Commémorations, monument dédié… Quels hommages pour les victimes de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg?

Alors que s'est achevé ce jeudi 4 avril le procès de l'attentat de Strasbourg, retour sur les projets et les réalisations de la ville de Strasbourg, pour rendre hommage aux victimes.

"C'est toute notre ville qui a été marquée par cet événement tragique." Tout au long du procès de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg, qui s'est achevé ce jeudi 4 avril à la cour d'assises spéciale de Paris, la ville de Strasbourg a apporté son soutien aux victimes et familles de victimes.

Depuis cinq ans, la ville a justement travaillé avec ces familles, ainsi que les associations d'accompagnement des victimes, pour organiser les commémorations annuelles des victimes de l'attentat.

"C'est un enjeu de reconnaissance de leur statut de victime de l'attentat. C'est aussi important pour eux de voir que l'attentat de Strasbourg n'a pas été oublié", explique à BFMTV.com Jeanne Barseghian, la maire de Strasbourg. "Il y a ce besoin de reconnaissance et de considération qui est important."

"Des moments de cohésion"

Tout au long de l'année, la ville travaille ainsi avec les victimes pour l'organisation de la journée de commémoration du 11 décembre.

"Les premières années du mandat, on était soumis à des contraintes fortes liées au Covid, donc on n'a pas forcément pu faire ce qu'on voulait (...) Mais depuis deux ans, on a un format qui commence à se stabiliser", poursuit la maire de Strasbourg.

La journée démarre ainsi avec une cérémonie officielle, en présence des familles, des élus, et généralement d'un représentant de l'État. Le ministre de la Justice était notamment présent lors de la dernière cérémonie, moment important qui marquait les cinq ans de l'attentat.

En 2023, des messages avaient été accrochés sur un arbre du souvenir planté les années précédentes sur la place de la République. À l'initiative des associations et victimes, messages de soutien déposés en 2018 avaient également été projetés sur le palais Rohan, tandis qu'un concert hommage avait eu lieu le soir au Palais des musiques et des congrès, un moment qui avait déjà été mis en place l'année précédente.

"Ça permet aussi à des personnes de toute la ville et de tout le territoire métropolitain de venir manifester leur soutien", explique Jeanne Barseghian. "C'est aussi des moments de cohésion, de partage. À chaque fois, ça a été des moments absolument magnifiques, avec beaucoup de chaleur humaine, beaucoup d'émotions."

Une stèle, symbole de cette commémoration des victimes, avaient été inaugurée sur la place de la République un an après l'attentat. Aujourd'hui se pose toutefois la question de la rénovation de ce mémorial.

"Il y a une réflexion pour avoir quelque chose qui puisse être plus solide, plus pérenne", explique la maire de Strasbourg, qui précise que toute décision doit être prise en concertation avec les victimes et les associations.

"Effectivement, on a eu des discussions sur la stèle. Pour l'instant, le choix a été fait de la laisser en place. Mais je pense qu'elle nécessitera a minima une rénovation", estime l'élue.

Un besoin de reconnaissance au niveau national

Si les hommages aux victimes de l'attentat de Strasbourg prennent généralement place à la date anniversaire du 11 décembre, la ville rappelle toutefois que le travail de commémoration se fait tout au long de l'année, à l'abri des regards et dans un cadre bienveillant pour les victimes et les associations qui les suivent.

"Il est important de garder ce lien permanent avec les institutions, mais qu'elles puissent aussi s'exprimer, se retrouver, échanger entre elles dans un cadre sécure, chaleureux, convivial", explique Jeanne Barseghian.

Lors de ces réunions et échanges, il arrive également qu'un représentant de l'État soit présent, généralement un membre de la préfecture. Un point important pour la reconnaissance des victimes.

"Une des attentes importantes des victimes étaient de pouvoir avoir une présence de haut niveau de l'État", poursuit la maire de Strasbourg. "Elles ont parfois eu le sentiment que des attentats comme celui de Paris ou Nice étaient plus médiatisés que celui de Strasbourg. Elles se sentaient parfois un peu oubliées au niveau national."

La ville de Strasbourg n'a pas encore commencé à se pencher sur les commémorations de cette année 2024, d'autant que les victimes et familles étaient concentrées sur le procès qui s'est achevé ce jeudi, après cinq semaines d'audiences.

La ville de Strasbourg, qui a reçu les victimes et familles quelques jours avant l'ouverture du procès, attendait elle aussi beaucoup de ce moment.

"Il y a beaucoup d'attentes autour de l'établissement des responsabilités, la question de la responsabilité de ses complices potentiels, tous ceux qui ont pu faciliter la perpétration de cet attentat terroriste. Il y a beaucoup d'attentes, et la ville se tient aux côtés des victimes", conclut la maire de Strasbourg.

Ce jeudi, Audrey Mondjehi, principal accusé lors du procès, a été condamné à 30 ans de prison dont deux tiers de sûreté pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Laurène Rocheteau