BFMTV
Mexique

Florence Cassez : pourquoi a-t-elle été libérée ?

Florence Cassez, dans l'avion qui la ramène en France, le 24 janvier 2013.

Florence Cassez, dans l'avion qui la ramène en France, le 24 janvier 2013. - -

Alors que tous les recours avaient jusqu'ici échoué, tout comme les efforts diplomatiques de la France, la Cour suprême mexicaine a décidé de libérer le Française, emprisonnée depuis sept ans. Pourquoi ?

Elle avait été condamnée en 2009 à 60 ans de prison. Florence Cassez a été libérée mardi, sur une décision de la Cour suprême mexicaine, annulant sa condamnation. Alors que ses différents recours et les efforts de la diplomatie française avaient jusque-là échoué, quels sont les facteurs qui ont contribué à la libération de la Française ?

>> Suivez en direct sur BFMTV.com le retour de Florence Cassez en France

> Le rôle des juges

Après l'échec de plusieurs recours devant la justice ordinaire mexicaine et le rejet de son pourvoi en cassation, Florence Cassez en avait appelé à la Cour suprême du Mexique, en déposant un recours en révision pour inconstitutionnalité, en mars 2011.

La proposition initiale de la juge Olga Sanchez d'une annulation de sa condamnation, mais assortie d'un renvoi vers un tribunal d'appel, n'avait pas recueilli la majorité. La juge a donc décidé de reprendre à son compte la proposition du juge Arturo Zaldivar -rejetée le 21 mars 2012- d'une libération immédiate et absolue, et qui a cette fois obtenu les trois voix nécessaire, grâce à l'apport du nouveau juge Alfredo Gutierrez Ortiz Mena.

En mars 2012, le juge Arturo Zaldivar avait proposé la libération immédiate de Florence Cassez. Quatre juges avaient reconnu des irrégularités graves dans la procédure, mais seuls deux s'étaient prononcés pour sa libération, alors qu'une décision en ce sens nécessitait trois voix. L'élément qui a joué en faveur de Florence Cassez, c'est, en décembre, le remplacement au sein de la première chambre, du juge conservateur Guillermo Ortiz Mayagoitia, qui s'était prononcé contre la libération de la Française.

> Le contexte politique au Mexique

"Je pense que les choses sont moins compliquées surtout parce que Felipe Calderon a quitté le Mexique", a souligné Charlotte Cassez, la mère de Florence, sur BFMV. De fait, le contexte politique dans lequel la Cour suprême mexicaine a statué était bien plus favorable à la Française qu'en 2008, lorsque son pourvoi avait été rejeté. L'élection d'Enrique Pena Nieto, à la tête du pays a également dû contribuer à créer un climat favorable pour Florence Cassez.

Son prédécesseur, Felipe Calderon, avait fait de la lutte contre les cartels de la drogue, réputés être à l'origine des kidnappings, un cheval de bataille, pendant la campagne des élections législatives en 2009. L'avocat de Florence Cassez, Maître Franck Berton, n'hésitait pas à affirmer en 2009, que la jeune femme était "devenue un otage politique à quelques jours des élections législatives devant se tenir au Mexique".

> La diplomatie française

Le climat entre la France et le Mexique s'est apaisé. L'affaire Cassez a longtemps empoisonné les relations diplomatiques entre la France et le Mexique, avec comme point culminant l'annulation de l'année du Mexique en 2011. Et inversement, l'insistance de Nicolas Sarkozy à vouloir interférer dans la justice mexicaine n'a peut-être pas joué en faveur de Florence Cassez. En 2010, Felipe Calderon s'était ainsi oppposé à la demande de transfert en France de Florence Cassez, par le président français.

François Hollande a adopté toute autre attitude, une diplomatie discrète, faite de petits pas, même si sa compagne, Valérie Trierweiller a apporté son soutien à la Française. Le président français avait ainsi déclaré en octobre 2012 : "Nous faisons confiance à la Cour suprême pour en terminer avec cette situation que nous jugeons douloureuse mais qui est dans la main et entre les seules mains de la justice mexicaine." Un respect affiché de la justice mexicaine qui a visiblement fini par porter ses fruits.

Magali Rangin