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Allemagne

Un poème affiché sur le mur d'une université allemande suscite la controverse

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- - Mychèle Daniau-AFP

Un poème peint sur la façade d'une université de Berlin a été au cœur d'une vive polémique. Certains l'accusaient de sexisme, d'autres ont crié à la censure. L'université a tranché.

"Des avenues des avenues et des fleurs, des fleurs des fleurs et des femmes, des avenues des avenues et des femmes, des avenues et des fleurs et des femmes et un admirateur." Ce court poème peint sur un mur de l'université allemande Alice-Salomon à Berlin a suscité une vive polémique outre-Rhin, rapporte L'Obs.

Fondée en l'honneur d'une féministe

Depuis deux ans, certains étudiants se plaignent. Ils dénoncent l'emploi du terme "admirateur" dans ces quelques lignes qui réduit selon eux les femmes à un objet d'admiration, rabaissées au statut d'une fleur. L'université Alice-Salomon est connue pour avoir été fondée en l'honneur d'une féministe, comme le précise Le Temps, n'avoir accueilli que des femmes jusqu'en 1945 et propose actuellement des cours d'étude de genre.

Pour ces étudiants, "ce poème ne reproduit pas seulement une tradition artistique patriarcale classique, dans laquelle les femmes sont seulement de jolies muses, qui inspirent les actions créatives, mais rappelle aussi désagréablement le harcèlement sexuel auquel les femmes sont quotidiennement exposées", selon l'hebdomadaire.

"Cela nous rappelle de manière désagréable qu'on ne peut pas, en tant que femme, circuler dans l'espace public sans être admirées pour notre existence corporelle de femmes. Une admiration souvent désagréable, qui fait craindre des abus", poursuit le comité.

Un "terrorisme de la vertu"

L'auteur du poème écrit en 1951, le poète suisse né en Bolivie Eugen Gomringer, l'a offert en 2011 à l'université après y avoir reçu un prix de poésie. Il avait ainsi été inscrit sur la façade sud de l'établissement.

Si le conseil de l'université a décidé de repeindre le mur, la polémique n'a pourtant pas cessé. De nouvelles voix se sont élevées contre le musellement de l'art et de la créativité. Comme le raconte L'Obs, certains ont évoqué un "terrorisme de la vertu", du "club des Jacobins des enfants de bourgeois" qui "mettent en danger la liberté artistique". Un tabloïd a par exemple titré: "Maintenant, c'est l'art qui va être castré". La ministre de la Culture a elle aussi accusé l'université d'avoir commis un "acte effrayant de barbarie culturelle" et évoqué une "dictature du montrable".

L'université a finalement fait le choix du consensus: la façade du mur sera repeinte tous les cinq ans, permettant ainsi de renouveler le poème. Une stèle sera également installée à son pied, inaugurée par Eugen Gomringer en personne, avec l'inscription "Avenidas" en espagnol, allemand et anglais en souvenir du petit poème disparu.

Céline Hussonnois-Alaya