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Ethereum

Quel impact a la transition de la blockchain Ethereum sur la consommation mondiale d'électricité?

C'est un pas de géant pour l'écosystème crypto. La transition de la blockchain Ethereum vers une "preuve d'enjeu" a permis de baisser sa consommation d'énergie de 99 %.

Cela faisait partie des plans de la blockchain Ethereum depuis des années: devenir une blockchain verte alors que l'écosystème crypto - principalement porté par la cryptomonnaie bitcoin - est critiqué pour son aspect énergivore.

Ce matin, Ethereum est ainsi devenue une blockchain écologique, en réussissant sa transition vers la "preuve d'enjeu" appelée The Merge. Concrètement, elle a réduit de 99% sa consommation d'énergie en changeant son mode de fonctionnement, avec le départ des mineurs (qui fonctionnaient sur la "preuve de travail") laissant la place aux validateurs ( utilisant la "preuve d'enjeu").

Réduction de 99% de sa consommation d'énergie

Le co-fondateur d'Ethereum, Vitalik Buterin, a indiqué ce jeudi que The Merge réduira la consommation mondiale d'électricité de 0,2%. Une nouvelle qui fait du bien alors que l'on fait face à une crise de l'énergie sans précédent. Il faudra attendre toutefois quelques jours ou plusieurs semaines pour qu'il y ait une estimation indépendante et savoir si cette baisse de consommation électrique est effectivement constatée.

Pour rappel, la preuve de travail, c’est mettre en compétition des dizaines de milliers d’ordinateurs (des "mineurs") qui travaillent en même temps pour résoudre un problème mathématique et ainsi acquérir le droit d’ajouter une nouvelle transaction (bloc) sur la blockchain. En ajoutant un nouveau bloc à la chaîne, ces derniers sont rémunérés en crypto. Mais c'est une méthode très énergivore puisque ces ordinateurs consomment beaucoup d'électricité, bien que de plus en plus de mineurs se tournent vers des sources d'énergies renouvelables.

De l’autre côté, avec la preuve d’enjeu, finies les énigmes cryptographiques à résoudre. Pour garantir la securité de la chaîne de blocs, les validateurs (équivalent des mineurs dans le système de "preuve de travail") doivent "verrouiller" (dans le langage crypto on parle notamment de "staker" d'où proof of "stake") dans un pot commun 32 ethers chacun, et c’est selon un système de tirage au sort qu’ils seront choisis pour valider une transaction.

"Fonctionner sur des ordinateurs portables classiques"

"Comme la quasi-totalité de l'énergie dépensée pour sécuriser le réseau de preuve de travail provient de l'algorithme de minage, le passage à la preuve d'enjeu réduit considérablement la dépense énergétique. Il n'y a pas non plus d'avantage à investir dans du matériel plus puissant dans le cadre de la preuve d'enjeu, il n'y a donc pas de condition de course aux armements et moins de déchets électroniques. Les validateurs Ethereum peuvent fonctionner sur des ordinateurs portables classiques ou des appareils de faible puissance tels qu'un Raspberry Pi", peut-on lire dans un post sur le blog de la fondation Ethereum, mis à jour ce mercredi.

Par conséquent et à ce jour, "la dépense énergétique d'Ethereum sera à peu près égale au coût de fonctionnement d'un modeste ordinateur portable pour chaque nœud du réseau", explique Ethereum.

Le site Digiconomist estime pratiquement en temps réel la consommation d'énergie et l'empreinte carbonne des différentes blockchains. Jusqu'à ce mercredi, on pouvait considérer qu'Ethereum avait une consommation d'environ 80 térrawattheures par an (comparable à celle du Chili), tandis que la blockchain Bitcoin dépense 130 térrawattheures par an d'énergie... La fondation Ethereum estime par ailleurs que le Bitcoin génère "32.000 tonnes de déchets électriques provenant de matériel obsolète".

Désormais, la consommation totale d'énergie d'Ethereum serait autour de 0,01 térrawattheure par an, considère la fondation. Ethereum soutient par ailleurs une communauté "grandissante", celle dite de la finance régénérative (ReFi) sur Ethereum.

"Les applications ReFi utilisent les composants DeFi pour construire des applications financières qui ont des externalités positives au bénéfice de l'environnement. ReFi fait partie d'un mouvement plus large, le "Solarpunk", qui est étroitement lié à Ethereum et vise à coupler le progrès technologique et la gestion de l'environnement. La nature décentralisée, sans permission et composable d'Ethereum en fait la couche de base idéale pour les communautés ReFi et solarpunk. Après la fusion, la technologie et la philosophie d'Ethereum se rapprocheront enfin, et Ethereum devrait devenir une technologie positive pour l'environnement", peut-on lire.

"Une baisse de 0,001 à 0,05% de la consommation mondiale est plus réaliste"

Mais les défenseurs de la blockchain Bitcoin n'ont pas dit leur dernier mot. La blockchain Bitcoin fonctionne aujourd'hui toujours avec un système dit de "preuve de travail" critiqué pour son côté énergivore bien que les mineurs se tournent de plus en plus vers du minage dit vert.

Certains ne sont pas du même avis que Vitalik Buterin, qui a expliqué que The Merge réduira la consommation mondiale d'électricité de 0,2 %, considérant même que cette estimation est erronée.

"C’est issu d’une démonstration toutes choses égales par ailleurs. Ethereum représente 0,2% de la consommation mondiale via son mining, couper ce dernier réduit donc la consommation mondiale de 0,2%. Pourquoi c’est faux: le mining d'ether s’est beaucoup professionnalisé. De grandes fermes à Bitcoin ont une partie de leur ressource électrique dédiée à l'ether: même nous, nous gérons un petit container d'ether en Afrique", explique Sébastien Gouspillou, patron de Bigblock Green services à BFM Crypto.

Pour ce dernier, les mineurs professionnels vont utiliser les places rendues disponibles après Merge pour miner du bitcoin.

"Si le mining domestique représente 50% du mining d'ethers (estimation haute, très haute), seul celui-ci fera baisser la consommation mondiale après The Merge. Une partie des cartes graphiques cessera de faire du mining, oui, peut être la moitié, les autres seront revendues aux gamers. En tous cas, pas une carte ne cessera de travailler. Donc, une baisse de 0,001 à 0,05% de la consommation mondiale est plus réaliste. Seul l’avenir nous donnera la précision", précise ce dernier.
Pauline Armandet