Sécheresse hivernale: comment faire des économies d'eau au quotidien?

Dans un contexte de sécheresse précoce, réduire la consommation d'eau des ménages, qui consomment 21% des ressources hydriques en France, peut venir ménager les nappes phréatiques.

La France connaît actuellement une période de sécheresse hivernale. Après un été 2022 record, qui a vu se conjuguer des températures caniculaires et l'assèchement des sols, la recharge attendue cet hiver pour les nappes phréatiques n'est toujours pas intervenue.

Le début de l'année a été marqué par une absence de précipitations pendant 32 jours, atteignant un record. Si bien que la situation est alarmante pour de nombreuses nappes phréatiques, qui constituent la ressource principale en eau douce. Le site Info Sécheresse fait état de 32 départements placés en niveau rouge, qui correspond à un niveau "très bas" des nappes. Le centre du pays est particulièrement touché, ainsi que la Franche-Comté.

Pour venir ménager nos ressources, et en prévision d'un été 2023 qui s'annonce difficile, les Français peuvent d'ors et déjà économiser à la maison. Car la consommation des ménages mobilise une part non-négligeable de l'eau en France, 21% selon les chiffres du ministère de la Transition énergétique, la part la plus importante revenant à l'agriculture, qui utilise 45% de l'eau consommée.

Attention aux fuites

En juin dernier, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), a publié un guide, destiné aux particuliers. L'objectif? Leur donner des pistes pour "économiser l'eau".

Le document rappelle d'abord l'importance de petits gestes du quotidien, comme éteindre l'eau durant le savonnage des mains ou le brossage des dents, utiliser son lave-vaisselle uniquement lorsqu'il est rempli ou préférer les douches aux bains et les limiter à 5 minutes.

Mais pour économiser l'eau, l'Ademe alerte également sur les fuites. "Un robinet qui goutte, c’est 5 litres/heure gaspillés (soit 120 litres/jour), une chasse d’eau qui fuit, plus de 600 litres/jour (soit la consommation quotidienne d’une famille de 4 personnes)", indique l'agence.

Pour les identifier, l'agence gouvernementale recommande de consulter son compteur d'eau avant d'aller se coucher et au réveil: s'il a évolué, une fuite se cache quelque part.

Minuteur dans la salle de bain, mousseur pour les robinets...

À côté de ces petits gestes, la qualité de l'équipement des ménages influence également leur consommation. Dans la salle de bain, où passe la part la plus importante de la consommation d'eau des Français, certains modèles de pommeaux de douche envoient jusqu'à 20 litres par minute, contre 12 pour les plus économes. Pour les toilettes, les plus vieux modèles consomment jusqu'à 18 litres d'eau par chasse, contre 4,5 litres pour les modèles les plus récents équipés d'une double commande.

L'Ademe recommande ainsi de regarder l'étiquette énergie des appareils, notamment pour les lave-linges ou les lave-vaisselles. Pour les robinets, installer un mousseur, qui injecte de l'air dans l'eau, peut réduire "le débit de 30 à 50 % sans aucune perte de confort".

Une démarche similaire peut être effectuée dans la douche, avec l'installation d'une "douchette économe", qui peut permettre d'économiser jusqu'à 75% d'eau. Enfin, un minuteur dans la salle de bain peut être utilisé, pour ne pas dépasser les cinq minutes sous la douche.

De futures restrictions prévues

Ces gestes, bien qu'allant dans le bon sens, ne permettront pas de venir recharger les nappes phréatiques, mais uniquement de moins les solliciter. Un nouveau défi pour le gouvernement, qui a réussi à échapper aux coupures d'électricité cet hiver.

Les rares précipitations annoncées ces derniers jours ne seront pas suffisantes pour recharger les nappes, alertent les experts. L'hydrologue Laurie Caillouet a indiqué lundi à BFMTV.com qu'il faudrait des "pluies abondantes sur des semaines et pas seulement sur deux jours".

D'ailleurs, quatre départements ont déjà commencé à appliquer des restrictions: l'Ain, le Var, les Bouches-du-Rhône et les Pyrénées-Orientales, où des réductions des prélèvements à des fins agricoles ont déjà été décidées. Invité de BFMTV, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a révélé que "la totalité des départements sont en dessous des normales quand on regarde l'humidité des sols".

"J'ai demandé aux préfets de ne pas avoir la main qui tremble, et, département par département, de prendre les mesures qui s'imposent", a-t-il déclaré, annonçant donc de nouvelles restrictions.

Jules Fresard