De One Direction à "Harry's House", comment Harry Styles a fait évoluer son image

Jonglant entre la musique, les genres, la mode et le cinéma, l'artiste britannique est passé en quelques années de chanteur de boysband à icône de la pop.

"Tout le monde change", déclare Harry Styles à Zane Lowe à propos de son évolution musicale dans une interview sur Apple Music. C'est particulièrement vrai pour l'artiste britannique, qui a parcouru un long chemin depuis son audition au télécrochet X-Factor à l’âge de 16 ans et sa participation au groupe One Direction en 2012.

Après des débuts fructueux en solo avec un premier album intitulé Harry Styles porté par le single Sign of the Times suivi par un second projet Fine Line, plus affirmé, venu asseoir son statut de pop star internationale, Harry Styles dévoile ce vendredi son troisième disque, Harry’s House, ambiteux et singulier, à l’image de la progression musicale souhaitée par l’artiste.

De chanteur pour ados à icône de la pop

Il y a un peu plus de cinq ans, alors que certains fans regrettaient encore la séparation des One Direction, Harry Styles se lançait contre toute attente en solo avec son premier album, sobrement intitulé Harry Styles.

Offrant des sonorités piochées dans la pop et le rock des années 70, éloignées des productions commerciales auxquelles il avait habitué son public jusqu’alors, ce projet a permis au chanteur de se propulser sur le devant de la scène et a ouvert la voie à Fine Line, son second disque dévoilé en 2019.

Considéré comme son premier vrai succès commercial, cet album s’est écoulé à plus de 478.000 exemplaires en une semaine aux États-Unis - un record pour un artiste britannique depuis Unplugged d'Eric Clapton, sorti en 1992.

A 28 ans, Harry Styles est aujourd'hui le premier chanteur anglais de l'histoire à s’être classé numéro 1 aux Etats-Unis. À l'instar de ses inspirations telles que les artistes David Bowie ou Freddy Mercury, Harry Styles est parvenu en l'espace de deux albums à s’affranchir de son image de chanteur pour ados, opérant une mue audacieuse.

Une métamorphose d’ailleurs au cœur de As It Was, premier single d’Harry’s House, qui a battu le Guiness World Record du titre le plus streamé sur Spotify en 24 heures pour un artiste masculin, comptabilisant plus de 16 millions de streams. "La chanson parle de métamorphose, d'acceptation du changement et de l'ancien soi, de changement de perspective", a-t-il ainsi livré en interview.

L’art de bien s’entourer

Pour opérer cette transformation aussi rapidement et efficacement, Harry Styles mise sur un entourage influent et tendance. Il collabore ainsi en 2018 avec le musicien et réalisateur français Woodkid pour le clip de Sign of Times ou avec la chanteuse espagnole en vogue Rosalia sur l’écriture de son tube Adore You.

Loin de l’entre-soi artistique Harry Styles fréquente des personnalités issues de milieux très variés et forge ainsi son image de chanteur éclectique. En témoigne sa récente prestation lors du festival Coachella, tantôt vêtu d’un boa et d'un manteau de fourrure rose aux côtés de l’icône du body positive Lizzo, tantôt en duo avec l’une de ses héroïnes, l'artiste canadienne Shania Twain sur le tube de 1999, Man! I Feel Like A Woman.

Dans l’ombre des studios, Harry Styles s’offre également les plus grands producteurs et paroliers du moment. Dans les crédits d’Harry’s House, on retrouve ainsi le nom de Tyler Johnson, nommé à deux reprises aux Grammy Awards pour son travail sur l’album Red de Taylor Swift ou le disque X d’Ed Sheeran mais aussi celui de Kid Harpoon notamment producteur de Florence + the Machine et de Calvin Harris.

Déconstruire les genres grâce à la mode

L'époque où il devait accorder ses tenues à celles de ses camarades des One Direction est révolue. Harry Styles a accompagné sa transition musicale d'une transformation stylistique. Depuis la sortie de son premier album, l’artiste s’essaie plus ouvertement aux expérimentations vestimentaires et tente de repousser les limites de l'expression de soi à travers des vêtements qui brouillent les normes de genre.

Le groupe One Direction à la cérémonie des Billboard music awards. © Robyn beck - AFP

En 2019, Harry Styles apparaît par exemple au côté d'Alessandro Michele, directeur artistique de la maison Gucci - dont l'artiste est désormais l’égérie depuis 2018 - vêtu d’un costume en dentelle noire et de bottines à talons, le tout accompagné par une boucle d'oreille en perle, façon Henri III.

Harry Styles et Alessandro Michele lors du Met Gala à New York en 2019. © Dimitrios Kambouris - AFP

"Ce que les femmes portent. Ce que les hommes portent. Pour moi, ce n'est pas une question de ça. Si je vois une belle chemise et qu'on me dit : 'Mais c'est pour les femmes'. Je me dis : 'Et alors ? Ça ne me donne pas moins envie de la porter". Je pense qu'à partir du moment où vous vous sentez plus à l'aise avec vous-même, tout devient beaucoup plus facile", avait-il déclaré dans une interview au Guardian la même année.

Comme un point d'orgue de ce nouveau statut de figure de la mode, Harry Styles est devenu en novembre 2020 le premier homme à apparaître seul, habillé d'une robe Gucci en dentelle, en couverture du Vogue américain.

Cette Une, réalisée par le photographe Tyler Mitchell, lui valent cependant de nombreuses critiques de la part de certains membres de la communauté LGBT+, qui estiment problématique de faire d'un homme cisgenre un symbole de la non-binarité tout en excluant du magazine les personnes trans.

De la scène au grand écran

Si Harry Styles s'est imposé en icône de mode, il a également réussi à mettre un pied dans le cinéma. Révélé à l’écran avec sa prestation dans le film Dunkerque de Christopher Nolan, l’artiste a ensuite fait une apparition remarquée dans une scène post-générique du long-métrage de Marvel Les Éternels, réalisé par Chloé Zhao.

Ses projets au cinéma ne s'arrêtent pas là puisqu’il sera en septembre à l’affiche du film Don’t Worry Darling, de et avec Olivia Wilde, sa compagne. Harry Styles jouera également prochainement dans My Policeman, histoire d'un triangle amoureux dans les années 50. Dans ce film de Michael Grandag, adapté du roman éponyme de l'Anglaise Bethan Roberts, il donnera la réplique à Emma Corrin (The Crown).

Carla Loridan