis les côtes tunisiennes a bondi de plus de 60%.

Du côté de Reconquête, qui est proche de Giorgia Meloni, le discours est tout autre. "Le gouvernement italien est abandonné par l'Union européenne et par la France", a regretté vendredi dernier Marion Maréchal, tête de liste aux européennes pour le mouvement d'Éric Zemmour.

Marie-Pierre Bourgeois