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Présidentielle

Après le succès de Mélenchon, le bras de fer à gauche en vue des législatives a commencé

Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Yannick Jadot.

Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo et Yannick Jadot. - AFP ; montage BFMTV

Alors que la France insoumise sort en position de force du premier tour de la présidentielle face aux piteux scores du PS, du PC et EELV, Jean-Luc Mélenchon pose ses conditions pour les législatives. Au grand dam de ses anciens adversaires.

La présidentielle n'est pas encore finie qu'à gauche, tous les yeux sont tournés vers les élections législatives. Il faut dire que les 21,95% des voix de Jean-Luc Mélenchon au premier tour ont aiguisé les appétits de la France insoumise tandis que les autres mouvements de gauche défendent leurs conditions pour parvenir à un éventuel accord.

Après leur piteux score, le Parti socialiste (1,75%), le Parti communiste (2,28%) et Europe-Écologie-Les-Verts (4,63%) n'ont d'autre choix que de se tourner vers lui. Problème: la France insoumise entend bien poser ses conditions.

"Voyons-nous", exhorte Roussel

Dans plus de 120 circonscriptions, le total des voix de gauche est supérieur à celui de la République en marche, d'Éric Zemmour et de Marine Le Pen, aiguisant de fait les aspirations des uns et des autres.

Fabien Roussel a donc décidé de forcer la main à Jean-Luc Mélenchon. Lors d'une conférence de presse ce jeudi, l'ex candidat lui a adressé un message très clair.

"Voyons-nous rapidement, avant même le deuxième tour pour faire gagner la gauche aux législatives. Je lui propose d’additionner nos voix", a-t-il lancé tout en précisant n'avoir pas reçu de nouvelles de l'insoumis ces derniers jours.

Il faut dire que le climat entre les deux hommes est à couteaux tirés depuis des mois et que les proches de Jean-Luc Mélenchon accusent le Parti communiste de les avoir empêchés d'être au second tour.

Pas là "pour sauver les partis"

"Il y a de la tristesse car l’objectif était atteignable. Beaucoup de gens de gauche ont consacré du temps à nous taper dessus, pour un résultat inutile", analysait par exemple le député Alexis Corbière sur Public Sénat le lendemain du second tour.

En guise de bonne volonté, la France insoumise publie ce jeudi soir en fin de journée une lettre ouverte sur son site en posant ses conditions en vue d'un éventuel accord avec les communistes.

"On ne veut pas sauver des partis. Ce qu'on veut, c'est se mettre d'accord sur un programme partagé pour gouverner et peut-être imposer une cohabitation à Emmanuel Macron" en cas de réélection, explique à BFMTV Manuel Bompard, le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon.

Des accords seulement en cas si le logo LFI apparaît sur les affiches

Si les discussions avec le PC pourraient avancer rapidement, alors qu'il avait fait alliance à la présidentielle avec Jean-Luc Mélenchon en 2012 et en 2017, l'ambiance est toute autre avec les écologistes.

Pas question de faire de cadeaux à l'équipe de Yannick Jadot qui sort en très mauvaise état de sa course à l'Élysée.

"Tous les partis sont d'accord pour mettre en place la proportionnelle, et bien nous on veut appliquer la proportionnelle selon les scores du premier tour. On ne va pas rejouer l'élection éternellement. Je dis quoi à l'un des nôtres (qui aimerait être investi aux législatives, NDLR)? 'Pars en vacances et à ta place, on met un écologiste', alors qu'on ne le soutiendra même pas?", lâche un membre de la campagne de l'insoumis.

Comprendre: en cas d'accord, un écologiste qui se présenterait devrait faire apparaître le logo du parti de Jean-Luc Mélenchon sur son affiche.

Le contrat déplaît sur les bancs d'EELV, qui n'a pas tardé à contre-attaquer.

"Quand on commence une négociation par des injonctions, c'est qu'en réalité on ne souhaite pas d'accord", a affirmé devant des journalistes le numéro 2 du parti, Julien Bayou après une conférence de presse pour faire le point sur l'appel aux dons pour renflouer les caisses après leur échec à la présidentielle.

"Ils veulent notre mort", assure-t-on chez les socialistes

L'ambiance n'est pas plus amène dans les rangs socialistes. Après une fin de campagne marquée par de nombreuses attaques contre Jean-Luc Mélenchon, le dialogue est presque interrompu avec ses anciens camarades.

"Je pense qu'ils veulent notre mort, Ils vont poser leurs conditions et voir comment ça prend, en attendant de probables débauchages individuels", confie ainsi un cadre du parti.

Dans la famille d'Anne Hidalgo, on mise sur une réunion lundi avec les communistes pour débloquer la situation. Si un rendez-vous avec les écologistes était dans les tuyaux, elle est "reportée", sans calendrier précis.

Le suspense autour des accords entre les différents partis de gauche sera court. Les candidatures soutenues par la France insoumise seront officialisées le 30 avril prochain.

Perrine Vasque, Marie Gentric et Marie-Pierre Bourgeois