Mort d'Émile: ces experts expliquent pourquoi les enquêteurs ont pu passer à côté des ossements

La zone où ont été retrouvés les ossements d'Émile avait déjà été fouillées lors de battues citoyennes et d'opérations de gendarmeries. Plusieurs raisons peuvent expliquer que les enquêteurs étaient passés à côté, notamment la géographie du secteur.

Un terrain "escarpé". Près de neuf mois après la disparition du jeune Émile dans les Alpes-de-Haute-Provence, plusieurs de ses ossements ont été retrouvés samedi 30 avril. Une randonneuse a retrouvé le crâne du petit garçon à environ 1,5 kilomètre du Haut-Vernet, où avait disparu l'enfant.

Cette découverte interroge: elle a eu lieu dans une zone qui avait déjà été fouillée lors des battues citoyennes et des opérations de gendarmeries menées l'été dernier. "C'est un endroit où passent les chasseurs et leurs chiens, les habitants quotidiennement et où des travaux forestiers ont été réalisés à l'automne", a déclaré le maire du Vernet au Figaro.

Emile: après la découverte de ses ossements, quelles hypothèses pour les enquêteurs?

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Un terrain "complexe"

Comment expliquer qu'une randonneuse ait pu découvrir des ossements appartenant à l'enfant lors d'une simple marche, qui plus est, à peine deux jours après la "mise en situation"? La géographie de la zone est notamment pointée du doigt par des experts.

"Une des raisons principales serait que le lieu où l'on trouve le crâne n'est pas le lieu où il (Emile, NDLR) s'est perdu et il est décédé", indique François Daoust, ex-directeur de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale IRCGN, sur BFMTV.

"Ça peut être une zone escarpée dans laquelle on n'a pas fait passer les chiens. Il faut différencier la zone où on a trouvé le crâne du lieu où peuvent rester et être les restes de l'enfant", ajoute-t-il.

Marie-Laure Pezant, porte-parole gendarmerie, indique également que c'est "un terrain qui est complexe, escarpé, qui a pu évoluer en fonction de la météo. Ce qui explique peut-être qu'une partie des ossements ait bougé".

La carte du Haut-Vernet dans les Alpes-de-Haute-Provence où les ossements du petit Émile ont été retrouvés le samedi 30 mars 2024 © BFMTV

"Dans les régions de montagne, on s'aperçoit qu'on peut passer à côté du corps d'une personne qui est décédée accidentellement. Un corps se dégrade très vite, les couleurs passent, ça devient terreux, ça se confond très vite avec la nature environnante", ajoute de son côté Jacques Dallest, ancien juge d'instruction, procureur de la République et procureur général.

"On peut leurrer une caméra thermique"

Il poursuit: "il faut toujours admettre que quoi qu'on fasse, même avec des drones, on peut passer à côté d'un corps qui n'est pas forcément présenté de façon très évidente qui peut être encore une fois recroquevillé. C'est peut-être ce qu'il s'est passé pour le petit Émile".

Car comme le rappelle François Daoust, "on peut leurrer une caméra thermique par un terrain accidenté, des zones de températures différentes, des cavités". "Lors de l'affaire Chevaline, la caméra thermique passe au-dessus de la voiture, elle ne repère que le corps du cycliste, de la maman, de la grand-mère et du père. Elle ne repère pas la petite fille toujours en vie sous le siège."

L'enquête se poursuit lundi 1er avril pour déterminer les causes de la mort d'Émile. Une centaine d'enquêteurs et des chiens spécialisés en recherche de cadavre et de restes humains du centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie (CNIG) de Gramat ont été mobilisés, indique une source de la gendarmerie à BFMTV. L'objectif va être de "déterminer si ces ossements ont séjourné durablement" dans la zone où ils ont été découverts.

Marine Langlois