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TOUT COMPRENDRE – Ampere, Power, Horse... Comment Renault fait sa 2e "Renaulution"

Renault a dévoilé ce mardi sa nouvelle organisation, avec des entités dédiées par type d'activités (électrique, thermique...) afin d'attirer notamment les investisseurs.

Près de deux ans après avoir dévoilé son plan pour relancer Renault après des pertes historiques, Luca De Meo accélère et compte désormais armer le constructeur face à un monde automobile en pleine mutation. Ce mardi, le directeur général de Renault a dévoilé sa "Revolution", une nouvelle organisation de ses activités pour accélérer en particulier dans l’électrique

• Comment Renault se réorganise?

Renault va désormais se décliner en cinq grandes business units, chacune dédiée à une activité en particulier:

  • Ampere sera dédiée aux activités de voitures électriques
  • Power regroupera les activités historiques de Renault autour du thermique et de l’hybride, dont la coentreprise Horse un équipementier spécialiste des groupes motopropulseurs thermiques et hybrides avec Geely
  • Alpine pour la marque de voitures de sport et liées à la Formule 1
  • Mobilize sur les services notamment financiers et les nouvelles mobilités.
  • The Future is Neutral pour les activités d’économie circulaire.

Chaque business unit aura sa propre équipe dirigeante et des équipes dédiées. Après avoir assuré son redressement financier - Renault a confirmé une marge opérationnelle supérieure à 5% pour 2022 - le groupe doit désormais construire une croissance pérenne pour prendre le virage électrique, le développement en parallèle de motorisations thermiques tout en se renforçant dans les services.

Devenir un "constructeur automobile nouvelle génération", telle est l’ambition de Luca De Meo.

Or, cette croissance demande d’investir beaucoup d’argent. Se diviser selon ses métiers doit permettre à Renault de lever des fonds pour financer ce développement, via des partenaires ou en introduisant en bourse certaines opérations mais sans tout financer seul.

• A quoi va ressembler Ampere, dédiée à la voiture électrique?

L’entité la plus marquante de cette nouvelle organisation se nomme Ampere. Elle va regrouper toutes les activités dédiées à la voiture électrique et au logiciel, un "pure-player" comme l’a rappelé à plusieurs reprises Luca De Meo. Le directeur général veut capitaliser sur l’expérience de la marque dans l’électrique, mais lui donner l’agilité d’une marque créée ad hoc. Une sorte de Tesla français. 10.000 salariés dont 3500 ingénieurs travailleront dans cette entité, pensée "dès le départ comme une tech company", a expliqué Luca De Meo. En 2031, un million de véhicules – surtout de marque Renault – en seront issues, avec une marge attendue au-delà des 10% dès 2030.

De facto, Ampere existe déjà. La nouvelle Mégane E-Tech 100% électrique est le premier véhicule de cette nouvelle business unit, avant le Nouveau Scénic, la R5 et la R4. Le pôle industriel ElectriCity entre Hauts-de-France et Normandie également.

"Au plus tôt au second semestre 2023", Ampere pourrait entrer en Bourse même si Renault en conserve la majorité. Cette IPO pose cependant de nombreuses questions. Restent aussi des questions sur la participation de Nissan dans ce projet. Qualcomm a lui déjà montré son intérêt pour investir dans Ampere.

• Dacia, Renault, Alpine... les marques vont-elles toujours exister?

Le Groupe conserve ses marques: Alpine, Dacia et bien sûr Renault. Mais elles pourront piocher dans les différentes entités pour leur développement. La marque Renault puisera ainsi chez Ampère pour ses modèles électriques et chez Horse et Power pour ses véhicules à moteurs thermiques. Mais tous resteront vendus dans des concessions Renault.

• Geely, Qualcomm... ces partenaires désormais stratégiques pour Renault

Luca De Meo ne s’en est pas caché ce mardi: "Nous avons besoin de cash et nous voulons mettre en place une approche collaborative autour de la voiture électrique, autour du logiciel, pour co-investir et co-créer". De quoi couvrir ainsi un plus large périmètre géographique comme une plus grande chaîne de valeur, sans grèver ses finances.

Le Groupe Renault va ainsi travailler avec le groupe chinois Geely sur les motorisations thermiques et hybrides de demain. Avec Qualcomm dans le véhicule électrique pour co-développer sa prochaine architecture logicielle à destination de ses véhicules électriques. Autre partenaire avec lesquels les liens sont renforcés: Google. "La complexité de l'architecture électronique des voitures augmente de manière exponentielle, sous l'effet de la sophistication des fonctionnalités et des services attendus par les clients. Dotée d'une plateforme informatique partagée, de mises à jour continues et d'un accès rationalisé aux données de la voiture, l'approche "software defined vehicle" -véhicule défini par le logiciel - développée en partenariat avec Google transformera nos véhicules en objets plus technologiques", a expliqué Luca De Meo dans le communiqué conjoint de Renault et Google.

• Et Nissan?

Ces différents partenariats ont mis en lumière un grand absent du plan: Nissan. Pour le moment, Nissan n’a pas confirmé son entrée au capital d’Ampere. Nissan s’était montré inquiet quant aux possibles partages de technologies avec les nouveaux partenaires comme Geely ou Google. Luca De Meo a rappelé qu’aucune technologie Nissan n’était partie prenante dans Ampere. Les discussions se poursuivent actuellement sur le futur de l’Alliance, de potentielles annonces sont attendues dans les prochaines semaines.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web