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Comment Renault mise sur la voiture électrique pour relancer ses usines dans le Nord

Le projet de Renault de pôle industriel dédié à l'électrique dans les Hauts-de-France prend forme. Baptisé "ElectriCity", il doit regrouper les sites actuels de Douai, Maubeuge et Ruitz, pour sécuriser 6000 emplois et prévoit 700 recrutements d'ici 2024.

On en sait davantage sur le projet de Renault autour de la voiture électrique dans les Hauts-de-France. Baptisé "ElectriCity", ce pôle industriel doit engager la fusion de trois sites nordistes du groupe au Losange: Douai, Maubeuge (Nord) et Ruitz (Pas-de-Calais), dans une filiale à 100% du groupe français, d'après les documents présentés aux salariés en ce début de semaine.

Un basculement historique vers l'électrique

Ce basculement historique pour ces usines, spécialisées à l'origine dans les véhicules à moteurs thermiques, est salué par les organisations syndicales. Car à la clé se trouve une potentielle reprise de l'activité pour des usines qui en manquent cruellement, du fa crise sanitaire mais aussi par la pénurie de semi-conducteurs.

Douai assemble actuellement l'Espace, le Scenic et la Talisman, des modèles en fin de vie. Maubeuge produit de son côté le Kangoo, et Ruitz des boîtes de vitesse et pièces mécaniques. Dans la nouvelle organisation, l'usine assemblera la nouvelle Mégane mais également la version moderne de la R5 ainsi q'un SUV électrique au format de son Kadjar.

Maubeuge se consacrera aux véhicules utilitaires légers, avec notamment un fourgon électrique, avant un basculement sur les voitures particulières uniquement à partir de 2027, avec notamment un retour possible d'une 4L modernisée avant ou après cette date. Enfin, Ruitz deviendrait un "acteur clé de la transition vers le véhicule électrique" en produisant les packs batterie.

Des emplois sécurisés

Le groupe a "l'ambition de faire des usines Renault des Hauts-de-France la plus importante et la plus compétitive des unités de production de véhicules électriques en Europe", selon l'accord.

La production de l'ensemble des sites doit passer de 100.000 unités en 2022 (principalement la nouvelle Mégane) à 400.000 à partir de 2024-2025, avec une capacité de produciton de 600.000 exemplaires par an.

Avec la création de Renault ElectriCity, la totalité des 6000 postes de ces usines, dont 4800 CDI, est sauvegardée. Compte tenu des prévisions de production et des départs naturels des salariés actuels, à la retraite par exemple, la direction "envisage" également 700 embauches en CDI "entre 2022 et fin 2024". Les contrats de travail des salariés seront transférés automatiquement à la nouvelle société avec maintien de l'ancienneté, précise l'AFP.

Une bouffée d'oxygène pour les salariés, alors que Renault a annoncé en mai 2020 la suppression de 15.000 emplois sur trois ans dans le monde, dont 4600 en France sans licenciement sec.

Une autre usine de batteries?

Douai pourrait également accueillir sur une centaine d'hectares la deuxième usine de batteries de France, après celle de Stellantis et TotalEnergies à Douvrin, à 30 kilomètres de là dans le Pas-de-Calais.

Pour lancer cette usine, Renault s'appuierait sur le groupe chinois AESC-Envision, selon Le Figaro et Les Echos. Envision, qui a acheté la division de batteries électriques de Nissan, le grand partenaire de Renault, avait annoncé fin 2020 son intention de s'implanter en France.

Un écosystème complet

CFDT, CFE-CGC et FO vont signer l'accord. La CGT décidera au plus tard ce mardi matin, précise l'AFP ajoutant que "SUD et la CFTC sont également invités à signer le texte".

Au sein des organisation syndicales, on salue aussi l'accompagnement des salariés en termes de formation, avec la possibilité également évoquée d'y intégrer les fournisseurs des différents sites:

"Ce sont des compétences nouvelles pour les salariés donc des formations associées (à mettre en place). Pour cela, il y aura la création sur le site de Douai d'une académie, un centre de formation, qui sera également ouverte à nos fournisseurs qui viendront aussi apprendre les métiers de l'électrique car l'idée c'est d'intégrer de plus en plus nos fournisseurs à ce type de projets qui seront des projets globaux", explique à BFM Business Lionel Langlais, délégué central adjoint de la CFDT du Groupe Renault.

Renault ElectriCity vise en effet à concentrer tout l'écosystème du groupe dans le véhicule électrique. Des partenaires comme des fonderies ou des entreprises spécialisées dans l'aluminium pourront s'installer à proximité du pôle. C'est donc toute la filière automobile des Hauts-de-France qui sera consolidée. Avec ce pôle industriel, Renault ambitionne désormais de s'imposer comme le premier employeur de la région.

De l'électrique à l'hydrogène et au reconditionnement
A côté du pôle "ElectriCity", Renault travaille sur d'autres technologies. Sur le véhicule à hydrogène, Renault compte sur sa nouvelle coentreprise, Hyvia, qui sera présente sur quatre sites en France. Un utilitaire Master à pile à combustible doit être commercialié en fin d'année.
Le plan "Renaulution", dévoilé en début d'année, prévoit aussi de tranformer l'usine de Flins (Yvelines) en centre de recyclage de véhicules, en misant notamment sur le rétrofit, et de batteries.

Julien Rizzo et Julien Bonnet