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"Aucun compromis", "je refuse", "au pied du mur": Macron fait l'unanimité contre sa proposition de coalition

Le président Emmanuel Macron lors d'une allocution télévisée, le 22 juin 2022 à Paris

Le président Emmanuel Macron lors d'une allocution télévisée, le 22 juin 2022 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Les oppositions refusent en bloc d'entrer dans "la coalition de gouvernement" évoquée par le président lors de son allocution. La porte-parole du gouvernement, Oliva Grégoire, assure croire à l'existence "des bonnes volontés".

Une fin de non-recevoir unanime. Pour sortir de la crise politique, Emmanuel Macron a posé sur la table deux options lors d'une allocution à l'Élysée ce mercredi soir, proposant une "coalition de gouvernement" ou le vote "simplement de certains textes", donnant rendez-vous à son retour de Bruxelles, vendredi. Les oppositions disent toutes non à cette option ce jeudi matin.

À commencer par Jordan Bardella, le président du Rassemblement national dont le parti, avec le chiffre historique de 89 députés, est plus fort que jamais.

"Son programme a été battu dimanche", pour Bardella

"Il demande aux oppositions de venir à lui alors qu’il a été battu dans les urnes, c’est à lui de dire quel chemin il est prêt à prendre, sur quels axes de son projet, il est prêt à reculer. Il a été élu, mais son programme battu dimanche dernier", a-t-il assuré sur France inter.

Confiant ne pas pouvoir "davantage ignorer les fractures" du pays qui "expriment des inquiétudes", Emmanuel Macron a expliqué lors de son discours que les résultats des élections législatives "ont fait de la majorité présidentielle la première force politique de l’Assemblée nationale". De quoi braquer un peu plus ses opposants déjà rétifs à tendre la main.

"Je n'ai vu aucun compromis", dénonce Ruffin

"Je n'ai vu aucun compromis de la part du président de la République (...) Il ne nous dit pas hier 'par compromis, j'ai renoncé à la réforme des retraites'. C'est à Macron de dire jusqu'où il est prêt à aller", a ainsi jugé le parlementaire fraîchement réélu sur BFMTV.

"Pas les mêmes convictions politiques" que Pradié

Les Républicains claquent également la porte au nez de l'Élysée. Vus par beaucoup comme une possible force d'appoint dans les prochains mois par la coalition présidentielle pour entrer au gouvernement, Aurélien Pradié ne l'entend pas ainsi.

"Je la refuse, parce que nous n’avons pas les mêmes convictions politiques. Il y a une nécessité pour la droite républicaine de résister à l’air du temps qui voudrait nous pousser dans les bras des extrêmes ou des gens raisonnables", a avancé le député du Lot, numéro 2 du parti de Christian Jacob, sur Public Sénat.

Rabault voit un président "au pied du mur"

Valérie Rabault, la présidente du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, à qui Matignon aurait été proposé mi-mai, n'est pas plus tendre.

"Il est au pied du mur. C'est lui qui a la responsabilité du destin de la France. Il connaît parfaitement nos engagements. Nous voulons des choses très claires. Nous voulons le Smic à 1500 euros net. Est-ce que oui ou non, il veut le rajouter dans son projet? S'il reste sur son projet, il n'a pas de majorité absolue et c'est lui qui va bloquer la France, ce n'est pas nous", a-t-elle avancé sur France inter.

L'exécutif cherche-t-il à redresser le tir, inquiet des retours des ténors des différents partis? Probablement à en juger par les propos d'Olivia Grégoire.

Grégoire arrondit les angles

La porte-parole du gouvernement a assuré ce jeudi matin ne voir "ni ultimatum, ni date-butoir dans 48h" dans les propos du président.

"Nous commencerons à bâtir à son retour du sommet européen avec les oppositions pour trouver les voies et moyens. C'est le début du chemin, c'est tout. On parle de plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Possiblement, il va revoir les chefs de partis politiques pour discuter des lignes rouges ou éventuellement vertes", a expliqué la secrétaire d'État sur France info.

Olivia Grégoire a encore avancé qu'il était à la charge de tous - et "pas seulement du gouvernement" - de chercher à sortir d'un "blocage intenable pour le pays", et qu'elle ne doutait pas de l'existence de "bonnes volontés" chez les opposants, et notamment à la Nupes.

Des éléments de langage suffisants pour mettre de l'huile dans les rouages? Réponse au retour de Madrid d'Emmanuel Macron qui va passer les 8 prochains jours à gérer son agenda international.

Marie-Pierre Bourgeois