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Instagram: Mark Zuckerberg a refusé des mesures visant à réduire les effets néfastes sur les ados

Le patron de Facebook et Instagram s'est opposé à ses propres équipes, qui recommandaient de mettre fin à certaines fonctions comme les filtres de beauté.

Face à la féroce concurrence de Tiktok, Mark Zuckerberg a-t-il préféré ignorer les alertes de ses équipes concernant les effets délétères d'Instagram sur les plus jeunes? C'est ce que semblent montrer des documents juridiques dévoilés lors du procès intenté par le Massachusetts contre Meta (maison-mère de Facebook et Instagram), aux côtés de nombreux autres Etats américains.

Comme le révèle CNN, ces documents intègrent des échanges entre Mark Zuckerberg et ses principaux lieutenants, parmi lesquels Adam Mosseri, le patron d'Instagram, mais aussi Margaret Gould Stewart, chargée du design des applications du groupe (qui a quitté l'entreprise depuis).

D'après les documents mentionnés par le média américain, Mark Zuckerberg s'est opposé en 2019 à la suppression des "filtres de beauté", permettant "d'embellir" artificiellement les jeunes utilisateurs (et surtout utilisatrices) d'Instagram, malgré les mentions de risques pour leur santé mentale.

"Le décalage entre l'image réelle et l'image améliorée crée énormément d'insatisfaction et de mal-être chez les adolescents" expliquait Olivia Petit, enseignante-chercheuse à Kedge Business School, auprès de l'AFP en mars 2023.

"J'espère que nous ne regretterons pas"

Les craintes autour de ces filtres de beauté ont par ailleurs été évoquées dans les documents internes révélés fin 2021 par la lanceuse d'alerte Frances Haugen, ancienne cadre de Facebook, qui évoquait les préoccupations autour des effets de ces miroirs déformants sur les jeunes filles. En cause, une différence entre leur image en ligne et leur image réelle, mais aussi la comparaison permanente avec d'autres utilisatrices utilisant ces filtres.

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Face au refus de Mark Zuckerberg de supprimer ces filtres, Margaret Gould Stewart a évoqué des recommandations d'universitaires pour tenter de le convaincre. "Je ne pense pas que nous fassions le bon choix, compte tenu des risques. J'espère simplement que nous ne regretterons pas cette décision dans quelques années" a-t-elle écrit dans un mail adressé au patron de Meta. Un avertissement qui est resté sans effet.

Toujours selon les documents évoqués par CNN, David Ginsberg, un autre cadre de l'entreprise, a alerté Mark Zuckerberg par mail en 2019 concernant des études internes et externes montrant la nocivité potentielle d'Instagram sur les utilisateurs. Malgré sa recommandation d'embaucher davantage d'ingénieurs pour travailler sur des outils limitant le caractère addictif de la plateforme, ainsi que ses effets en matière d'estime de soi, la demande a été refusée.

Auprès de CNN, Meta rappelle que les filtres de beauté existent sur toutes les grandes plateformes en ligne et qu'Instagram interdit ceux qui font la promotion de chirurgie esthétique.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co