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Police-Justice

Émeutes: de nombreux pillages dans la nuit, les magasins particulièrement visés

Alors que les bâtiments officiels, dont les mairies et les écoles, avaient été pris pour cible au début des affrontements, les commerces ont, la nuit de vendredi à samedi, été souvent visés.

Les magasins pris pour cible. Alors que l'Hexagone a connu dans la nuit de vendredi à samedi une quatrième nuit de violences urbaines, en lien avec la mort du jeune Nahel, 17 ans, tué par un tir de policier mardi à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, les commerces semblent cette fois avoir été particulièrement visés, faisant l'objet de divers pillages.

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire doit recevoir les représentants des commerçants, des hôteliers, des assureurs ainsi que des banques françaises ce samedi à 15h, en compagnie de la ministre déléguée en charge des Petites et Moyennes entreprises et du Commerce Olivia Grégoire, selon un communiqué de Bercy. Objectif: faire un point sur la situation de ces commerces après quatre nuits d'émeutes.

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Le nombre exact de commerces touchés ne peut pas encore être comptabilisé ce samedi, seuls les dépôts de plainte pouvant être pris en compte, indique une source policière à BFMTV.

Magasins de vêtements et téléphones à Lyon

Dans la région Rhône-Alpes, les magasins ont connu de gros dégâts à Lyon, Grenoble ou encore Saint-Étienne. À Grenoble notamment, des centaines de jeunes encagoulés ont pu dévaliser de nombreux magasins du centre-ville, notamment de vêtements et de téléphonie, avant une intervention tardive des forces de l'ordre.

Ce samedi matin, les rues de l'hyper-centre étaient jonchées de boîtes de chaussures abandonnées, de mannequins en morceaux et de verre brisé après le passage des casseurs et des pilleurs qui couraient, les bras chargés de leur butin.

À Saint-Étienne, dans la Loire, plusieurs centaines de jeunes, dont beaucoup portant un masque chirurgical, ont brisé des vitrines de magasins situés dans le centre à coup de pierre ou d'objets en métal, et pénétré dans plusieurs boutiques de vêtements, d'optique et de bijoux pour les piller. En Côte-d'Or, une boulangerie a été vandalisée à Beaune, tandis qu'à Saint-Florentin, dans l'Yonne, un magasin de bricolage a été incendié.

Une armurerie à Marseille

Plus au sud, à Marseille, la nuit a également été très tendue, avec la présence de groupes de jeunes, souvent masqués et "très mobiles" pillant ou tentant de piller plusieurs enseignes dans le centre, mais aussi dans certains quartiers populaires du nord de la ville. Un important incendie, "lié aux émeutes", selon une source policière, a éclaté dans un supermarché, rapporte l'AFP.

Bien que toute manifestation ait été interdite dans la cité phocéenne vendredi soir et que les transports en commun aient arrêté leur service dès 19h, des groupes de jeunes, pour beaucoup portant foulard ou masques sur le visage, se sont rassemblés dans le centre-ville, notamment sur la Canebière, célèbre artère conduisant au Vieux-Port.

Quelques jeunes garçons ont été aperçus, passant en courant, des habits neufs encore sur cintres et l'étiquette soldes visible à la main. Plusieurs boutiques ont été pillées, dont celle de l'enseigne de luxe Lancel, ainsi qu'une armurerie. Des renforts policiers ont été envoyés.

Un camion pour forcer l'entrée d'un centre commercial à Drancy

Des scènes similaires se sont également produites dans la capitale et ses banlieues. En Seine-Saint-Denis, "quasiment toutes les communes" ont été touchées, rapporte une source policière à l'AFP. De nombreux supermarchés ont été pillés notamment à Montreuil et Épinay-sur-Seine. À Drancy, des émeutiers ont utilisé un camion pour forcer l'entrée d'un centre commercial qui a été en partie pillé et incendié, indique une source policière. A Bondy, c'est un Conforama qui a été pillé a pu constater BFMTV.

Un magasin Conforama vandalisé lors de violences urbains en lien avec la mort de Nahel 17 ans, à Bondy, en Seine-Saint-Denis, le 1er juillet 2023
Un magasin Conforama vandalisé lors de violences urbains en lien avec la mort de Nahel 17 ans, à Bondy, en Seine-Saint-Denis, le 1er juillet 2023 © Charly TRIBALLEAU / AFP
"La protection des bâtiments publics a été la priorité", lâche auprès de l'AFP une source policière, expliquant en partie l'ampleur des dégâts pour les commerces, alors que mairies, commissariats et écoles ont également été visés.

À Paris, plusieurs boutiques du centre, dont l'une dans le quartier des Halles, ont été vandalisées. Quatorze personnes ont été interpellées, selon la préfecture de police, dont certaines gare du Nord avec des objets volés. Rue de Rivoli, 16 personnes ont été interpellées avec des sacs, des chaussures et des vêtements dérobés dans un magasin.

Selon un bilan donné par le ministère de l'Intérieur ce samedi matin, au moins 994 personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi et au moins 79 policiers ont été blesés.

Juliette Desmonceaux avec AFP