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Police-Justice

Trafic de drogues à Nîmes: qui se cache derrière la DZ Mafia accusée de gangréner le sud de la France?

Ce gang bien connu des services de police de Marseille souhaite étendre son hégémonie autour du Bassin méditerranéen. Il est soupçonné d'être partie prenante de la guerre que se livrent deux quartiers de Nîmes, qui a provoqué la mort d'un enfant de 10 ans.

Les autorités ont décidé de frapper vite et fort. La semaine passée, neuf individus ont été interpellés et mis en examen dans le cadre de la mort de Fayed, un petit garçon de dix ans, victime collatérale d'une fusillade sur fond de trafic de drogues survenue dans le quartier Pissevin, à Nîmes, en août dernier.

Ce lundi, ce sont vingt personnes supplémentaires qui ont été interpellées par près de 250 officiers afin de tenter de mettre fin à ces réseaux qui gangrènent le quartier.

"Un tir au hasard"

Cette situation dramatique, qui a coupé du monde le quartier durant plusieurs semaines en raison de la grève des chauffeurs de bus qui craignaient pour leur sécurité, est la résultante d'une guerre de territoire que se livre Pissevin avec un autre quartier nîmois, celui de Mas de Mingue. À cette guerre quotidienne et mortelle, qui terrifie la population locale, il convient désormais d'ajouter un nouveau belligérant, venu de Marseille, la DZ Mafia.

"On sent derrière que la cité du Mas de Mingue aurait des connexions et du soutien de la DZ Mafia", a assuré, lors d'une conférence de presse tenue en fin de semaine, Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille.

La DZ Mafia, qui vient des el-Djazaïr ou Dzaïr, soit Algérie en arabe, est un gang bien connu des services de police marseillais pour sa violence et son côté expansionniste. Les neuf individus interpellés la semaine passée en sont des membres.

"Ils essaient de récupérer des parts de marché et pour ça ils vont dans d’autres villes. Le jeu en vaut la chandelle à leurs yeux, ce trafic de stups ramène des millions d’euros", explique à BFMTV, Rody Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police Sud.

Pour arriver à ses fins, étendre son hégémonie tout autour du Bassin méditerranéen, la DZ Mafia n'hésite pas à utiliser des moyens violents et la plupart du temps mortels.

"Ça peut-être un règlement de compte ou un tir au hasard pour manifester sa présence, pour intimider soit des réseaux qui sont déjà en place, soit les consommateurs pour qu’ils fuient le quartier", détaille, pour sa part, toujours à BFMTV, Bruno Bartoccetti, secrétaire nationale Unité SGP Police, chargé de la zone sud.

"Je ne suis pas Pablo Escobar"

Invité sur le plateau de BFMTV, Frédéric Ploquin, journaliste spécialiste du grand banditisme, souligne que le comportement actuel de la DZ Mafia est un héritage d'autres groupes marseillais. "Ce sont des individus violents, gourmands, expansionnistes, ils ont intégré toutes les caractéristiques du grand banditisme marseillais", dit-il.

Plus particulièrement, le journaliste évoque l'un des fondateurs qui est devenu le chef de la DZ Mafia, "un homme d'origine algérienne qui a grandi dans la cité Bassens à Marseille", un endroit miné par les narcotrafics. Alors âgé d'à peine 20 ans, celui-ci va mener une véritable vendetta contre un quartier voisin, les Micicouliers, afin d'en prendre le contrôle.

"Il était patron d'un drive-in, mais il s'est fait arrêter car il a jeté son dévolu sur une autre cité de l'autre côté de l'autoroute. Il y avait trois jeunes qui venaient se fournir, on les a retrouvés dans le coffre d'une voiture carbonisée", raconte encore Frédéric Ploquin.

"Je ne suis pas Pablo Escobar", a-t-il simplement dit lors de ses interrogatoires. Sorti en 2021 après une dizaine d'années derrière les barreaux pour cette affaire, le caïd de la DZ Mafia voit les choses en grand, et souhaite désormais calquer le modèle marseillais dans d'autres villes du secteur.

"Il a créé une équipe qui affiche son hégémonie dans la tradition des parrains marseillais. Ils n’hésitent pas à afficher des images avec des Kalashnikov, pour montrer qu’ils sont équipés, qu’ils en ont et qu’ils en sont", termine le journaliste.

Comme le signale pour sa part Le Monde, la DZ Mafia n'hésite pas a recruter des membres de plus en plus jeunes, prêts à tuer pour quelques milliers d'euros", alors qu'une guerre fait rage dans les rues marseillaises entre ce gang et leurs ennemis, nommé les Yodas. Depuis le début d'année, la ville de Marseille est touchée par des dizaines d'homicides, tous liés au trafic de drogue.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV