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Que contient le programme économique de Nicolas Dupont-Aignan?

Retour de l'ISF, suppression du permis à points, fin des éoliennes... Tour d'horizon du programme économique de Nicolas Dupont-Aignan.

Candidat malheureux à l'élection présidentielle en 2007 et 2012, où il avait receuilli 1,79% et 4,70% des suffrages, Nicolas Dupont-Aignan se présente une troisième fois à la plus haute fonction de l'Etat.

Retour de l'ISF, suppression du permis à points, fin des éoliennes... Le président de "Debout la France", député depuis 1997, porte un programme de droite, axé sur le patriotisme économique. Il est l'invité de Faire Réussir la France ce jeudi, l'occasion d'éplucher le volet économique de son programme.

Salaires et pouvoir d'achat

> Augmenter les salaires de 8%

Le pouvoir d'achat est la principale préoccupation des Français pour cette élection présidentielle. Pour le faire progresser, Nicolas Dupont-Aignan veut jouer sur les salaires. Plutôt que d'augmenter seulement le Smic, comme proposent la quasi totalité des candidats, l'ancien énarque souhaite augmenter tous les salaires de 8% jusqu'à trois fois le Smic.

Une hausse sans surcoût pour les entreprises? "Nous réduirons les charges salariales qui font la différence entre le salaire net reçu par le salarié et le salaire brut payé par l’entreprise", explique Nicolas Dupont-Aignan.

Cette réduction des charges salariales coûtera 20 milliards d'euros à l’Etat mais sera "financée par la suppression des millions de fausses cartes vitales". Une réduction identique de prélèvement sociaux sera opérée pour les indépendants.

Nicolas Dupont-Aignan propose une mesure spécifique pour gonfler le salaire des professeurs: 20% d’augmentation automatique, et 20% supplémentaires en contrepartie d’heures de soutiens scolaires

> Allocations familiales

Le candidat veut élargir le nombre de bénéficiaires des allocations familiales en augmentant le plafond de revenu permettant de les toucher. Autre nouveauté, elles seront versées dès le premier enfant.

Pour les étrangers, ils devront résider depuis plus de cinq ans sur le territoire pour en bénéficier. "Je propose qu'on supprime toute aide sociale pendant cinq ans à quelqu'un qui arrive sur le sol français. On doit cotiser par son travail cinq ans, avant de recevoir des aides. Il y en a assez", affirmait le candidat en décembre 2020 sur BFMTV.

Fiscalité

> Rétablir l'ISF

Nicolas Dupont-Aignan veut rétablir l'impôt sur les grandes fortunes (ISF), supprimé en par Emmanuel Macron, mais avec quelques modifications. Le candidat veut exclure du calcul la résidence principale, et permettre de déduire tous les investissements dans les entreprises et organismes qui localisant leur production en France.

Pour rappel, Emmanuel Macron a supprimé l'ISF en 2018 mais l'a remplacé par une taxe sur le patrimoine matériel, en créant l'impôt sur la fortune immobilière.

Energie

> Pro-nucléaire

Le président de "Debout la France" souhaite maintenir le nucléaire à 70% de la production d’électricité, comme c'est le cas aujourd'hui, et abandonner l'objectif de 50% de nucléaire dans le mix énergétique en 2035. Nicolas Dupont-Aignan veut poursuivre et soutenir la recherche visant à trouver une énergie "propre" via deux procédés: les centrales nucléaires utilisant le thorium comme combustible, et la fabrication d’électricité grâce à la fusion de l’hydrogène.

Le candidat affirme "ne pas être anti-renouvelables". Sur le solaire par exemple, il considère que cette source pourrait s’avérer intéressante si les industriels français parviennent à inventer le panneau solaire de nouvelle génération. Car les panneaux photovoltaïques sont massivement importés.

> Suppression des éoliennes

Par contre, le candidat est farouchement opposé à l’éolien. “Il faut mettre fin aux éoliennes dans notre pays, qui pourrissent les paysages, qui sont des pompes à fric pour des intérêts financiers”, affirmait-il en juillet sur le plateau de BFMTV.

Entreprises

> Au chevet des TPE et PME

Le président de Debout la France veut "sauver les PME" françaises. Pour cela, il veut s'assurer qu'elles soient bien représentées et souhaite donc nommer un dirigeant de PME au poste de ministre de l'Economie.

Dans le détail de son programme, Nicolas Dupont-Aignan propose de simplifier les réglementations juridiques existantes et s'engage à n'instaurer aucune taxe et aucune norme supplémentaire pour faciliter leur quotidien.

Il souhaite par ailleurs créer un guichet qui leur serait spécialement réservé au niveau des chambres de commerce et d'industrie afin de les aider dans leurs démarches administratives et en leur fournissant des appuis juridiques.

Enfin, pour les TPE spécifiquement, il compte mettre à leur disposition un microcrédit de financement de 5000 à 15.000 euros, directement accessible au niveau de Bpi France.

> Inciter à réinvestir les bénéfices en France

Pour "récompenser les dirigeants d’entreprises qui favorisent l'emploi en France", Nicolas Dupont-Aignan accordera un crédit d'impôt production aux sociétés qui réinvestissent leurs bénéfices sur le sol français. Concrètement, pour eux, l'impôt sur les sociétés sera divisé par deux.

> Inciter à l'embauche des chômeurs

Pour tout recrutement en CDI d'un chômeur de longue durée, ce qui concerne plus d'un million de Français, l'employeur sera exonéré de charges pendant cinq ans. Une mesure dont le coût est estimé à 3 milliards d'euros.

Emploi

> Un "contrat de travail universel"

Nicolas Dupont-Aignan projette de créer un contrat de travail pour les jeunes et les chômeurs de longue durée. Concrètement, ce contrat universel proposera une activité "d'intérêt général" à mi-temps au service des collectivités, en échange d'une allocation de réinsertion.

Le candidat reprend ainsi les contours du Contrat d'Engagement Jeune qui sera officiellement lancé le 1er mars, mais en élargit l'accès aux chômeurs.

Par ailleurs, toujours dans l'idée de mettre à contribution les Français sans activité, Nicolas Dupont-Aignan veut imposer pour tout bénéficiaire du RSA, en état de travailler, une journée de mission d'intérêt général par semaine pour la collectivité.

> 1 million d'apprentis

Le sexagénaire veut doper l'apprentissage et vise un million d'apprentis formés chaque année d'ici la fin du quinquennat. Une mesure dans la continuité des décisions prises par le gouvernement actuel. La ministre du Travail Elisabeth Borne se félicitait il y a quelques semaines des 718.000 jeunes entrés en apprentissage en 2021, un "record absolu".

Nicolas Dupont-Aignan est l'un des seuls candidats à ne pas vouloir modifier l'âge de départ à la retraite et la durée des cotisations. Sur le montant des pensions, il souhaite les indexer à minima sur l'inflation, pour qu'elles augmentent "chaque année de manière juste".

Le candidat de "Debout la France" veut en réalité faire appliquer une réforme déjà existante, celle de Balladur en 1993. Mais en effet, certaines années, pour faire des économies, l'indexation sur l'inflation n'est plus systématique.

Nicolas Dupont-Aignan compte financer ce système par la récupération des cotisations des travailleurs détachés, et par la suppression de l'Aspa, une allocation versée aux personnes âgées ayant de faibles revenus, à tous les étrangers qui n'ont pas cotisé au moins 10 ans en France.

Par ailleurs, le candidat de Debout la France mise sur l'augmentation du nombre de cotisants grâce à une politique familiale ambitieuse.

La thématique des droits de succession s'est imposée de manière inattendue dans cette campagne présidentielle. Nicolas Dupont-Aignan, qui abordait déjà ce sujet en 2016, propose "la suppression totale des droits de succession sur la résidence principale". "Quand on a économisé toute sa vie pour une petite maison, on doit pouvoir la transmettre à ses enfants", explique-t-il.

Il souhaite aussi faciliter la transmission d'entreprises entre les générations en les exonérant de droits de succession et de donation sur 90% de leur valeur, contre 75% aujourd’hui.

Logement

> Rénovation

Sur le volet rénovation énergétique, Nicolas Dupont-Aignan veut conserver le dispositif MaPrimeRenov', créé lors du quinquennat Macron, mais en "doubler le budget", le faisant passer de "3 à 6 milliards d'euros".

Le candidat confond en réalité le budget consacré à MaPrimeRenov' et celui de l'Agence nationale de l'habitat (Anah). L'année dernière, plus de 750.000 dossiers ont été déposés pour bénéficier d'une aide au financement des travaux. Pour 2022, l'Anah mise sur la rénovation de 800.000 logements.

> Rachat de logements en zone rurale

Pour aider les Français à se loger et repeupler les campagnes, Nicolas Dupont-Aignan compte créer un "fond public pour l’habitat" qui servira à racheter des logements en mauvais état en zone rurale.

Ces logements seront ensuite attribués sur dossier à des Français qui ne sont pas encore propriétaires. Deux conditions: se porter volontaire pour le remettre en état et s’engager à y vivre pour 10 ans. Au bout de ce délai, les habitants pourront devenir propriétaires du logement, ou le fond public le récupérera.

Agriculture

"L'agriculture française est en péril et avec elle, [...] l'avenir de notre tissu rural", affirme Nicolas Dupont-Aignan. Pour protéger les agriculteurs, il propose notamment de supprimer les cotisations sociales agricoles et de soutenir l'installation des jeunes en instaurant une caution publique de 50% pour les premiers prêts.

Transport

> Voiture

Sur le permis de conduire, le candidat veut supprimer le système de points, qu'il considère comme une "usine à gaz". Il souhaite aussi proposer un passage de permis de conduire à chaque jeune lors d’un service civique de 3 mois.

Nicolas Dupont-Aignan porte un programme très populiste sur les sujets qui touchent les automobilistes. Soutien du mouvement "gilets jaunes", il compte revenir sur l'abaissement de la vitesse à 80 km/h sur les départementales, une mesure entrée en vigueur en juillet 2018 et très décriée par les manifestants.

Il souhaite par ailleurs supprimer les Zones à Faibles Emissions (ZFE), où les véhicules classés Crit-air 3 (ou plus) ne peuvent plus circuler pour diminuer la pollution. Selon lui, ces ZFE empêchent "70% de nos compatriotes conducteurs d'entrer dans les grandes villes".

Pêle-mêle, le candidat s'oppose aux péages urbains, veut "stopper le matraquage fiscal" en supprimant la taxe sur les véhicules de société et ceux produits en France et nationaliser les autoroutes.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech