Pourquoi Philip Roth n’a jamais eu le prix Nobel de Littérature
L’Amérique a perdu l’un de ses plus grands écrivains: Philip Roth, décédé ce mardi à l’âge de 85 ans. Né dans le quartier juif d’une ville du New Jersey, il a connu la célébrité en 1970 avec son autofiction “Le Complexe de Portnoy” - le monologue d’un jeune homme juif sur le divan d’un psychologue, qui évoque sa mère abusive et sa sexualité complexe. L’autofiction et le thème de la sexualité parcourent la plupart de ses ouvrages, en particulier “Professeur de désir” et “La Bête qui meurt”. Mais Philip Roth traite aussi et surtout de l’Amérique contemporaine. Ses quatre romans phares évoquent ainsi le terrorisme (“Pastorale américaine”, 1997), le maccarthysme (“J’ai épousé un communiste”, 1998), le politiquement correct (“La Tache”, 2000) et le fascisme (“Le Complot contre l’Amérique”, 2004). Il avait cessé d’écrire en 2010, après la publication de son roman “Nemesis”. L’indéniable qualité littéraire et la portée critique de son oeuvre n’ont pas suffi à faire oublier son caractère sulfureux. On a dit Philip Roth séditieux, narcissique, misogyne et même antisémite. Cette part d’ombre qui fait sa prose libre et provocatrice lui a sans doute coûté le prix Nobel.