Canicule, températures inédites en septembre... Les chiffres d'une rentrée record en France

Cette troisième vague de chaleur de l'été, exceptionnelle par son arrivée tardive, est, selon Météo-France, une "illustration concrète" de l'extension de la saison des canicules, qui seront non seulement plus intenses et plus fréquentes mais surviendront également plus précocement et plus tardivement.

Le mercure est en baisse. L'épisode de chaleur qui a touché l'Hexagone s'attenue ce mardi, même si les températures restent élevées pour la saison. Cette rentrée scolaire a été marquée par une vague de chaleur exceptionnelle de par son arrivée tardive dans l'été. "La durée de cet épisode de forte chaleur et son intensité si tard dans la saison sont remarquables à l’échelle du pays", écrit ainsi Météo-France.

Cet épisode caniculaire est d'autant plus particulier qu'il intervient après un été rythmé par deux vagues de chaleur, en juillet et en août, et seulement une dizaine de jours après cette dernière.

Le record de "la journée la plus chaude" pour un mois de septembre battu deux fois

Illustration de cette canicule, la France a enregistré ces deux journées les plus chaudes pour un mois de septembre les 4 et 9 septembre avec un indicateur thermique - qui fait la moyenne des mesures quotidiennes de température moyenne dans 30 stations météorologiques réparties de manière équilibrée en métropole - de 25,1°C. Le précédent record datait de 1949.

Sur tout le territoire, de nombreux records mensuels ont été battus. En Bretagne, des températures d'une dizaine de degrés au-dessus des normales de saison ont été recensées, établissant ainsi des records de chaleur pour un mois de septembre.

Les records de chaleur mensuels enregistrés lors de la vague de chaleur, du 2 au 10 septembre 2023. © La Chaîne météo

Plus inquiétant encore, ce sont des records absolus qui ont été battus, alors même que l'automne météorologique a débuté au 1er septembre. Lors de la journée du 4 septembre, près de 200 records de chaleur ont été établis. La température la plus élevée a été enregistrée à La Trimouille, dans la Vienne, avec 39.3°C à l’ombre.

La moitié nord en surchauffe

Alors que la moitié nord du pays avait été relativement épargnée par les fortes chaleurs au cours de l'été, ce début de mois de septembre y a été particulièrement brûlant.

À Paris, une série de neuf jours consécutifs de fortes chaleurs (supérieures à 30°C) a été comptabilisée. En outre, le seuil de "très forte chaleur" de 35°C a lui été dépassé à la station de Paris-Montsouris pour la première fois de l'année. Ce samedi a par ailleurs été la journée la plus chaude depuis le début de l'été dans la capitale.

Des habitants se rafraichissent dans l'eau du bassin du Trocadéro à côté de la Tour Eiffel, durant une vague de chaleur tardive, à Paris le 5 septembre 2023. © Dimitar DILKOFF / AFP

Encore plus exceptionnel, comme le note la Chaîne météo, des villes du centre du pays comme Châteauroux ou Avord, près de Bourges, ont connu sept journées consécutives de très forte chaleur à plus de 35°C. À Chartres, "les records de chaleur se sont enchaînés cinq jours consécutifs depuis mardi jusqu'à ce dimanche 10 septembre".

Les côtes de la Manche ne sont pas en reste avec de nombreux records de chaleur établis ce week-end à Dunkerque avec 33,9°C, au Touquet avec 32,8°C ou à Saint-Brieuc avec 31,5°C.

Vigilance orange en septembre, une première

Par conséquent, Météo-France a été contraint de déclencher une vigilance orange canicule pour plusieurs départements, une première pour un mois de septembre. Il s'agit de la "première vigilance orange pour le phénomène de canicule, au-delà de la saison estivale, depuis sa mise en place en 2004", explique l'institut météorologique.

Caractéristique d'un épisode de canicule, les températures des nuits sont restées très élevées, ce qui rend la vague de chaleur particulièrement difficile à supporter. "De nombreux records de température ont été battus", explique Météo-France. À Aurillac, le mercure n'est pas descendu en-dessous de 20,9°C le 6 septembre. Il a fait plus de 24°C au minimum à Montauban ou à Toulouse le 4 septembre.

Des personnes se protègent de la chaleur sous des couvertures de survie lors d'un concert au château de Chambord à Chambord, dans le centre de la France, le 8 septembre 2023. © GUILLAUME SOUVANT / AFP

En altitude, "l'air est tellement chaud qu'il faut monter au-dessus de 5000 m pour trouver une température inférieure à 0°C depuis le 4 septembre dernier sur la France", détaille la Chaîne météo. Conséquence, sur le massif du Mont-Blanc, il ne gèle quasiment plus à 4500 mètres d'altitude, "ce qui ne s'était encore jamais produit en septembre".

Les étés s'allongent avec le réchauffement climatique

Cette situation caniculaire s'explique par un "blocage en oméga", un phénomène météorologique entraînant une remontée d'air chaud d'origine saharienne sur l'Hexagone.

"Le réchauffement climatique, d'origine humaine, n'explique pas cette situation en oméga mais joue un rôle d'amplificateur rendant la chaleur plus intense, plus durable, et favorise l'extension de tels épisodes au-delà de la période estivale", explique Météo-France.

Avec le dérèglement climatique, les canicules seront non seulement plus intenses et plus fréquentes mais surviendront également plus précocement et plus tardivement, à l'instar de cette vague de chaleur de septembre. "Le caractère tardif de cet épisode est lui aussi une illustration concrète de cette extension de la saison des vagues de chaleur", ajoute Météo-France.

Si les températures sont plus supportables en ce début de semaine, notamment grâce à l'arrivée des orages, le temps redeviendra sec et chaud jeudi dans la quasi-totalité du pays. Il fera entre 20 (Cherbourg et Brest) et 27°C (Perpignan, Montpellier, Ajaccio) partout en France, soit un mercure toujours au-dessus des normales saisonnières.

Salomé Robles