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L'écart Macron-Le Pen se réduit au second tour: qu'est-ce que la "marge d'erreur" d'un sondage?

Les études d'opinion indiquent toujours leur marge d'erreur. Si, en cas d'écart important entre les candidats, cette information semble secondaire, elle prend toute son importance dans le cas de sondages plus serrés, comme c'est le cas dans notre dernière étude Elabe.

Seulement cinq points les séparent. Après la publication ce mercredi d'un sondage Elabe réalisé pour BFMTV et L'Express avec SFR, dans lequel l'écart entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen se réduit au second tour, certains pointent le fait que les deux candidats sont désormais "dans la marge d'erreur". "Ça veut dire que l'un peut passer devant l'autre", a expliqué Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique de BFMTV ce jeudi.

Dans le détail, cette étude Elabe a interrogé 1531 personnes représentatives des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus, dont 1416 inscrits sur les listes électorales. Avec un tel échantillon, étant donné les intentions de vote prêtées à Emmanuel Macron et Marine Le Pen - 52,5% pour le premier, 47,5% pour la seconde, la marge d'erreur s'établit à 3,1 points comme l'indique la notice du sondage.

"Ça signifie que le président récolte entre 49,4% et 55,6% des voix tandis que son adversaire est entre 44,4% et 50,6%", avance le directeur des études d'Elabe, Vincent Thibault, auprès de BFMTV.com.

Autrement dit: Marine Le Pen pourrait être devant Emmanuel Macron, même si ce n'est pas l'option la plus probable. Un scénario encore possible dans la dernière étude d'Elabe publiée ce samedi, dans laquelle l'actuel chef de l'Etat est crédité de 53% des intentions de vote au second tour, contre 47% à sa rivale.

La marge d'erreur, "le principe même des statistiques"

"Il y a dans toutes les études d'opinion une marge d'erreur, c'est le principe même des probabilités", décrypte Vincent Thibault. "Quand on interroge 1000 personnes pour représenter le point de vue de 65 millions de personnes, il y a forcément une marge d'erreur."

Certains spécialistes regrettent cette expression et préfèrent parler d'"intervalle de confiance", le terme habituellement utilisé pour l'étude des statistiques.

"Quand on parle de 'marge d'erreur', cela renvoie à une erreur de calcul, alors qu’il s’agit juste d’insister sur l’existence d’incertitudes, avance Arnaud Mercier professeur en information-communication à l’Institut Français de presse dans une tribune publiée par le Journal du dimanche.

Pour ce spécialiste, la question est plutôt "de comprendre ce que le raisonnement et l’exposition médiatique des résultats d’un sondage d’intention de vote changent si on donne à voir le score obtenu (situé au beau milieu des intervalles de confiance) ou si on expose la totalité du spectre des scores possibles".

La publication de ces marges d'erreur ou intervalles de confiance est obligatoire dans tous les sondages depuis une loi de 2021.

Marie-Pierre Bourgeois