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Police-Justice

Manifestations contre les "violences policières": près de 120 cortèges attendus, les autorités "vigilantes"

L'association Attac a recensé 118 points de rassemblement pour les manifestations du 23 septembre 2023

L'association Attac a recensé 118 points de rassemblement pour les manifestations du 23 septembre 2023 - Marches pour la justice

Près de 120 cortèges vont s'élancer samedi partout en France pour dénoncer les "violences policières, le racisme systémique" et soutenir "les libertés publiques". À la fin d'une semaine chargée d'un point de vue sécuritaire, les autorités ont été sommées d'"être extrêmement vigilantes" par le ministre de l'Intérieur.

Une "marche unitaire pour la justice" partout en France. Près de trois mois après les violences urbaines déclenchées par la mort à Nanterre du jeune Nahel, tué par un tir de police, organisations militantes, syndicales et partis politiques défileront ce samedi dans les rues de France pour dénoncer "contre le racisme systémique, les violences policières et pour la justice sociale et les libertés publiques".

Pour ce premier appel à manifester de la rentrée, les organisateurs avaient recensé, vendredi soir, 117 annonces de cortèges en France et un en Allemagne, à Berlin.

Des "risques de troubles à l'ordre public"

Les autorités, fortement mobilisées depuis le début de la semaine entre la visite de Charles III, la venue du pape François à Marseille et la Coupe du monde de rugby, se sont préparées. 30.000 policiers et gendarmes seront mobilisés en France, a annoncé vendredi Gérald Darmanin dans une lettre de "soutien sans faille" aux forces de l'ordre.

Selon une note du renseignement territorial consultée par BFMTV, 4000 à 6000 personnes pourraient se réunir à Paris, dont 200 à 400 "éléments à risque". Des risques de troubles à l'ordre public ont été identifiés à Angers, Caen, Toulouse, Grenoble, Bordeaux, Saint-Étienne, le Puy-en-Velay, Pau et Vandœuvre-lès-Nancy.

Gérald Darmanin a transmis vendredi un télégramme, consulté par BFMTV, aux préfets dans lequel il leur a demandé "d'être extrêmement vigilants" sur ces manifestations, et de prendre un arrêté d'interdiction "si les conditions légales de leur bon déroulement" ne sont pas remplies.

Le ministre de l'Intérieur a fait appel à leur "plus grande attention" sur les rassemblements "porteurs de slogans insultants et outrageants à l'endroit des institutions de la République, de la police et de la gendarmerie". Il a d'ailleurs saisi la justice après la publication d'une affiche d'un rassemblement "représentant la police nationale avec une croix gammée".

"Ces dessins sont ignominieux. Ils déshonorent ceux qui les diffusent. Ils doivent être condamnés avec la plus grande vigueur", a-t-il clamé.

Divergences à gauche

Cette marche se voulant "unitaire" s'avère être une nouvelle mise en scène des dissensions entre chefs de la Nupes, invectives comprises, La France insoumise défendant la participation à une manifestation, à laquelle communistes et socialistes refusent d'appeler.

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LFI et Europe Écologie-Les Verts font partie des premiers signataires de l'appel. Plus que son refus d'appeler, c'est l'argumentation utilisée par le communiste Fabien Roussel qui cristallise les critiques des insoumis.

Les violences policières sont un "sujet grave, provoquant des drames" et qui "doit être traité", a-t-il répété jeudi sur LCI. Mais le patron des communistes, qui cultive sa différence au fil des prises de parole, désavoue le slogan "tout le monde déteste la police", fréquent dans ce type de mobilisation.

Fabien Roussel "n'a pas le droit de caricaturer les mots d'ordre de ceux qui y participent", a rabroué le coordinateur politique de LFI Manuel Bompard sur franceinfo.

"Vous pouvez vous offusquer des slogans, la vérité, c'est que s'il y a ce type de slogans, c'est qu'il y a des problèmes dans l'organisation de la police et dans le rapport entre la police et une partie de la population", a-t-il argumenté.

Mercredi, le PS a rappelé qu'il n'irait pas défiler samedi tout en jugeant "indispensable" de réformer la police au sein de laquelle, estime-t-il, on observe "une progression inquiétante du racisme".

Quant au risque de troubles liés à des opposants aux manifestants, le renseignement territorial a précisé que "la mouvance d'ultra-droite ne communique pas sur ces événements et aucune velléité de perturbation n'a été décelée".

Théo Putavy avec AFP