BFMTV
Police-Justice

Viol, corruption de mineur: ce que l'on sait des accusations qui visent le youtubeur Norman Thavaud

Le youtubeur français Norman Thavaud est en garde à vue depuis lundi dans le cadre d'une enquête pour corruption de mineur et viol. Il est visé par six plaintes, venant de femmes parfois mineures au moment des faits dénoncés.

Norman Thavaud, youtubeur français aux 12 millions d'abonnés, a été placé en garde à vue lundi dans le cadre d'une enquête pour corruption de mineur et viol. Les premières accusations à son encontre ont toutefois émergé il y a plusieurs années.

• Une garde à vue après six plaintes

La garde à vue de Norman Thavaud a débuté ce lundi et a été prolongée ce mardi matin. L'animateur de la chaîne "Norman fait des vidéos" a été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête préliminaire confiée à la Brigade de protection des mineurs (BPM), ouverte en janvier 2022.

Six jeunes femmes ont porté plainte contre le youtubeur. Cinq d'entre elles accusent Norman Thavaud de viol, a appris BFMTV d'une source proche de l'enquête, confirmant une information de Libération. Des confrontations doivent avoir lieu entre l'homme de 35 ans et les plaignantes.

La corruption de mineur, qui est l'autre infraction sur laquelle enquête la BPM dans le cadre de cette affaire, consiste pour un adulte à imposer à un mineur, éventuellement via Internet, "des propos, des actes, des scènes ou des images pouvant le pousser à adopter une attitude ou un comportement sexuel dégradant (par exemple, avoir des relations sexuelles devant un mineur)", explique le site officiel de l'administration française.

• Son nom cité sur #balancetonyoutubeur

Norman Thavaud avait déjà fait l'objet de témoignages dénonçant son comportement avec des filles et des femmes. En 2018, le youtubeur français numéro un, Squeezie - Lucas Hauchard de son vrai nom - avait dénoncé sur Twitter "les YouTubers (y compris ceux qui crient sur tous les toits qu'ils sont féministes) qui profitent de la vulnérabilité psychologique de jeunes abonnées pour obtenir des rapports sexuels".

Son tweet avait été fortement rediffusé dans le cadre du mouvement #balancetonyoutubeur et certains témoignages avaient visé Norman. Dans le sillage de ce mouvement, plusieurs filles, souvent mineures au moment des événements racontés, avaient dénoncé les agissements de certains influenceurs à leur encontre, évoquant notamment des échanges virtuels à caractère sexuel et des faits pouvant être qualifiés de harcèlement sexuel.

• Des échanges de photos à caractère sexuel

L'un de ces témoignages est publié en 2020, sur Instagram, par une jeune Canadienne nommée Maggie D. La jeune femme accuse Norman de l'avoir incitée à lui envoyer des photos d'elle à caractère sexuel alors qu'elle n'était âgée que de 16 ans, et lui de 30. En avril 2021, une enquête québéco-française publiée par le média Urbania partage son histoire.

"J’avais confiance en Norman, à l’époque", explique Maggie D. dans l'article.

"Je crois que la relation de confiance qui se crée, avant même que tu parles avec ton Youtubeur préféré, est déjà là parce que tu le vois chez lui dans ses vidéos. T’as l’impression de le connaître, et que c’est une bonne personne", poursuit-elle.

Dans la vidéo qui accompagne son enquête, Urbania indique que l'attachée de presse de Norman a déclaré au média qu'il ne souhaitait pas répondre à ses questions et qu'il réfutait "toutes ces accusations". Maggie D. a été convoquée par la Brigade de protection des mineurs dans le cadre de la procédure française visant le youtubeur. Elle doit être confrontée ce mardi à Norman Thavaud.

• Écarté par Webedia, enquête interne de YouTube

Dans la foulée de l'annonce de sa garde à vue, le groupe Webedia (AlloCiné, PurePeople, 750g, Jeuxvideo.com...), qui travaille avec de nombreuses stars du web, a annoncé lundi sur Twitter "la mise en suspens de sa collaboration" avec Norman Thavaud.

De son côté, YouTube, le réseau où Norman compte le plus d'abonnés après y avoir fait ses débuts en 2011, diligente actuellement une enquête interne, a déclaré un porte-parole de la plateforme à Tech&Co, confirmant une information de Mediapart.

"Pour des comportements en dehors de notre plateforme, nous conseillons fortement aux victimes de se manifester auprès des autorités policières ou judiciaires compétentes", explique-t-on à Tech&Co.

"Si nous constatons que le comportement d'un créateur, sur YouTube ou en dehors, nuit à nos utilisateurs, à notre communauté, à nos employés ou à notre écosystème, nous prenons alors des mesures supplémentaires pour les protéger".

Le réseau social peut notamment supprimer la monétisation de certaines vidéos ou les faire disparaître de ses recommandations pour réduire leur visibilité. Mais les critères pour ces sanctions ne sont pas officiellement établis dans son règlement.

Troisième youtubeur français en nombre d'abonnés, Norman est le symbole d'une génération d'influenceurs ayant décollé au début des années 2010. Sa notoriété a explosé grâce à son format de "podcasts", des séquences inspirées de la vie quotidienne.

Il est monté sur scène pour deux spectacles de stand-up en solo entre 2015 et 2020, en plus de quelques apparitions au cinéma ("Mon roi") et à la télévision ("Dix pour cent"). Depuis quelques années, son succès sur Internet apparaît toutefois en perte de vitesse, ses dernières vidéos culminant à quatre millions de vues, là où elles pouvaient dépasser les dix millions auparavant.

Sophie Cazaux avec AFP