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Régulation

Le plus gros diamant noir du monde a été acheté en détournant les fonds cryptos des clients de Hex

Gourou de la finance décentralisée, le fondateur de Hex Richard Heart est accusé d'avoir allégrement pioché dans les fonds de ses clients pour s'acheter des Rolex, une Ferrari ou encore le plus gros diamant noir naturel du monde.

C'est une nouvelle affaire de détournement de fonds dans l'écosystème crypto. La Securities and Exchange Commission (ou SEC, le gendarme boursier américain), a annoncé dans un communiqué publié lundi qu'elle portait plainte contre Richard Heart (alias Richard Schueler) et trois entités qu'il contrôle (Hex, PulseChain et PulseX). La plainte de la SEC a été déposée auprès de la cour du district Est de New York.

Cet entrepreneur a fondé en 2019 Hex, une solution de finance décentralisée permettant à ses clients de gagner des intérêts en laissant leurs cryptos bloquées pendant un certain temps sur sa plateforme, via un système de certificats de dépôts blockchain. Hex repose sur un jeton du même nom qui tourne via la blockchain Ethereum. Hex promet aux investisseurs des rendements annuels de 38%.

Le plus gros diamant noir du monde

La SEC reproche premièrement à Richard Heart d'avoir proposé à ses clients des actifs financiers cryptos qui n'étaient pas enregistrés auprès d'elle, ce qui lui a permis de lever plus de 1 milliard de dollars auprès d'investisseurs.

Deuxièmement, le gendarme boursier américain accuse le fondateur de Hex d'avoir détourné "au moins 12 millions de dollars" pour acheter des produits de luxe, dont plusieurs voitures de sport (dont une McLaren et une Ferrari Roma), des montres de luxe (notamment des Rolex), et un diamant de 555 carats (baptisé Enigma), tout simplement le plus gros diamant noir naturel au monde, qui avait été vendu aux enchères en 2022 pour 3,75 millions d'euros.

"Heart a incité les investisseurs à acheter des actifs cryptos via des offres (de titres financiers, NDLR) qu'il n'a pas enregistrées. Il a ensuite fraudé ces investisseurs en dépensant une partie de leurs actifs cryptographiques dans des produits de luxe exorbitants", dénonce dans le communiqué Eric Werner, directeur du bureau régional de la SEC à Fort Worth, une ville du Texas aux Etats-Unis.

"Cette action vise à protéger le public investisseur et à rendre Heart responsable de ses actions", ajoute-t-il.

A la suite de cette plainte, le jeton HEX s'effondre de près de 29% sur une journée ce mardi vers 14h30, d'après les données de CoinMarketCap. De même, le jeton PLS (pour PulseChain) s'effondre de 40% et le jeton PLSX (pour PulseX) de 47%.

Une réglementation américaine floue

Faute d'une réglementation claire sur les cryptos adoptée par le Congrès aux Etats-Unis, la SEC estime que certaines cryptos sont une forme de titre financier ("securities") qui tombent sous son contrôle et doivent être déclarées auprès d'elle. Le gendarme boursier attaque ainsi en justice de nombreux acteurs cryptos en ce sens, estimant qu'ils n'ont pas respecté la réglementation financière. Et jusqu'à présent, c'est la justice qui tranche au cas par cas pour savoir si un actif crypto correspond bien à la définition d'un titre financier.

C'est notamment l'un des enjeux des procès de la SEC contre Ripple, Binance ou encore FTX. La SEC considère pour l'instant que 61 cryptos, sur environ 20.000 en circulation, sont des titres financiers (ou valeurs mobilières). Mais cela ne concerne pour le moment ni le bitcoin ni l'ether, les deux principales cryptomonnaies.

Le régulateur boursier n'obtient toutefois pas toujours gain de cause en justice. Récemment, dans le procès opposant la SEC à Ripple, un juge a estimé que le jeton XRP n'était pas un titre financier et ne tombait donc pas sous le contrôle de la SEC. Il y a toutefois une nuance de taille: si le XRP n'est pas un titre financier pour les particuliers, le juge estime cependant que la crypto peut être qualifiée de titre financier quand il s'agit d'investisseurs institutionnels. Une décision qui permet mal d'éclaircir les débats et sur laquelle la SEC a fait appel.

https://twitter.com/jl_delloro Jean-Louis Dell'Oro Rédacteur en chef adjoint BFM Éco