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Trump arrêté en Géorgie: comment le calendrier judiciaire et le calendrier électoral de l'ex-président se percutent

Donald Trump au tribunal de New York avant une audience le 4 avril 2023. (Photo d'archive)

Donald Trump au tribunal de New York avant une audience le 4 avril 2023. (Photo d'archive) - Ed JONES / AFP

Inculpé dans quatre affaires différentes, l'ancien président des États-Unis briguant un deuxième mandat va devoir mener de front sa défense et sa campagne.

Entre les débats, les interventions médiatiques et les déplacements sur le terrain, l'agenda des candidats républicains à la Maison Blanche est normalement bien garni pour les prochains mois. Celui de Donald Trump risque de déborder.

L'ancien président des États-Unis en quête d'un deuxième mandat va devoir jongler avec deux calendriers risquant d'être délicats à concilier. L'un est électoral, avec en point d'orgue l'élection du 5 novembre 2024. L'autre, judiciaire, pourrait mener à une ou plusieurs condamnations.

Mélange des genres

Cette semaine a offert un premier aperçu des mois à venir pour Donald Trump. Mercredi, il était l'absent de marque du premier débat opposant les candidats du "Grand Old Party" organisé à Milwaukee dans le Wisconsin. Donné largement favori des sondages, Trump n'y voyait là qu'une occasion de prendre des coups sans rien y gagner en retour.

Et son esprit était davantage tourné vers la Géorgie. Le lendemain, celui qui est accusé d'avoir voulu manipuler les résultats dans cet État-clé en 2020 était brièvement placé en état d'arrestation. Le temps de se soumettre au "mugshot", une première pour un ancien président américain.

Le candidat a immédiatement tiré parti du cliché pour vendre une série de produits dérivés au bénéfice de sa campagne et ainsi entretenir le mélange des genres. Une opportunité de plus de capitaliser sur une saga judiciaire dont chaque rebondissement convainc de nombreux soutiens de Trump d'ouvrir leur portefeuille. Leur champion ne fait rien pour les détromper, lui qui ne cesse de se poser en victime d'une cabale politique et d'une "chasse aux sorcières".

Inculpé dans quatre affaires différentes, Donald Trump et ses avocats font désormais tout pour jouer la montre et repousser les dates de tenue des procès au-delà de novembre 2024. Dans le cas de l'affaire en Géorgie, ce n'est pas l'option privilégiée par la procureure du comté de Fulton, Fani Willis. Elle souhaite que Trump et les 18 autres inculpés soient jugés à partir du 23 octobre. Inacceptable pour les avocats de Donald Trump qui se sont formellement opposés à cette demande dans un document adressé au juge Scott McAfee.

Une date de procès attendue le 28 août

L'incertitude reste également de mise pour les accusations de "complot à l'encontre de l'État américain" dont le milliardaire fait l'objet et pour lesquelles il a été inculpé le 1er août dernier. La juge Tanya Shutkan a fait savoir au début du mois qu'elle annoncerait la date du procès ce 28 août.

Selon NBC News, les procureurs fédéraux veulent voir Trump à la barre d'ici à trois mois alors que l'un des avocats de Trump a suggéré qu'un délai de trois ans serait plus approprié compte tenu de l'ampleur de cette affaire recouvrant l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

On connaît en revanche déjà quand auront lieu les procès des deux autres affaires auxquelles Donald Trump est mêlé. Le premier, celui de l'affaire des paiements effectués pour acheter le silence de personnalités comme l'actrice pornographique Stormy Daniels avant l'élection de 2016, aura lieu le 25 mars 2024, au beau milieu des primaires républicaines.

Après avoir traditionnellment commencé par le caucus de l'Iowa le 15 janvier, la campagne aura alors connu son grand temps fort, le "Super Tuesday". Le 5 mars, soit trois semaines avant le procès, près d'un tiers des délégués chargés de désigner le candidat républicain auront été en jeu dans 15 États, dont le Texas et la Californie.

Les incertitudes d'une convention

Un autre procès se tiendra à coup sûr pendant les élections primaires, qui ne pourront se tenir après le 11 juin 2024. Il portera sur les documents confidentiels conservés par Donald Trump en Floride après son départ de la Maison Blanche. Fin juillet, la juge Aileen Cannon a fixé le début du procès au 20 mai, au grand désarroi du Département de la Justice qui souhaitait le voir avancé au 11 décembre.

"Le calendrier proposé par le gouvernement est anormalement accéléré et incohérent avec l'assurance de la tenue d'un procès équitable", a estimé la juge Cannon, citée par Associated Press.

A cette date du 20 mai 2024, il est tout à fait possible qu'un candidat se soit largement détaché parmi l'ensemble des prétendants républicains. Il restera toutefois encore près de deux mois avant la convention du GOP dans le Wisconsin, durant laquelle sera formellement nommé le candidat du parti.

Cet événement tenant habituellement du cérémonial pourrait se révéler spectaculaire. Que se passerait-il au Fiserv Forum de Milwaukee si Trump devait être officiellement désigné candidat après une éventuelle condamnation, voire un emprisonnement? Donald Trump n'a décidément pas fini de susciter des questions inédites et retorses à la démocratie américaine.

Vincent Gautier