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Pourquoi Twitter est accusé d'être "complice" du cyberharcèlement visant Magali Berdah

Si Booba est mis en examen pour harcèlement moral aggravé, la plateforme américaine est également pointée du doigt pour sa passivité.

"Je pense que si j’avais dépassé les limites, mes tweets auraient été supprimés ou ma page fermée et ça n’a pas été le cas". Ce 2 octobre, face à un juge d'instruction, le rappeur Booba s'est défendu de tout cyberharcèlement visant Magali Berdah, fondatrice de l'agence d'influenceurs Shauna Events. Et pour cela, il s'est ainsi appuyé sur l'absence de toute sanction de la part de la plateforme, désormais propriété d'Elon Musk.

"Mes tweets sont restés"

"J’ai même eu des signalements durant toute cette période et Twitter n’a pas estimé que mes tweets étaient répréhensibles. Mes tweets sont restés" a-t-il ainsi ajouté, d'après les informations de BFMTV.

C'est justement l'attitude du réseau social qui pousse Magali Berdah à monter au créneau contre Twitter. Dès le mois de septembre 2022, l'agente d'influenceurs avait critiqué l'attitude d'Instagram et de Twitter, accusés de fermer les yeux sur les campagnes de cyberharcèlement, à ses yeux organisées par Booba. Bien que mis en examen pour harcèlement moral aggravé, ce dernier reste pour l'heure présumé innocent.

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Alors qu'Instagram a finalement supprimé l'ensemble de ses comptes (le privant de ses quelque 4,6 millions d'abonnés sur Instagram), Twitter n'a jamais pris de mesure visant le rappeur, qui s'est publiquement attaqué à Magali Berdah dans des dizaines de messages relayés par bon nombre de ses plus de 6 millions d'abonnés.

"Je vais la crever"

En avril 2023, Magali Berdah décide de passer à l'offensive en déposant une plainte contre Twitter, par le biais de ses avocats Rachel-Flore Pardo et Antonin Gravelin-Rodriguez, pour "complicité de harcèlement moral aggravé". Dans le document, que BFMTV a pu consulter, des messages publiés par Booba évoquent un lien entre Magali Berdah et le Mossad, font référence à un faux contenu pornographique impliquant cette dernière, ou affichent l'adresse de l'école de la fille de Magali Berdah.

"On va la crever. Moi je te dis on va la crever, moi je vais la crever" avait par ailleurs menacé Booba lors d'une diffusion audio en direct suivie par 10.000 internautes sur Twitter, le 19 janvier 2023. Là encore sans mesure prise par le réseau social.

Pour les avocats de Magali Berdah, le chemin avant d'arriver à une condamnation de Twitter est toutefois encore long. Pour ses utilisateurs européens, l'entreprise (Twitter International Unlimited Company) est implantée en Irlande. Elle ne dispose pas de représentant légal en France. Une absence de responsabilité déjà pointée du doigt par plusieurs avocats après l'assassinat de Samuel Paty, qui avait fait suite à des publications Facebook.

Début 2023, Twitter a de son côté été condamné par la Cour de Cassation en raison de l'absence de transparence autour des moyens de modération déployés pour lutter contre la haine en ligne.

Face aux difficultés de poursuivre les plateformes, les victimes de cyberharcèlement doivent ainsi opter pour des plaintes individuelles, visant chaque internaute. Des plaintes qui peuvent aboutir à des condamnations, parfois à de la prison ferme, à condition que ces mêmes plateformes acceptent de transmettre les données permettant d'identifier les internautes poursuivis aux autorités françaises.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co