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Double "narchomicide" en Espagne: l'exportation de la criminalité marseillaise "inquiète" en Catalogne

Le 3 mai dernier, deux hommes, âgés de 25 et 28 ans, originaires de Marseille, avaient été tués à Salou, en Espagne. Après huit mois d'enquête, neuf personnes ont été mises en examen.

Neuf personnes, dont cinq femmes, ont été mises en examen dans le cadre de l'enquête des polices française et catalane sur les assassinats en mai dans une station balnéaire espagnole de deux Français liés au narcobanditisme marseillais, a annoncé le parquet lundi 22 janvier.

Un commando marseillais en Espagne

Le 3 mai, la paisible ville côtière de Salou, au sud de Tarragone, en Catalogne, s'était subitement retrouvée au coeur du contentieux entre deux bandes criminelles marseillaises.

Un commando, appartenant a priori à la DZ Mafia, s'était rendu en Espagne pour assassiner au pied d'un hôtel deux Français, "membres éminents" du clan adverse baptisé Yoda, a détaillé lundi le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, lors d'une conférence de presse conjointe avec la police catalane.

Selon le magistrat, ce double narchomicide a été "un élément paroxystique" du contentieux entre les deux gangs, démontrant la capacité de la DZ Mafia à "monter un commando, se projeter à l'étranger et assassiner" non pas des petites mains du trafic mais des "membres éminents du clan adverse".

Les mois suivants, la deuxième ville de France a connu un véritable bain de sang avec une cinquantaine de narchomicides dont 35 directement liés à la rivalité entre ces deux clans, a rappelé Pascal Bonnet, adjoint à la police judiciaire dans le sud de la France.

13 personnes interpellées dont huit femmes

L'enquête avait débuté avec l'arrestation, juste après les faits, d'un des membres du commando, sur une aire d'autoroute où il venait d'incendier le véhicule ayant servi aux assassinats.

Suivront huit mois d'enquête conclus la semaine dernière par l'interpellation de 13 personnes dans le sud de la France. Parmi elles, huit femmes, soit une réelle "nouveauté" pour le procureur de Marseille.

Au final, neuf ont été mis en examen, dont trois considérés comme les trois autres membres du commando et un logisticien. Parmi les cinq femmes, une aurait "donné le go" à Salou, les quatre autres étant suspectées d'avoir aidé le commando après les assassinats.

Les quatre hommes étaient déjà détenus dans le cadre d'autres assassinats imputés à la DZ Mafia, a précisé M. Bessone, soulignant "l'excellente coopération entre les polices française et catalane, qui me paraît être l'avenir contre la criminalité organisée".

Une exportation du conflit qui "inquiète" en Espagne

Cette exportation de la criminalité marseillaise en Catalogne "inquiète beaucoup" en Espagne, a admis Francesc Moragas, responsable des investigations criminelles sur Tarragone.

L'Espagne est une des routes d'importation de la drogue en Europe mais aussi un lieu de villégiature privilégié de la délinquance marseillaise, voire une "zone refuge": une des deux victimes s'était ainsi installée en Catalogne, a souligné Joan Carlos Granja Figueras, adjoint au chef du commissariat général chargé des investigations criminelles en Catalogne.

M.Re avec AFP