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Affaire Hedi à Marseille: le jeune homme "très heureux" après la diffusion de nouvelles images de vidéosurveillance

Grièvement blessé par des policiers de la BAC marseillaise début juillet, le jeune homme se prépare à subir une nouvelle opération. Après visionnage de l'enquête de Mediapart, il se dit "soulagé" et assure avoir subi "une tentative de meurtre".

Depuis cette funeste nuit du 1er au 2 juillet, sa vie est rythmée par les rendez-vous médicaux et les opérations chirurgicales. Aujourd'hui, Hedi est toujours pris en charge à l'hôpital de la Timone, à Marseille. Il a subi une nouvelle opération le 25 septembre. Une autre, à l'œil, est programmée prochainement.

44 secondes ont suffi à "bouleverser (sa) vie". Un tir de LBD à la tête et une pluie de coups lui ont causé un grave traumatisme. Une partie de sa boîte crânienne a dû lui être retirée à cause de l'hémorragie. Il est aujourd'hui défiguré et ne peut se résoudre à se regarder dans le miroir.

Hedi accuse quatre policiers de la BAC phocéenne d'être responsables de la violente agression qu'il a subie en cette nuit où Marseille était secouée par des révoltes urbaines conséquentes à la mort du jeune Nahel, tué par un policier en région parisienne.

"La vérité est enfin révélée"

Lundi, Mediapart a dévoilé des séquences vidéo captées par deux caméras de vidéosurveillance installées rue d'Italie et rue du Commandant Imhaus, corroborant les propos du jeune homme.

"La vérité est enfin révélée", s'est réjoui Hedi auprès de BFM Marseille Provence ce mardi. "Depuis la sortie de ces images ce lundi soir, je suis soulagé et même très heureux. La vidéo montre bien à tout le monde que c'est une tentative de meurtre à mon encontre. J'ai toujours dit la vérité. J'espère maintenant que l'affaire va passer en criminelle", poursuit le jeune homme.

Les images de la première caméra, d'abord floues, montrent Hedi en compagnie d'un ami cette nuit-là. L'intéressé vient de s'allumer une cigarette lorsqu'il croise les policiers. Son ami et lui prennent alors la fuite. Ils expliqueront plus tard à l'IGPN avoir eu peur du regard des fonctionnaires.

Un policier tire alors au LBD en direction de Hedi, bien qu'il se trouve de dos. Le jeune homme s'effondre. Il est relevé par un agent et traîné à l'angle de la rue où se trouve la seconde caméra.

Sur cette séquence bien plus nette, on peut apercevoir un policier balayer le jeune homme. Hedi est ensuite roué de coups et criblé d'insultes. Tout au long de cette scène, la commandante de l'unité, Virginie G., reste à proximité mais n'intervient pas, rapporte Mediapart.

40 jours de détention provisoire

L'analyse de cette séquence vidéo "prouve mon innocence", clame Hedi à notre micro. C'est sur la foi de ces extraits que les quatre policiers ont été mis en examen pour "violences volontaires agravées" le 20 juillet.

L'un d'eux, Christophe I., a été maintenu en détention provisoire pendant 40 jours, déclenchant l'ire des syndicats de policiers. L'homme a certes depuis été remis en liberté, mais il a reconnu être l'auteur du tir de LBD, comme révélé par Mediapart.

Gilles A. avoue pour sa part avoir participé aux violences commises sur Hedi, tout en les minimisant. Boris P. et David B., eux, les nient, en dépit de l'exploitation par la justice des images de vidéosurveillance. Quant à Virginie G., elle déclare n’avoir rien vu, rien entendu, d'après nos confrères. 

Trois des quatre fonctionnaires directement mis en cause étaient déjà connus des services de police dans le cadre d'autres affaires.

Darmanin renouvelle son "soutien" la police

L'enquête suit aujourd'hui toujours son cours. D'après Mediapart, "la suite des investigations doit notamment déterminer la légitimité du tir de LBD, et l’implication de la commandante Virginie G. qui dirigeait alors cette unité".

Interrogé sur ces nouveaux éléments lundi, Gérald Darmanin a botté en touche. Le ministre de l'Intérieur a affirmé à l'antenne de Franceinfo ne pas souhaiter "commenter une affaire en cours".

Le locataire de la place Beauvau a cependant souligné que les fonctionnaires mis en cause bénéficiaient toujours de la présomption d'innocence. "Je renouvelle mon soutien à la police", a-t-il ajouté.

Selon Mediapart, ces policiers ont récolté quelque 6000 euros lors d'une tombola et d'un concours de pétanque organisé le 29 septembre par le syndicat Alliance. 76.645 euros de dons avaient déjà été collectés sur une cagnotte mise en ligne le 20 juillet.

Florian Bouhot et Lucas Brousse