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Primaires démocrates: le Super Tuesday, comment ça marche?

Des électeurs américains - Image d 'illustration

Des électeurs américains - Image d 'illustration - MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Après des premiers votes au compte-goutte, ce sont cette fois les électeurs démocrates de 14 États qui sont convoqués aux urnes, pour un scrutin qui s'annonce déjà comme un tournant dans les primaires.

C'est un rendez-vous déjà décisif. Ce mardi se tient le Super Tuesday, le "Super mardi", particularité électorale typiquement américaine au cours de laquelle plus d'une dizaine d'États votent simultanément dans le cadre des primaires démocrates. 

  • Où se situent les candidats actuellement?

Jusqu’à maintenant, seuls l’Iowa, le New Hampshire, le Nevada et enfin la Caroline du Sud ont été appelés aux urnes. Quatre États qui ont permis à Bernie Sanders d’être, à l’heure actuelle, en tête des débats avec 56 délégués, devant Joe Biden qui, avec ses 48 délégués, a comblé une partie de son retard le week-end passé.

Plus loin, les espoirs semblent plus que ténus pour Elizabeth Warren qui, malgré un bon départ, a stagné voire régressé lors des derniers votes. De leur côté, Pete Buttigieg a préféré, ce lundi, jeter l'éponge, suivie par la sénatrice Amy Klobuchar: tous deux ont choisi de rallier Joe Biden, de même que l'ex-candidat Beto O'Rourke.

Ce mardi, l'inconnue pourrait toutefois venir de Michael Bloomberg, le milliardaire et ancien maire de New York, qui a fait l'impasse sur les quatre premiers États. Il est crédité, au niveau national, de plus de 16% des voix et pourrait devenir le "troisième homme" du scrutin. 

  • Quels États vont voter?

La règle du jeu est simple. Pour obtenir l'investiture démocrate, le candidat lauréat doit obtenir au moins 1991 délégués sur l'ensemble du pays. D'où l'importance du Super Tuesday: si à l'heure actuelle, "seuls" 155 délégués ont été répartis lors des premiers scrutins, ce sont 1344 d'entre eux qui seront en jeu mardi. 

Ainsi, les électeurs démocrates de quatorze États sont appelés aux urnes ce mardi: Alabama, Arkansas, Californie, Caroline du Nord, Colorado, Maine, Massachusetts, Minnesota, Oklahoma, Tennessee, Texas, Utah, Vermont et la Virginie, soit près de 40% de la population américaine. 

Pour autant, tous les États n'auront pas le même poids. Trois d'entre eux en particulier seront fortement courtisés par les candidats: la Californie, le Texas et la Caroline du Nord qui pèsent respectivement 415, 228 et 110 délégués.

Puis, viennent les États "intermédiaires", qui concernent pour la plupart le sud-est du pays, où l'électorat Afro-Américain prend une place importante. Ce sera par exemple le cas en Virginie, en Alabama, dans le Tennessee et en Arkansas, qui pèsent pour 99, 52, 64 et 31 et 31 délégués. 

  • À quoi s'attendre? 

Le vote en Caroline du Sud a rebattu en profondeur les cartes de ces primaires démocrates. Très largement vainqueur, Joe Biden y a en partie comblé son retard sur Bernie Sanders, et s'est également offert une exposition médiatique importante à la suite de son succès. 

En ce qui concerne le Super Tuesday, "il y a une semaine, on aurait pensé que Joe Biden devait limiter la casse, mais les choses ont changé avec sa victoire", explique auprès de BFMTV Jean-Éric Branaa, politologue et spécialiste des États-Unis. Pour lui, les retraits de Pete Buttigieg et d'AMy Klobuchar auront également un impact important sur les prochains votes.

De fait, plusieurs États seront particulièrement observés.

"En Californie, Bernie Sanders était tellement fort qu’on pensait qu’il pouvait gagner les 415 délégués. Mais avec le retrait de Pete Buttigieg, ils seront trois candidats avec plus de 15% des voix (Bernie Sanders, Joe Biden et Elizabeth Warren, ndlr). Bernie Sanders pourrait se retrouver avec seulement 200 délégués. C’est une perte lourde qui aura des conséquences fortes", analyse-t-il. 

Au Texas, le schéma est peu ou prou similaire.

"Bernie Sanders était donné devant mais Joe Biden refait son retard. Certains sondages font état d’un duel serré entre Bernie Sanders et Joe Biden (31 contre 26%), avant même le retrait de Pete Buttigieg. Du coup, Joe Biden peut lui passer devant et c’est encore plus ouvert qu’en Californie. Il était loin devant et maintenant, il peut devenir second", prévient encore Jean-Éric Branaa.

Pour le reste des États participants, le suspens est également à son comble. 

"Les États de l'Ouest étaient promis à Bernie Sanders mais ils ne le sont plus, il risque de gagner de justesse. Pour le Sud, Joe Biden devrait gagner mais le soutien derrière lui est de plus en plus fort. Le jeu s'est complètement inversé", conclut-il. 

Si le vote de mardi est synonyme de tournant majeur dans les primaires, en leur donnant notamment une dimension nationale, il ne sera pas encore définitif.

Tout au long du mois de mars, plusieurs autres Super Tuesday, d'importance moindre cependant, seront organisés. Ainsi, le 10 mars, plusieurs États importants, dont le Michigan, qui compte pour 125 délégués, auront rendez-vous avec les urnes. Le 17 mars, ce sont les démocrates du Midwest qui seront conviés ainsi que ceux de Floride, un État historiquement capital dans la course à l'investiture. 

Hugo Septier et Louis Tanca