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Présidentielle

Nucléaire, semaine de 32h... Les moments forts de Yannick Jadot "face à BFM"

Yannick Jadot sur le plateau de BFMTV le 15 février 2022

Yannick Jadot sur le plateau de BFMTV le 15 février 2022 - BFMTV

Le candidat écologiste à la présidentielle a répondu ce soir aux questions des journalistes de la rédaction de BFMTV.

Yannick Jadot veut reprendre la marche en avant. Le candidat écologiste à la présidentielle est en difficulté dans les sondages ces dernières semaines, et fait parfois face aux critiques de son propre camp. Il doit désormais se montrer audible, dans un contexte où les candidats de gauche n'ont pas réussi à faire l'union.

Invité de Face à BFM ce mardi soir, l'eurodéputé a longuement répondu aux questions sur l'actualité, son programme et sa personne. Retour sur les moments marquants de l'émission.

• Il accuse Eric Zemmour de "réhabiliter l'antisémitisme

Après avoir qualifié Éric Zemmour de "juif de service", Yannick Jadot a reconnu que la formule n’était "pas la meilleure possible". Cependant, le candidat a refusé de lui adresser la moindre excuse, l'accusant de "réécrire le passé de manière aussi fautive, coupable, pour ne pas s'interroger sur les grands défis de notre pays".

"On a un candidat qui a condamné Dreyfus, veut réhabiliter Pétain", a-t-il dénoncé.

"Vous avez les trois quarts des Français de confession juive qui estiment avoir été moqués, brutalisés. Et vous avez un candidat qui réhabilite l’antisémitisme dans notre pays. (...) Nous avons dans cette campagne présidentielle un candidat antisémite qui est aussi raciste."

• Il envisage de passer à la semaine de 32h

S'il est élu, Yannick Jadot veut organiser une "convention citoyenne" sur la réduction du temps de travail. L’une des pistes explorées est la semaine de 32 heures.

"Même une entreprise comme Total y réfléchit", a soutenu le candidat EELV, souvent critique à l'égard de la compagnie, à Emmanuel Lechypre. "Ça améliore la qualité du travail, et ça améliore la productivité."

En réalité, le patron de TotalEnergies défend la semaine de quatre jours, en gardant "le même salaire" mais sans pour autant "réduire le temps de travail". "L'idée n'est pas une diminution du temps de travail, mais une autre répartition", a expliqué Patrick Pouyanné sur RTL. "Si les salariés veulent s'organiser sur 4 ou 4,5 jours, essayons de le faire. (...) On n'en est pas encore là."

• Il veut des hausses de salaire et un "revenu citoyen"

Concernant les offres d’emploi qui ne trouvent pas preneurs sur le marché du travail, Yannick Jadot estime qu’il s'agit d’un problème de rémunération. "Elles sont sous-payées par rapport à la dureté du travail", assure le candidat. "Il va falloir augmenter les salaires dans ce pays", conclut-il.

Yannick Jadot veut en outre, pour les personnes qui n'ont pas de salaire, la création d’un "revenu citoyen" de 900 euros par mois pour les plus de 18 ans, de manière à faire en sorte qu’aucun Français ne vive dans la pauvreté.

Ce projet coûte, selon lui, 20 milliards d’euros par an, qu’il compte notamment financer grâce à un impôt sur la fortune climatique. Celui-ci comprendrait un système de "bonus-malus" climatique, récompensant ou punissant le patrimoine polluant, comme la détention d’actions du groupe Total.

• Il pense qu'accueillir les réfugiés est une "responsabilité"

Interrogé sur la question de l’immigration, Yannick Jadot s’est distingué d'autres candidats qui refusent l’accueil des réfugiés en France.

"Il y a 6 ans, tout le monde riait jaune de la campagne électorale de Trump qui voulait mettre un mur (à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique)", a noté le candidat écologiste. "Aujourd’hui les dirigeants européens, pour éviter 3000 réfugiés, envoient à la Pologne des barbelés et des miradors."

"Notre responsabilité sur un continent de 500 millions de personnes, c’est d’accueillir ces quelques milliers de personnes qui sont en souffrance", a jugé Yannick Jadot. Il propose notamment de se débarrasser ou "transformer" le règlement de Dublin, qui fait qu’un demandeur d’asile doit déposer son dossier dans le pays où il met pied. Cette mesure, qui défavorise la Grèce ou l’Italie, doit selon lui être modifiée pour partager la charge migratoire en "bonne intelligence".

• Il appelle à en finir avec "l'illusion nucléaire"

Concernant l’énergie, Yannick Jadot a dit souhaiter que la France ne "s'enferme" pas "dans une illusion nucléaire" - quand Emmanuel Macron a lui annoncé la construction de six nouveaux EPR pour une mise en service à partir de 2035. "En 2021, ceux qui ont lancé des programmes nucléaires, c’est la Chine, la Russie et les Emirats arabes unis", assure le candidat écologiste.

"Aujourd’hui on a des centrales vieillissantes, donc on a quand même 11 réacteurs à l’arrêt, qui nous mettent en difficulté. On a deux options: on peut reconstruire des réacteurs nucléaires pour remplacer les vieux par des nouveaux, ou faire des économies dans nos logements et déployer des énergies renouvelables", estime Yannick Jadot

"Les progrès technologiques vont très très vite dans l’éolien", affirme le candidat, qui assure que l’enjeu n’est pas tant de construire de nouvelles éoliennes, mais de remplacer les existantes par des nouvelles, plus performantes. Il veut également définir des territoires où l’on peut installer des éoliennes "en lien avec les populations locales" pour faciliter les permis de construire.

• Il estime que la France a un "problème de malbouffe"

Pour limiter la consommation de viande en France, Yannick Jadot propose d’avoir dans les cantines scolaires "un ou deux repas végétariens par semaine" et de favoriser la consommation de viande locale. Il s’est également amusé en assurant qu’il ne comptait pas faire des "communiqués" pour donner un "menu de la semaine" aux Français en cas de victoire.

Il a également assuré que la France a un "problème avec la malbouffe". "On peut pas jouer avec le trop gras, le trop sucré dans notre société" déclare le candidat, qui veut également améliorer l’accès au sport pour les enfants et les adultes, avec une "grande fête nationale du sport" au printemps.

• Il appelle à "lâcher la grappe" aux musulmans

Questionné sur les "Hijabeuses”, Yannick Jadot a demandé à ce qu’on "lâche la grappe des musulmans et musulmanes de notre pays". Sur le sujet de ces femmes qui veulent porter le voile pendant leur pratique sportive, "la loi n’interdit pas ça", explique le candidat à la présidentielle.

"La loi sur la laïcité, elle est claire", a déclaré le candidat écologiste. "On montre ce truc en épingle et c'est tous les extrêmes qui s'en emparent."

Questionné sur les sondages, en baisse depuis plusieurs semaines pour lui, Yannick Jadot appelle à "compter les bouses à la fin de la foire". Il a notamment expliqué que lors des élections européennes ou municipales, les sondages étaient toujours plus bas que les résultats finaux. "Je veux convaincre que l’écologie est le seul projet qui nous rassemble tous", assure-t-il.

"Les sondeurs, globalement, se plantent beaucoup. À chaque élection, ils se ramassent assez largement", a critiqué Yannick Jadot.
Anthony Audureau