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Soudan: ces pays qui évacuent leurs ressortissants face à la violence des affrontements

Des personnes évacuées du Soudan arrivent à l'aéroport militaire d'Amman, en Jordanie, le 24 avril 2023.

Des personnes évacuées du Soudan arrivent à l'aéroport militaire d'Amman, en Jordanie, le 24 avril 2023. - Khalil MAZRAAWI / AFP

Dans un contexte de violents affrontements qui ont fait au moins 420 morts depuis le 15 avril au Soudan, plusieurs dizaines de pays organisent l'évacuation de leurs ressortissants.

Plusieurs pays mènent des opérations de rapatriement de leurs ressortissants basés au Soudan où la guerre entre armée et paramilitaires fait rage depuis plus d'une semaine. Les violences, principalement à Khartoum, la capitale, et au Darfour, dans l'ouest du pays, ont fait selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) plus de 420 morts et 3700 blessés.

· États-Unis

Le président américain Joe Biden a annoncé samedi soir que l'armée avait "mené une opération pour extraire le personnel du gouvernement américain de Khartoum".

Quelque 100 soldats des opérations spéciales américaines ont participé à l'évacuation d'un "peu moins d'une centaine" de personnes, dont plusieurs diplomates étrangers, au moyen d'une opération héliportée, selon le département d'État. Une évacuation des autres ressortissants américains, qui seraient plusieurs centaines, n'est pas prévue "pour le moment".

· Pays de l'Union européenne

Plus de 1000 ressortissants de l'Union européennes (UE) ont été évacués, a annoncé ce lundi Josep Borrel, le Haut représentant de l'UE en charge des Affaires étrangères. "C'est une opération complexe mais elle a été couronnée de succès", a déclaré le vice-président de la Commission européenne en marge d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères au Luxembourg.

"Je ne peux vous donner de chiffres exacts, mais il est certain que plus de 1000 personnes" ont été évacuées, a-t-il ajouté.

Un responsable européen avait expliqué vendredi que l'UE multipliait les contacts pour obtenir un cessez-le-feu et évacuer les quelque 1500 ressortissants de l'UE se trouvant au Soudan.

En plus de l'Union européenne, qui a une délégation à Khartoum, sept pays membres (France, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas, Grèce et République Tchèque) sont représentés dans la capitale. Quatre avions français ont atterri dimanche à Djibouti, avec au total 388 évacués, français et étrangers, selon le ministère des Affaires étrangères.

Les passagers d'un avion de l'Armée française évacuant des ressortissants étrangers depuis Khartoum, la capitale soudanaise, sur la base militaire de Djibouti, le 23 avril.
Les passagers d'un avion de l'Armée française évacuant des ressortissants étrangers depuis Khartoum, la capitale soudanaise, sur la base militaire de Djibouti, le 23 avril. © ADJ LAURE-ANNE MAUCORPS EP DERRI / ETAT MAJOR DES ARMÉES / AFP

Le même jour, l'Italie a évacué tous ses ressortissants qui "avaient demandé à partir" et des "citoyens étrangers", selon la Première ministre Giorgia Meloni, soit "environ 200 personnes".

Une "poignée" de ressortissants néerlandais a été évacuée à bord d'un avion français, tandis qu'un autre groupe de Néerlandais a quitté Khartoum par la route dans un convoi de l'ONU, a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères Wopke Hoekstra, qui espère l'évacuation d'un autre groupe à bord d'un avion néerlandais plus tard dans la journée. Le ministre a fait état d'une "opération très complexe".

L'armée allemande a rapatrié depuis dimanche plus de 300 personnes - dont certaines de nationalité allemande - par trois avions, dont le dernier a atterri dans la nuit de dimanche à lundi en Jordanie, a indiqué à l'AFP un porte-parole du Commandement des opérations de l'armée allemande.

Un avion militaire espagnol avec "une centaine de passagers" à bord est parti dimanche pour Djibouti, selon Madrid. Une trentaine d'Espagnols et quelque 70 personnes d'autres nationalités ont décollé.

La Grèce a annoncé avoir évacué dimanche un premier groupe de ses ressortissants, dont deux blessés, vers Djibouti, "avec l'assistance de la France".

La Suède a envoyé environ 150 soldats pour évacuer ses diplomates et ressortissants, selon son ministère de la Défense, tandis que la Norvège a elle annoncé l'évacuation de ses diplomates à Khartoum.

· Royaume-Uni et Irlande

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a lui aussi annoncé l'évacuation du personnel diplomatique du Royaume-Uni et de leurs familles.

"Les forces armées britanniques ont procédé à une évacuation complexe et rapide dans un contexte d'escalade de la violence et de menaces à l'encontre du personnel de l'ambassade", a tweeté Rishi Sunak.

L'Irlande a indiqué de son côté avoir entamé le "processus d'évacuation" de ses ressortissants et les personnes à leur charge.

· Turquie

Ankara a annoncé qu'elle évacuerait ses "ressortissants se trouvant dans les zones de conflit par la voie terrestre et en passant par un pays tiers". L'évacuation des quelque 600 ressortissants a commencé dimanche depuis deux quartiers de Khartoum et de Wad Madani, à 200 kilomètres au sud.

Mais l'évacuation du quartier de Kafouri, dans le nord de Khartoum, a été reportée "jusqu'à nouvel ordre" à cause d'une explosion dimanche près d'un lieu de rassemblement, selon l'ambassade de Turquie à Khartoum.

La Jordanie a déclaré samedi avoir commencé l'évacuation d'environ 300 de ses ressortissants. L'Arabie saoudite a évacué samedi 91 Saoudiens ainsi qu'une soixantaine de ressortissants de 12 autres pays.

L'Irak a pour sa part annoncé dimanche l'évacuation de 14 Irakiens de Khartoum "vers un site sécurisé de Port Soudan", assurant que les efforts se poursuivent pour évacuer ceux qui restent. La veille, Bagdad avait annoncé que "l'équipe diplomatique irakienne avait été évacuée" de l'ambassade.

Le Liban a déclaré que 60 de ses ressortissants avaient également quitté Khartoum par la route et qu'ils étaient "en sécurité".

L'ambassade de Tunisie à Khartoum a annoncé dimanche que l'opération d'évacuation des membres de la communauté tunisienne au Soudan commencera lundi. Pays voisin du Soudan, la Libye a annoncé par la voie de son ambassade à Khartoum l'évacuation de 83 Libyens de la capitale vers Port-Soudan.

· Corée du Sud, Japon, Chine, Indonésie, Inde

D'autres pays se préparent à évacuer leurs ressortissants, notamment la Corée du Sud et le Japon, en déployant des forces dans des pays voisins.

En Indonésie, le gouvernement "prend toutes les mesures nécessaires pour évacuer les citoyens indonésiens du Soudan", a déclaré dimanche à l'AFP le ministère des Affaires étrangères.

L'Inde a indiqué travailler "en étroite collaboration avec divers partenaires pour assurer le déplacement en toute sécurité des Indiens bloqués au Soudan et qui souhaiteraient être évacués".

L'armée soudanaise a par ailleurs déclaré qu'elle coordonnait les efforts visant à évacuer des diplomates chinois.

G.G. avec AFP