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Présidentielle

"Loyal" ou ambigu? Le drôle de jeu d'Édouard Philippe vis-à-vis d'Emmanuel Macron

L'ancien Premier ministre Edouard Philippe  le 21 juillet 2021 à Paris

L'ancien Premier ministre Edouard Philippe le 21 juillet 2021 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP

L'ancien Premier ministre a beau assurer le président de la République de "sa loyauté", certains en doutent dans l'exécutif. En cause, des propos qui attaquent le bilan du quinquennat et le lancement de son parti.

Si Édouard Philippe s'est dit être un "soutien complet" d'Emmanuel Macron en vue de l'élection de 2022, certaines de ses sorties médiatiques ont fait entendre un tout autre son de cloche.

"Porter une dette forte, c'est dépendre de ses créanciers (...). Nous préférons continuer à danser au-dessus du volcan que prendre des mesures drastiques qui s'imposent", a jugé par exemple l'ex Premier ministre dans une interview à Challenges mercredi alors que l'exécutif a multiplié les dépenses ces derniers temps.

Sérieuses critiques

"La première réforme à faire, c'est celle des retraites (...) en repoussant l'âge de départ à 65, 66 ou 67 ans. Ceux qui promettent de régler la question des retraites sans augmenter la durée de vie active mentent aux Français", a estimé l'ancien locataire de Matignon dans les colonnes de l'hebdomadaire.

"Je n'ai pas le souvenir que, dans le projet de loi qu'il avait lancé, il y avait écrit cet âge de 67 ans", lui a rétorqué Jean Castex dès le lendemain dans la Dépêche du Midi.

Un futur parti qui se veut indépendant de la macronie

Des soupçons de trahison étayés par le lancement du mouvement du maire du Havre le 9 octobre prochain avec l'objectif affiché d'avoir des députés sous ses propres couleurs lors des prochaines législatives.

La création de ce nouveau parti fait aussi grincer des dents François Bayrou, lui qui plaide depuis des mois pour une maison commune qui accueillerait le Modem et LaREM.

"Il est l'ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron. Soyons sérieux, il lui est évidemment loyal. Notre but est de fédérer la diaspora des maires qui ne se retrouvent aujourd'hui ni dans LaREM ni dans Agir, pas du tout de concurrencer qui que ce soit", répondait la semaine dernière à BFMTV.com Arnaud Péricard, le maire de Saint-Germain-en-Laye et proche d'Édouard Philippe.

Un dîner pour apaiser

Pour tenter d'apaiser les choses, Emmanuel Macron a réuni autour un dîner à l'Elysée mercredi dernier le patron du Modem et son ancien chef du gouvernement.

Le Havrais en a profité pour rappeler qu'il n'avait pas l'intention de faire participer son futur mouvement au grand parti démocrate qu'espère lancer dans les prochains mois le centriste.

Pas d'investiture avant la réélection de Macron

Certains, au sein de la majorité, sont pourtant certains qu'il y sera contraint:

"La popularité d'Edouard Philippe doit bien sûr à sa personnalité et à ses compétences mais aussi à sa loyauté à Emmanuel Macron. Il s'abîmerait à ne pas rejoindre le futur grand parti de la majorité", nous explique Ambroise Méjean, le président des Jeunes avec Macron, ce vendredi.

Les proches de la macronie font en tout cas tout pour s'en assurer. Richard Ferrand a déjà prévenu: les investitures pour les législatives seront données au lendemain du second tour de la présidentielle, pas avant. Une façon comme une autre de s'assurer du soutien de l'ancien Premier ministre.

Marie-Pierre Bourgeois