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"Ça aurait pu être moi": un homme raconte avoir évité un guet-apens le soir où Philippe a été tué à Grande-Synthe

Le jeune homme explique avoir programmé un rendez-vous ce soir-là dans le même secteur avec une femme rencontrée sur un forum en ligne, mais avoir annulé la rencontre après avoir soupçonné un guet-apens.

Alors que deux mineurs sont actuellement mis en examen pour assassinat après la mort de Philippe à Grande-Synthe mardi 16 avril, un autre jeune homme affirme avoir échappé à un guet-apens le même soir, dans le même secteur où a eu lieu l'agression mortelle de Philippe, près de la mairie.

Le jeune homme raconte avoir programmé un rendez-vous ce soir-là avec une femme rencontrée sur le forum en ligne Coco.

"Je les ai abordés sur Coco en premier. Comme des gens normaux, on parle: 'Salut, ça va? Tu fais quoi?' Bref, on a parlé", explique Matteo* à BFMTV.

Un rendez-vous et une fausse photo

La jeune femme avec laquelle il pense discuter lui demande alors de l'argent avant de fixer la rencontre. "Elle voulait des sous. J'ai proposé des sous, 150 euros." Son interlocutrice lui propose alors un rendez-vous le soir même, vers minuit et demi, et lui donne comme point de rencontre un lieu tout proche de celui où Philippe a été agressé.

"Elle m'a donné une adresse, devant la mairie de Grande-Synthe", dit Matteo sur notre antenne. Mais alors qu'il demande une photo à son interlocutrice, il explique avoir reçu "une photo googlisée", autrement dit une photo pêchée sur internet.

Le jeune homme dit comprendre à ce moment-là qu'il s'agit d'un piège, et soupçonne que la personne qui lui a donné rendez-vous cherche en réalité à le dépouiller. Il continue toutefois la discussion pour tenter de démasquer ses interlocuteurs.

Son interlocutrice devient alors "pressante", et Matteo décide de la confronter.

"À 00h40, je leur dis 'non, je ne serais pas là'. Ils ont commencé à m'insulter. Je leur ai dit que je savais que c'était faux. Pourquoi ils faisaient ça? Ils m'ont sorti: 'c'est la hess', ça veut dire 'c'est la galère'."

Des investigations sur des agressions similaires

Le jeune homme affirme avoir contacté la famille de Philippe et avoir raconté son histoire aux policiers du commissariat de Dunkerque après avoir appris le meurtre de Philippe.

Aujourd'hui, il dit "culpabiliser": "Ça aurait pu être moi". Car si les mineurs interpellés dans le cadre de l'enquête ont affirmé avoir eu rendez-vous avec Philippe ce soir-là, Matteo semble persuadé que le guet-apens lui était destiné. Il a d'ailleurs déposé plainte.

Les deux mineurs ont quant à eux été mis en examen pour assassinat. L'enquête, d'abord ouverte pour "meurtre en bande organisée", a été de nouveau requalifiée, le meurtre aggravé par la circonstance de guet-apens ayant été retenu.

Les deux suspects "mentionnent avoir fixé un rendez-vous avec la victime via un site internet de rencontre dénommé Cocoland, en se faisant passer pour une jeune fille mineure", a expliqué la procureure de la République de Dunkerque, Charlotte Huet, lors d'une conférence de presse ce vendredi 19 avril, soulignant que "des effets ont été dérobés" lors de l'agression, ce qui pourrait aussi constituer leur mobile.

Selon leur récit, ils se seraient préalablement assurés qu'il s'agissait bien de leur cible en entendant la sonnerie de son téléphone qu'ils avaient appelé.

La procureure précise par ailleurs que des agressions commises "dans des circonstances similaires" font également l'objet d'une enquête. Une situation semblable avait notamment eu lieu au cours du week-end précédent l'agression de Philippe. Un homme de 39 ans était tombé sur un groupe d'individus armés de battes de baseball dans le même quartier, alors qu'il pensait se rendre à un rendez-vous. L'homme avait pu se réfugier dans un commerce à proximité, et la police avait été dépêchée sur place.

*Le prénom a été modifié.

Florian Poras, Corentin Guist'Hau, Camila Giudice avec Laurène Rocheteau