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Affrontements au Soudan: comment se déroule l'évacuation des ressortissants français

Alors que près de 250 Français vivent dans ce pays, Paris a annoncé ce dimanche l'évacuation de ses ressortissants, une opération jugée d'une "extrême complexité".

La France a entamé ce dimanche une "opération d'évacuation rapide" de ses ressortissants et de son personnel diplomatique du Soudan. Dans l'après-midi, le Quai d'Orsay et le ministère des Armées ont annoncé qu'un premier avion français avait quitté la région de Khartoum, théâtre de violents combats, avec une centaine de personnes à bord.

Un second vol en direction de Djibouti devrait suivre. Les autorités en charge ont toutefois souligné "l'extrême complexité" de cette opération, nommée opération Sagittaire, qui pourrait encore durer un ou deux jours.

Des "garanties de sécurité" des belligérants

Environ 250 ressortissants français vivent au Soudan. En outre, des ressortissants européens et venant de "pays partenaires alliés" sont également pris en charge dans cette opération d'évacuation.

L'opération Sagittaire a débuté dans la nuit de samedi à dimanche, avec un détachement militaire français venu de Djibouti est arrivé dans la région de Khartoum, "avec l'accord des deux camps et en totale neutralité", explique l'État-major de l'armée.

La réflexion sur une évacuation a débuté dès que les combats ont commencé au Soudan. Le 18 avril, quatre avions se sont pré-positionnés à Djibouti avec du fret, des véhicules et des militaires.

Les autorités ont alors profité d'une fenêtre ce dimanche: les forces combattantes ont conclu une trêve de 72 heures. "La fête de l'Aïd et le cessez-le-feu permettent de limiter le risque de l'opération", détaille sur BFMTV Anthony Couzian-Marchand, directeur général de Gallice international et ancien numéro 2 du GIGN.

D'après une source diplomatique, les forces armées soudanaises tout comme les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), contre qui elles se battent, ont "apporté des garanties de sécurité" permettant cette opération.

Une attaque contre le convoi

L'évacuation des ressortissants français est menée "par les forces armées françaises qui ont été déployées et prépositionnées dans la région, notamment à Djibouti", explique la porte-parole du ministère des Affaires étrangères. L'État-major des armées précise que 150 militaires sont déployés.

Mais "ce type d'opération, aussi planifié et préparée soit-elle, est toujours soumise à l'aléa", ajoute Anthony Couzian-Marchand.

"Il semblerait qu'il y ait eu sur le chemin vers l'aéroport qui avait été choisi comme lieu d'évacuation une attaque qui a forcé le convoi à faire demi-tour", raconte-t-il. En effet, les belligérants se sont mutuellement accusés d'avoir attaqué un convoi de ressortissants français, faisant état chacun d'un blessé français. Pour l'heure, le quai d'Orsay n'a pas communiqué sur ces faits.

L'armée soudanaise a également accusé les FSR d'avoir attaqué et pillé un convoi qatari se dirigeant vers Port-Soudan, sur la mer Rouge.

Convoi de bus

"Ce genre de convoi se prépare d'abord en amont avec les négociations pour avoir a minima l'assurance d'un ou deux camps qu'il n'y ait pas d'attaques délibérées", précise Anthony Couzian-Marchand.

Il faut ensuite préparer l'itinéraire de bus et "vérifier qu'il soit bien praticable". "Il faut également récupérer le personnel, avoir les véhicules, des conducteurs aguerris, un dispositif de sécurité puis s'assurer en aval qu'il n'y ait pas de personnes retenues à l'arrière du convoi", explique le spécialiste.

"Maintenir ce convoi comme un bloc continu est une nécessité opérationnelle", complète-t-il.

Au moins 420 morts

L'Arabie Saoudite a été le premier pays à avoir réussi l'évacuation de ses ressortissants. Elle a d'abord organisé un grand convoi partant de la capitale jusqu'à la ville de Port-Soudan, avant d'évacuer les personnes par bateau. De leur côté, les États-Unis ont annoncé avoir exfiltré au moins 70 personnes de leur ambassade en utilisant des hélicoptères.

"C'est une opération risquée car c'est un pays en guerre et des zones où l'attaque peut venir du ciel ou du sol", poursuit Anthony Couzian-Marchand.

Ce dimanche, Emmanuel Macron s'est dit "mobilisé" pour assurer "la sécurité" des ressortissants français résidant au Soudan, alors que le pays est le théâtre de violents affrontements depuis le 15 avril entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du Soudan depuis le putsch de 2021, et son adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les Forces de soutien rapide.

Les combats ont fait plus de 420 morts et 3700 blessés, selon un bilan très provisoire de l'OMS, malgré de multiples appels au cessez-le-feu. Ils ont aussi provoqué la fuite de milliers de personnes partis sur les routes.

Salomé Robles