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Union européenne

Défense, atome, intelligence artificielle... Ce que veut Emmanuel Macron pour l'Europe

Le chef de l'État a détaillé ses ambitions pour l'Europe dans un discours à la Sorbonne, à moins de deux mois des élections européennes.

Le discours aura duré plus de deux heures. Le temps, pour Emmanuel Macron, de dévoiler sa vision et ses objectifs pour l'Europe, lors d'un discours à la Sorbonne jeudi 25 avril. À six semaines des élections européennes, c'était aussi l'occasion pour le chef de l'État de mobiliser les électeurs, et de soutenir la candidate Renaissance, à la traîne dans les sondages.

Emmanuel Macron a évoqué le "risque immense" de voir l'Europe "reléguée" face aux "bouleversements du monde". "Notre Europe peut mourir" a-t-il prévenu.

Face à ce constat, il a évoqué des choix à faire "maintenant", sur la "question de la paix et de la guerre sur notre continent", sur "la transition digitale, l'intelligence artificielle" ou encore sur "l'environnement et la décarbonation". On vous résume les objectifs et ambitions d'Emmanuel Macron pour l'Europe.

• Une "initiative européenne de défense"

"Nous ne sommes pas armés!" Pour le chef de l'État, la situation en Europe est critique depuis l'agression de l'Ukraine par la Russie. Il a plaidé pour une "Europe puissance", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Pour protéger l'Europe, mais aussi pour une meilleure "maîtrise" des frontières européennes, Emmanuel Macron a appelé à la création d'une "initiative européenne de défense". Selon lui, elle doit passer par des coalitions, mais aussi par une formation harmonieuse des militaires des armées européenne. Il propose la création d'une académie militaire.

Autres projets annoncés: une coalition européenne de cybersécurité et de cyberdéfense ainsi que la création d'une force de réaction rapide capable de déployer en urgence 5.000 militaires pour défendre les frontières de l'Europe. Enfin, la possibilité d'un "bouclier du ciel européen" a été évoquée.

• Une "préférence nationale" dans l'achat de matériel militaire

Pour assurer cette défense européenne, Emmanuel Macron a notamment défendu une nouvelle approche des commandes militaires, avec une "préférence nationale" dans l'achat de matériel militaire.

Évoquant la nécessité d'une "économie de guerre", il a également pointé un cycle baissier des investissements privés et publics dans le domaine de la défense.

"Nous avons des décennies de sous-investissement dans nos propres productions, les dividendes de la paix ont fait que les Européens ont sous-investi et renforcé leur dépendance aux productions non-européennes."

Pour rivaliser avec les États-Unis ou la Corée, il a enfin mentionné la nécessité de créer des champions européens de la défense.

• Une politique commerciale moins naïve face à la Chine et aux États-Unis

Du côté de l'économie, Emmanuel Macron a dit vouloir une Europe moins "naïve" face à la politique commerciale des États-Unis et de la Chine. "Les deux premières puissances internationales ont décidé de ne plus respecter les règles du commerce" mondial, a déclaré Emmanuel Macron. Le président de la République les a accusés de "changer les règles du jeu" et de "sur-subventionner" leurs industries.

Le chef de l'État a donc appelé à une "révision" de la politique commerciale européenne "en défendant nos intérêts".

• "Une Europe de l'atome"

L'énergie en Europe "a besoin des transformations à venir les plus fondamentales", a souligné Emmanuel Macron. Dans un objectif d'indépendance, de transition énergétique et de renforcement de la position européenne face à la concurrence internationale, Emmanuel Macron veut développer le nucléaire et les renouvelables.

Il a pointé un "problème de compétitivité prix sur l'énergie (…) plus vite nous ferons cette transition, plus vite nous retrouverons cette compétitivité, l'énergie décarbonée c'est la clé".

Il plaide donc pour "construire beaucoup plus de capacités en renouvelable et nucléaire, consolider cette alliance du nucléaire que nous avons bâtie, assumer cette Europe de l'atome et investir dans les interconnexions électriques en Europe".

• 5 secteurs émergents et stratégiques

Toujours dans un objectif de compétitivité face aux concurrents internationaux, Emmanuel Macron veut "faire de l'Europe un leader mondial d'ici 2030, dans cinq secteurs parmi les plus émergents et les plus stratégiques".

Il s'agit de l'intelligence artificielle, de l'informatique quantique, de l'espace et des nouvelles énergies (hydrogène, réacteurs modulaires et fusion nucléaire) et les biotechnologies. Il souhaite pour cela des "stratégies de financement dédiées".

Sur l'intelligence artificielle, le chef de l'État veut notamment que l'Europe passe de "3% des capacités de calculs mondiales" à "au moins 20% d'ici 2030 ou 2035". Sur l'espace, Emmanuel Macron a appelé à "consolider Ariane 6", et à poursuivre les investissements. "Du new space aux missions spatiales embarquées", il a appelé à "avoir une Europe de l'ambition spatiale".

• Le Ceta est "un bon accord"

Emmanuel Macron a ensuite défendu l'accord de libre-échange entre l'UE et le Canada lors de son discours sur l'Europe à la Sorbonne. Appelant à un "changement de paradigme", Emmanuel Macron a appelé à "réajuster très profondément (la) politique commerciale" de l'Union européenne pour "protéger (ses) standards" sociaux et environnementaux.

Pour lui, le Ceta s'inscrit dans cet objectif. Cet accord commercial "par le travail qu'on a fait, par ce qu'on a ajusté, est un bon accord", a-t-il affirmé, ajoutant qu'il ne fallait "céder à aucune démagogie".

"Il ne faut pas qu'on tombe dans le rejet de tout accord commercial", a déclaré Emmanuel Macron.

• Une majorité numérique européenne à 15 ans

Le chef de l'Etat a enfin appelé l'Europe à "reprendre le contrôle de la vie de nos enfants et de nos adolescents", en imposant notamment la majorité numérique à 15 ans.

"Est-ce que quelqu'un envoie son enfant dans la jungle? A 5 ans, 10 ans, 12 ans? Personne, je pense, de censé", a lancé Emmanuel Macron.

"Avant 15 ans, il doit y avoir un contrôle parental sur l'accès à cet espace numérique. Parce que c'est un accès, si on n'en contrôle pas les contenus, qui est le fruit de tous les risques et des déformations d'esprit, qui justifient toutes les haines", a-t-il déclaré.

Marine Cardot