Migrants à Lampedusa: Sandrine Rousseau dénonce un "traitement politique xénophobe"

La députée écologiste compare l'acccueil fait aux réfugiés ukrainiens et celui pour les migrants présents sur l'île italienne. Gérald Darmanin joue de son côté la carte de la "fermeté" et n'ouvre la porte à une régularisation que pour les personnes "persécutées" pour des raisons "politiques".

Tenter de contrebalancer le discours de l'extrême droite et de la droite. Près d'une semaine après une importante arrivée de migrants en provenance de Tunisie et Libye sur l'île de Lampedusa, Sandrine Rousseau appelle la France à les accueillir.

"Présenter l’arrivée des personnes migrantes de Lampedusa sous forme de 'crise' est déjà un traitement politique xénophobe", a écrit la députée écologiste Sandrine Rousseau sur X (anciennement Twitter) ce lundi.

110.000 Ukrainiens en France

"L’Europe a accueilli plusieurs millions d’Ukrainiens et c’est très bien. Les quelques milliers de migrants à Lampedusa ne sont rien", a ajouté l'élue de Paris.

Entre lundi et mercredi dernier, environ 8500 personnes, soit plus que l'ensemble de la population de Lampedusa, sont arrivées à bord de 199 bateaux, selon l'agence des Nations unies pour les migrations.

Cette situation a mis les capacités d'accueil de l'île sous forte tension, généré une onde de choc politique en Italie et relancé l'épineuse question de la solidarité européenne en matière d'accueil et de répartition des demandeurs d'asile, pour soutenir les pays en première ligne de ces arrivées. De quoi faire un parallèle avec la situation des Ukrainiens.

Depuis le début du conflit entre Moscou et Kiev en février 2022, 8 millions d'entre eux ont quitté leur pays soit 20% de la population. 4,8 millions se trouvaient en février 2023 dans l'Union européenne ou au Royaume-Uni d'après le commissariat de l'ONU aux réfugiés. Entre le 10 mars 2022 et le 30 janvier 2023, la France a accueilli environ 110.000 Ukrainiens, selon le ministère de l'Intérieur.

Un statut à part

Les Ukrainiens disposent d'un statut "de protection temporaire", qui existe depuis 2001 mais qui a été déclenché pour la première fois en 2022 au début de la guerre. Il permet l'ouverture rapide de toute une liste de droits, notamment la possibilité de scolariser ses enfants ou de toucher l'allocation pour demandeurs d'asile (14 euros par jour maximum, ndlr) sans faire de demande d'asile pour autant.

Gérald Darmanin est très loin d'ouvrir cette voie pour les migrants de Lampedusa et a déjà annoncé "vouloir aider l'Italie à tenir sa frontière pour empêcher les gens d'arriver", ce lundi matin sur Europe 1.

"Nous devons appliquer les règles européennes" avec "fermeté", a-t-il ajouté, en faisant référence aux personnes "persécutées pour des raisons politiques" et qui sont dans ce cas "des réfugiés" qui peuvent être "accueillis en France".

Mais dans "60%" des cas, les migrants "viennent de pays comme la Côte d'Ivoire, la Guinée, la Gambie", où "il n'y a pas de question humanitaire", a encore précisé le locataire de la place Beauvau qui rencontrera son homologue italien ce lundi soir à Rome.

Marie-Pierre Bourgeois