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Police-Justice

"Ma vie a été bouleversée": Hedi, qui accuse des policiers de l'avoir passé à tabac, témoigne sur BFMTV

Le jeune homme de 22 ans accuse des policiers de l'avoir passé à tabac et laissé pour mort dans une rue de Marseille, dans la nuit du 1er au 2 juillet. Un policier a depuis été placé en détention provisoire, provoquant l'ire de la profession.

"Ça peut aller, c'est ironique mais ça va de mieux en mieux." Sur BFMTV ce lundi, Hedi, ce jeune homme de 22 ans qui accuse quatre policiers de la BAC de l'avoir passé à tabac et laissé pour mort à Marseille en marge des émeutes dans la nuit du 1er au 2 juillet, se dit "heureux d'être là", malgré les blessures dont il a été victime.

"Tous les jours, c'est encore dur"

Gravement blessé cette nuit-là, victime d'un tir de LBD, le jeune homme a une partie de crâne en moins après les interventions chirurgicales qu'il a subies. "Ma vie a été bouleversée. Pour l'instant je ne vis plus, mais je garde foi car ça va mieux petit à petit, j'arrive à marcher de mieux en mieux, j'arrive à m'exprimer", dit-il, précisant être "presque tout le temps alité".

"J'estime avoir une certaine chance de me réveiller avec mes facultés, c'est important étant donné ce qu'il s'est passé, des blessures. Mais tous les jours, c'est encore dur, il faut supporter le fait d'avoir ce passage dans ma vie", détaille encore Hedi.

Alors qu'il a déjà subi trois opérations, le jeune homme doit encore être opéré une dernière fois. Il espère que cette ultime intervention lui permettra de retrouver la vue de son œil gauche.

"Ça ne vient pas de mon œil à proprement parler, c'est une lésion cérébrale, mais je garde espoir, ils doivent me remettre mon volet crânien, il faut y croire", explique Hedi, qui dit "ne pas pouvoir" se regarder dans un miroir.

"On m'a tiré dans un coin noir"

Interrogé sur la chronologie des faits survenus durant la nuit du 1er au 2 juillet, Hedi livre sa version. Selon lui, il était à ce soir-là avec un ami sur le Vieux-Port de Marseille. S'il comprend "pouvoir être associé aux émeutiers", le jeune homme réfute fermement y avoir participé.

"En aucun cas je ne faisais partie de l'émeute. Si j'avais su qu'il y avait des émeutes, je n'y serais pas allé, je n'aurais pas pris le risque", assure-t-il.

Toujours selon sa version, lui et son ami ont été abordés par "un équipage de la BAC." "Il y en a un qui m'a tiré dessus avec un LBD et l'autre s'est approché de mon ami pour le frapper, il a pu bloquer ce coup et est parti en courant, on a été ciblés tous les deux. Pourquoi moi et pas l'autre? Je ne saurais pas vous le dire."

Et Hedi de décrire le déferlement de violence dont il a été victime après avoir reçu le projectile de LBD au niveau de la tête.

"Une fois tombé au sol, j'étais conscient, on m'a tiré dans un coin noir ou je ne voyais rien, les quatre ont commencé à me passer à tabac, il y en a un qui était allongé sur moi pour que je ne bouge plus, ils m'ont frappé avec leur matraque, leurs gants, j'ai essayé de me protéger, mais ça n'a pas servi à grand chose."

"Il y a certains moutons noirs à écarter"

Interrogé sur son ressentiment envers la police après son agression, Hedi le rappelle, "des violences policières il y en a toujours eu, depuis la nuit des temps." Toutefois, il l'assure également, "en aucun cas je n'en voudrais à l'ensemble des policiers."

"C'est important de dire que la police est importante en France. Si elle n'était pas là, ce serait un grand bordel. J'en veux à ce groupe d'individus qui se sont permis ce qu'ils n'auraient pas du faire. J'espère qu'ils regrettent, qu'ils ont réfléchi", ajoute-t-il.

Assurant "se reposer sur la justice", Hedi dit "avoir confiance" dans les autorités. En revanche, il qualifie de "décevant" le soutien affiché par les supérieurs hiérarchiques du policier, placé en détention provisoire dans ce dossier.

Dans les colonnes du Parisien, Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale (DGPN), avait déclaré qu'"avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison", avant de réclamer la libération de l'agent de la BAC. Dans la foulée, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, avait dit "partager ces propos."

"Un citoyen français lambda serait déjà en prison et on n'en parlerait plus, je pense qu'ils ont tort, mais ça reste à leur prouver, ils ont besoin de voir et entendre ce qui s'est passé, il y a certains moutons noirs à écarter du troupeau", insiste Hedi.

Avant leur déferrement, deux des quatre policiers se sont expliqués durant leur garde à vue devant les enquêteurs de la police des polices. Selon les informations de BFMTV, deux des quatre fonctionnaires ont fini, lors de leur garde à vue, par reconnaître des violences.

Mais à l'exception de cette version apportée par les deux agents, "aucun policier ne souhaite collaborer à l'enquête, allant même jusqu'à avoir du mal à s'identifier sur les vidéos", écrivent les enquêteurs de l'IGPN.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV