BFMTV
Santé

Un cas confirmé de fièvre de Lassa en région parisienne: qu'est-ce que ce virus venu d'Afrique de l'Ouest?

Un chercheur qui travaille sur des virus, dont le virus de Lassa, à Lyon le 27 février 2008

Un chercheur qui travaille sur des virus, dont le virus de Lassa, à Lyon le 27 février 2008 - Jean-Philippe KSIAZEK / AFP

Endémique en Afrique de l'Ouest, cette fièvre hémorragique tue 5.000 à 6.000 personnes par an. Le rongeur, porteur de la fièvre de Lassa, la transmet à l'homme via ses excréments.

Un virus rarement détecté en France. Un patient souffrant d'une fièvre de Lassa est hospitalisé à l'hôpital militaire Bégin, à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne, a appris BFMTV ce jeudi 2 mai. Ce virus est rare dans l'hémisphère Nord car endémique d'Afrique de l'Ouest, notamment au Nigeria, en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.

"Le virus y circule de manière quasi-permanente, surtout au Nigeria, pays le plus touché mais aussi le plus peuplé d’Afrique. En tout, on estime que 160 à 180 millions de personnes sont potentiellement à risque", explique Sylvain Baize, responsable de l’unité biologie des infections virales émergentes de l’Institut Pasteur.

Des cas isolés ont également été signalés en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, note le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies aux États-Unis. Au Bénin, deux épidémies ont été enregistrées en 2014 et 2016.

5.000 à 6.000 morts par an

Cette fièvre hémorragique infecte chaque année entre 100.000 et 300.000 personnes et fait entre 5.000 et 6.000 morts par an d'après l'Institut Pasteur. Le virus tient son nom de la ville où il a été isolé au Nigeria pour la première fois en 1969 et qui a tué une infirmière.

La fièvre de Lassa est la fièvre hémorragique qui se retrouve le plus dans les pays du Nord: en septembre 2019, plus de vingt cas avaient été recensés depuis 1969.

La source de cette maladie? Un petit rongeur, appelé le rat du Natal qui vit en Afrique de l'Ouest. Il transmet la fièvre de Lassa à l'homme via ses excréments.

"Le virus peut aussi se transmettre d’homme à homme par contact direct avec le sang, l’urine, les excréments ou autres sécrétions organiques d’une personne contaminée", précise l'Organisation mondiale de la santé.

Cette transmission entre humains a été signalée dans des hôpitaux, notamment lorsque les conditions d'hygiène ne sont pas optimales.

80% des cas sont asymptomatiques

Cette maladie est difficilement détectable car, dans 80% des cas, aucun symptôme ne survient. Dans les 20% des cas restants, ces symptômes, qui apparaissent progressivement, sont généralement peu spécifiques: ce sont des fièvres, des vomissements, des nausées, des douleurs abdominales, des céphalées...

Dans 15% des cas, les symptômes peuvent s'aggraver. Apparaissent alors des œdèmes, une pleurésie, une hémorragie buccale, nasale ou encore vaginale.

Grippe, diabète, dépression... Ces maladies qui passionnent les Français
Grippe, diabète, dépression... Ces maladies qui passionnent les Français
16:12

Dans 1% des cas, la fièvre de Lassal est mortelle. Et ce, dans les 14 jours qui suivent l'apparition des symptômes. À noter que les femmes enceintes sont particulièrement à risque.

Le virus conduit "fréquemment au décès de la mère et systématiquement à celui du fœtus", prévient l'Institut Pasteur.

Des séquelles apparaissent parfois chez ceux qui survivent à cette fièvre: 25% deviennent sourds. Seule la moitié retrouve l'ouïe au bout d'un à trois mois.

Un seul traitement existe à ce jour pour soigner la fièvre de Lassa: la ribavirine, un anti-viral. Seulement, il n'est efficace que s'il est administré très rapidement après l'infection. Or, comme les symptômes ne sont pas très spécifiques, lorsque le diagnostic est posé, il est souvent trop tard pour l'administrer.

Aucun vaccin n'a encore vu le jour. Des essais cliniques sont toutefois en cours. Le 28 avril dernier, l'institut Pasteur faisait état de résultats favorables de l'essai clinique de phase 1 mené à l'échelle internationale d'un candidat vaccin.

Juliette Brossault