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L'incendie après l'effondrement de l'immeuble rue Saint-Jacques dans le 5e arrondissement de Paris, le 21 juin 2023

Gregory Custo/AFP

Comme un "bombardement" en plein Paris: le récit de l'explosion de la rue Saint-Jacques

Une explosion a provoqué l'effondrement d'un immeuble mercredi à Paris. Au lendemain du drame, les secours recherchent toujours une personne dans les décombres.

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Comme un "tremblement de terre" ou un "bombardement" en plein Paris. C'est avec ces mots que les riverains décrivent la puissance de la dramatique explosion survenue ce mercredi dans le 5e arrondissement de la capitale. Une déflagration si dévastatrice qu'elle a réduit l'immeuble à néant. "J'ai cru que ma maison s'effondrait", témoigne une voisine.

Mercredi 21 juin, peu avant 17 heures, une explosion survient au 277 rue Saint-Jacques, un bâtiment attenant à l'ancien hôpital militaire du Val-de-Grâce. "C'était comme dans un film", raconte le gérant d'une boucherie située à 50 mètres du bâtiment soufflé. "On a entendu une deuxième explosion, à peine deux minutes après la première, et on a vu la façade s'écrouler."

"Une boule de feu gigantesque"

La violence de l'explosion est telle que des vitres se brisent jusqu'à 500 mètres du lieu de la déflagration.

"Je regardais un film sur l'ordinateur, heureusement que le canapé était un peu loin des vitres", témoigne une voisine. "J'ai entendu un boum et les fenêtres ont été soufflées à l'intérieur de l'appartement."

Le gérant d'un commerce situé à 250 mètres de l'explosion raconte à BFMTV être sorti dans la rue et avoir vu un gros nuage de fumée, des personnes qui hurlaient et couraient dans tous les sens. "J'avoue que j'ai eu peur."

Peu après l'explosion, un violent incendie se déclare dans les ruines de l'immeuble. "J'ai entendu un bruit énorme, je me suis retourné et là j'ai vu une boule de feu gigantesque, de 20 ou 30 mètres de haut", témoigne un étudiant de l'école des Mines, dont une résidence d'étudiants se trouve dans cette rue.

L'incendie après l'effondrement de l'immeuble rue Saint-Jacques dans le 5e arrondissement de Paris, le 21 juin 2023
L'incendie après l'effondrement de l'immeuble rue Saint-Jacques dans le 5e arrondissement de Paris, le 21 juin 2023 © Gregory Custo/AFP

Quelque 270 pompiers et 70 engins, dont un camion spécialisé dans le sauvetage et le déblaiement, sont dépêchés sur place afin d'éviter que le feu ne se propage aux immeubles mitoyens, situés aux 273 et 275 de la rue Saint-Jacques. Au total, trois immeubles fragilisés par l'explosion sont évacués.

Une heure après, la maire de l'arrondissement fait état pour BFMTV de quatre blessés en urgence absolue - un bilan qui s'alourdit rapidement. Si l'incendie est circonscrit en début de soirée, des recherches commencent pour retrouver d'éventuelles victimes sous les décombres.

Un large périmètre de sécurité est mis en place afin de faciliter le travail des secouristes sur place. "Quand on recherche des victimes, il faut du silence", rappelle le lieutenant-colonel Ludovic Pinganaud, fondateur du cabinet ATRISC et ancien coordonnateur "cellule interministériel de crise" du ministère de l'Intérieur.

Une forte odeur de gaz

Une enquête est rapidement ouverte par le parquet pour blessures involontaires avec la circonstance aggravante de mise en danger délibérée de la vie d'autrui. Si dans un premier temps, une explosion due au gaz est évoquée, les autorités précisent que rien ne permet pour l'heure de déterminer l'origine du sinistre. Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, appelle même à la prudence sur la cause de l'explosion.

Les pompiers tentent d'éteindre l'incendie après l'effondrement de l'immeuble rue Saint-Jacques dans le 5e arrondissement de Paris, le 21 juin 2023
Les pompiers tentent d'éteindre l'incendie après l'effondrement de l'immeuble rue Saint-Jacques dans le 5e arrondissement de Paris, le 21 juin 2023 © Gregory Custo/AFP

Mais plusieurs témoins affirment avoir remarqué une coupure de courant et ressenti une forte odeur de gaz peu avant le sinistre. "L'un de mes collaborateurs a fortement senti une odeur de gaz et est allé voir sous le porche ce qui se passait", témoigne sur RMC Philippe Delorme, secrétaire général de l'Enseignement catholique dont les locaux se trouvent à proximité de l'immeuble effondré.

"Au moment où la comptable composait le numéro de téléphone (du service d'urgence du fournisseur de gaz, NDLR), l'explosion a eu lieu", explique-t-il.

En début de soirée, le nombre de victimes augmente encore. En plus des quatre personnes qui restent en urgence absolue, la préfecture de police fait état de 25 autres blessés en urgence relative.

Des étudiants américains épargnés

Un bilan qui aurait pu être encore plus dramatique: le bâtiment touché abritait une école de mode privée, la Paris American Academy, une école fondée par un musicien américain en 1965. Sur son site Internet (en anglais), l'établissement explique "dispenser un enseignement de classe mondiale depuis plus de cinquante ans, partageant l'amour de la mode, du design d'intérieur, de l'écriture créative et des arts". Par chance, les étudiants n'étaient pas sur place ce mercredi.

En juin et juillet, l'école ouvre ses portes pour des formations estivales d'un mois, en dehors du cursus classique. "Ça peut être des élèves qui ont déjà deux ans de pratique dans leur université et qui veulent peaufiner le reste de leur savoir en venant étudier à Paris", explique à RMC Christophe Salade, qui enseigne l'architecture d'intérieur.

Neuf étudiants américains de l'université de Kent (Ohio) étaient ainsi arrivés dans la capitale le 1er juin dernier et devaient y rester jusqu'au 28 juin prochain. Ils échappent au drame de justesse. "Au dernier moment on leur dit 'préparez-vous parce qu'on a accès à un défilé'" de la Fashion Week, relate le professeur.

La procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, confirme que l'explosion est partie de l'immeuble - en attestent les images des caméras de surveillance de la Ville de Paris. "Nous comptons évidemment sur les victimes en urgence relative pour nous donner de premiers éléments d'investigation et de compréhension sur ce qui a pu se passer", ajoute-t-elle.

Une cinquantaine de victimes

Ce jeudi, les recherches se poursuivent afin de retrouver une seule des deux personnes qui étaient portées disparues dans les décombres de l'immeuble. La seconde avait en fait déjà été prise en charge à l'hôpital.

Au total, l'explosion a fait une cinquantaine de victimes. En ce qui concerne les quatre personnes toujours en urgence absolue, il s'agirait de trois hommes et d'une femme. Parmi les blessés se trouvent notamment trois enfants dont le pronostic vital n'est pas engagé, mais aussi trois militaires, deux policiers et un pompier.

Ce jeudi matin, le périmètre de sécurité a été réduit et les pompiers autorisaient sous escorte les riverains à aller chercher des affaires. Une mère a ainsi récupéré un grand ours en peluche, un cartable et un petit parapluie pour sa fille de huit ans, blessée mercredi. Elle venait d'entrer avec elle dans le hall de leur immeuble quand toutes les vitres ont explosé. La fillette, touchée au visage, a été soignée à l'hôpital Necker. Mais elle est "traumatisée".

Une centaine de personnes ne peuvent toujours pas rejoindre leur logement - une soixantaine se sont vues propose un hébergement à l'hôtel, dans la salle des fêtes de la mairie du 5e ou en résidence senior. Douze adresses restent fermées aux habitants.

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV