BFMTV
Israël

Attaques contre Israël: qui se trouve derrière le Hamas?

Le mouvement islamiste est considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays occidentaux. En lutte armée contre Israël, il dispose d'une branche politique, qui contrôle depuis 2006 la bande de Gaza, et de brigades militaires, à l'origine des attaques de ce week-end.

Benjamin Netanyahu s'est engagé à le "détruire". Dès samedi soir, le Premier ministre israélien a promis que son armée utiliserait "toute sa puissance" contre le Hamas. Plus tôt ce même jour, le mouvement islamiste palestinien a lancé une attaque sans précédent contre l'État hébreu.

Le Hamas l'a nommée l'opération "déluge d'Al-Aqsa". Il s'agit de sa plus grande offensive contre Israël: plus de 5.000 roquettes ont été tirées, des centaines d'Israéliens ont été pris en otage et des combats au sol se poursuivent ce lundi. En riposte, l'armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats et bombarde la bande de Gaza.

Le Hamas justifie cette attaque surprise avec l'objectif de "mettre fin à tous les crimes de l'occupation".

>> Suivez la situation en Israël dans notre direct

Attentats-suicide

Israël occupe depuis 1967 la Cisjordanie et la partie orientale de Jérusalem et impose depuis plus de 15 ans un blocus à Gaza. Le mouvement du Hamas a été créé 20 ans plus tard, en décembre 1987, après le début de la première intifada, "soulèvement" contre l'occupation israélienne.

Son objectif est d'instaurer un État islamique palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale. Acronyme de harakat al-muqâwama al-’islâmiya, qui signifie "mouvement de résistance islamique", il est fondé par trois hommes issus des Frères musulmans et émerge d'un large réseau d'organisations à vocation sociale (mosquées, écoles...).

En 1993, l'organisation rejette les accords d'Oslo, qui visent à organiser un processus de paix entre les deux États: le Hamas refuse un partage territorial de la Palestine historique. C'est à partir de là que le mouvement entame sa campagne d'attentats-suicide en Israël, face au non-respect des étapes prévues pour le retrait progressif de son armée des territoires palestiniens.

Au pouvoir depuis 2006 à Gaza

Le Hamas change de stratégie en 2006 et privilégie désormais les tirs de roquettes sur des villes israéliennes frontalières. Cette même année, le mouvement prend une autre dimension puisqu'il remporte les élections législatives à Gaza, dans un contexte de fortes tensions et rivalité avec l'Autorité palestinienne et l'Organisation de libération de la Palestine du président Mahmoud Abbas.

Alors qu'il avait refusé jusque-là d’investir la politique palestinienne, le Hamas contrôle depuis un territoire où vivent plus de deux millions de personnes, dépendant en grande majorité de l'aide internationale. Le Hamas disposerait de plus de 20.000 hommes répartis en six brigades régionales.

Depuis 2007, avec l'Égypte, Israël tient un blocage de la bande de Gaza. En réaction, les Palestiniens ont créé un réseau souterrain pour importer des marchandises égyptiennes. Surtout, le Hamas est financé par des pays alliés comme le Qatar ou la Turquie mais surtout l'Iran, principal donateur ainsi que fournisseur d'armes.

Le chef politique du Hamas opère depuis le Qatar

En raison de ses actions violentes contre des civils, les États-Unis et l'Union européenne considèrent le Hamas comme une organisation terroriste. De son côté, le Royaume-Uni ne place que la partie armée du groupe dans la catégorie terroriste. En effet, le Hamas possède une branche militaire, les brigades Izz al-Din al-Qassam, et une branche politique.

Une vidéo circulant dès samedi sur les réseaux sociaux montre Ismaïl Haniyeh en train de prier tandis qu'un écran de télévision situé à côté diffuse des images des attaques en cours.

Né dans un camp de réfugiés palestiniens au nord de Gaza, il est le chef politique du Hamas depuis 2017 mais opère depuis le Qatar. En juillet, il a rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara.

"Combien de fois avons-nous prévenu que le peuple palestinien vit depuis 75 ans dans des camps de réfugiés et vous refusez de reconnaître les droits de notre peuple?", a lancé Ismaïl Haniyeh dans une allocution télévisée diffusée par Al-Aqsa TV, chaîne de télévision du Hamas.

Il a par ailleurs déclaré que l'assaut qui avait commencé à Gaza s'étendrait à la Cisjordanie et à Jérusalem.

Le "chat à neuf vies"

Si Ismaïl Haniyeh est le visage qui émerge dans cette série d'attaques, en tant que chef du bureau politique, il n'est pas celui qui a imaginé l'opération militaire. Cette tâche a probablement été confiée aux chefs militaires du Hamas basés dans la bande de Gaza, dont Mohammed Deif.

Leader de la branche armée depuis 2002, ce dernier serait le cerveau de toutes ces récentes opérations, notamment des incursions de combattants dans des zones urbaines d'Israël. Selon lui, l'opération est une réponse au blocus de Gaza qui dure depuis 16 ans.

Mohammed Deif est surnommé Guest ("invité", en français), de son obligation à dormir chaque soir dans un endroit différent, pour tromper les services de renseignement d'Israël, qui le poursuivent sans succès depuis des décennies. Il est considéré comme la cible numéro 1 de l'État hébreu.

Il est également doté d'un autre surnom: le "chat à neuf vies", car il est rescapé de plusieurs tentatives d'assassinat qui ont coûté la vie à sa femme et son fils en 2014. Il serait ainsi très affaiblit physiquement, se déplaçant en fauteuil roulant.

Représailles israéliennes

L'armée israélienne a d'ailleurs, selon les médias palestiniens, bombardé samedi la maison de Yahya Sinwar, le chef politique du Hamas dans la bande de Gaza depuis 2017. L'organe consultatif central du mouvement, le Conseil de la Shura, s'appuie, en effet, sur des représentants politiques à Gaza et en Cisjordanie.

Yahya Sinwar est considéré comme l'une des principales figures faisant le lien entre le bureau politique et la branche armée de l'organisation. Après 23 ans passés dans des prisons israéliennes, il est relâché en 2011 contre la libération du soldat israélien Gilad Shalit.

Sur le même sujet

Il refuse de renoncer à la lutte armée mais se dit prêt à une trêve de long terme, en échange d’une levée du blocus israélo-égyptien sur Gaza, la paix sur les lieux saints et le démantèlement des colonies en Cisjordanie.

Salomé Robles