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Retards à la livraison dans le neuf, prix en hausse en occasion... la pénurie de puces pénalise le secteur automobile

Le marché automobile continue de subir la pénurie de composants électroniques: les fermetures d'usine temporaires décalent les délais de livraison et les tensions commencent à se répercuter nettement sur le marché des occasions récentes.

Du marché du neuf à celui de l'occasion, la pénurie de semi-conducteurs vient paralyser de plus en plus le secteur automobile.

Des usines contraintes de fermer temporairement

Stellantis (groupe issu de la fusion entre PSA et FCA) vient en effet d'annoncer la prolongation de la fermeture temporaire de son usine de Rennes et une ligne de production toujours à l'arrêt à Sochaux. Une activité pénalisée par l'absence de ces composants électroniques essentiels pour les voitures modernes.

Le géant mondial Toyota est lui aussi touché: la semaine dernière, le constructeur japonais a annoncé qu'il baissait de 40% sa production en septembre, de 900.000 unités prévues il ne devrait sortir finalement que 500.000 véhicules. L'usine d'Onnaing en France, près de Valenciennes, qui produit la Yaris et la Yaris Cross, est concernée par une fermeture temporaire, avec 13 autres sites Toyota à travers le monde.

Renault a lui annoncé le 31 aout arrêter partiellement sa production dans trois usines d'assemblage Espagne pour la même raison.

Pas d'amélioration attendue avant mi-2022

Selon Bloomberg, la pénurie mondiale de semi-conducteurs pourrait réduire la production mondiale de voitures d'environ 7,1 millions de véhicules cette année.

Un rapport du Boston Consulting Group publié la semaine dernière estime de son côté qu’au niveau mondial entre 7 et 9 millions de voitures neuves ne seront pas produites cette année du fait de cette pénurie.

"La pénurie de semi-conducteurs, déjà d’actualité avant la pandémie, a été accentuée avec la crise du Covid. En cause: une forte demande d’autres secteurs (en particulier l’électronique), ou encore des chaînes d'approvisionnement affectées par des conditions météorologiques et géopolitiques extrêmes", rappelle le cabinet d'étude, qui souligne que "l'offre ne devrait pas se redresser avant le deuxième semestre 2022".

Délais de livraison en hausse

Conséquence de cette tension sur l'offre de véhicules neufs: des livraisons soumises à un certain retard. Dans les concessions Toyota, on s'engage désormais à livrer un véhicule commandé en cette fin de mois d'août en novembre, mais l'incertitude concernant cette pénurie ne garantit pas non plus de ne pas essuyer un retard.

Mais la marque japonaise n'est pas un cas isolé: un professionnel interrogé par le Journal de l'Automobile estime qu'il faut compter 6 mois pour se faire livrer un Ford Kuga ou une Focus. C'est encore pire pour des utilitaires: avec une livraison pas avant février ou mars 2022.

"Ce qui est vrai pour Ford, l'est pour toutes les autres marques. Opel, BMW, Renault et même Peugeot... tous les réseaux de distribution sont logés à la même enseigne", résume le magazine spécialisé.

Des effets sur le marché de l'occasion

Et cette crise sur le neuf se répercute mécaniquement sur l'occasion.

"L’augmentation des prix se poursuit de façon très visible. La crise des semi-conducteurs entraîne une pénurie à tous les niveaux des marchés du neuf et de l’occasion. Moins de neuf signifie moins de reprises ou des prolongations de l’utilisation de véhicules qui auraient dû se retrouver sur le marché des jeunes occasions. Le manque d’offre commence à se faire sentir non seulement sur les prix en forte augmentation mais aussi maintenant sur les volumes. Les consommateurs ne sont pas prêts à payer les montants demandés pour une occasion", explique Vincent Hancart, directeur général d'Autoscout24 France.

En juillet, les immatriculations de voitures d'occasion étaient en effet en forte chute de -17,5% par rapport à juillet 2020 (mois exceptionnel après confinement) mais surtout de -7,3% par rapport de 2019. Ce même mois, le prix moyen des occasions très récentes s'envolait de 15,33% par rapport à 2019, passant de 28.959 euros à 33.398 euros.

Les professionnels s'efforcent toutefois de limiter cette hausse de prix, surtout sur ces modèles récents, particulièrement recherché en raison des délais qui grimpent dans le neuf.

"Malgré ce contexte de tension sur le marché, nous parvenons à maintenir des prix compétitifs grâce à notre capacité d'approvisionnement dans tous nos marchés européens, et nos activités digitales, qui nous permettent d'assurer des flux d'approvisionnement constants pour les professionnels et d'offrir aux clients particuliers des tarifs toujours compétitifs", met en avant Alexandru Marin, Vice-Président d'Auto1 Group en France.

Phénomène encore rare mais qui témoigne de cette situation de grande tension sur l'offre, certains modèles d'occasion se vendent désormais plus cher que leur version neuve, avec comme argument de poids la disponibilité immédiate du véhicule. C'était par exemple le cas pour les Dacia Sandero Stepway et Toyota Yaris, succès actuels des ventes.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto