Tech&Co
Tech

Santé mentale: les adolescentes françaises parmi les plus touchées par les méfaits d’Instagram

Des documents internes mis en ligne par le Wall Street Journal détaillent les effets délétères de l’application sur les adolescents, notamment dans l’Hexagone.

C’est une déluge d’informations compromettantes qui s'abat sur Facebook depuis le 13 septembre dernier, alors que le Wall Street Journal publie régulièrement des documents internes à l’entreprise. Parmi les sujets évoqués, les règles parfois inégales de la modération, la promotion de contenus polémiques par les algorithmes, mais aussi les effets négatifs d’Instagram - filiale de Facebook - sur les jeunes utilisateurs. Avec en première ligne les adolescentes, particulièrement sujettes aux complexes liés à l’apparence.

Ce 29 septembre, Facebook a souhaité réagir sur ce dernier point en publiant certaines des recherches évoquées par le Wall Street Journal, tentant de contextualiser les conclusions sur la santé mentale des jeunes femmes. Quelques heures plus tard, le quotidien économique publiait d’autres études, non partagées par Facebook. Des documents qui confirment les effets d’Instagram sur les adolescentes, notamment en France.

“Sentiment de mal-être”

“Les adolescentes perçoivent Instagram comme le pire réseau social lorsqu’il s’agit de comparer son corps et son apparence” peut-on lire en introduction du document datant de février 2021. Le texte commente une étude interne à Facebook portant sur plus de 50.000 utilisateurs et utilisatrices basés dans dix pays, dont la France.

Au niveau mondial, la moitié (48%) des jeunes femmes assurent comparer leur apparence “souvent” ou “toujours”, lorsqu’elles utilisent Instagram. La note de Facebook reconnaît que cette situation entraîne “un sentiment de mal-être”, avec plus d’un tiers des adolescentes estimant voir fréquemment ou toujours des contenus qui sont sources de complexes.

Toujours selon la même source, Instagram représente une source de “pression extrême” pour avoir une apparence parfaite aux yeux d’un tiers des adolescentes.

L’étude établit notamment la différence de perception entre jeunes hommes - également concernés, dans une moindre mesure - et jeunes femmes, tout en comparant la situation entre les pays. Selon les résultats, les pays occidentaux sont les plus concernés, notamment la France, plus touchée que les Etats-Unis.

Le document compare par ailleurs la tendance à se comparer avec les autres sur Instagram et les complexes physiques qu’un individu peut avoir. Un tableau montre ainsi qu’Instagram est potentiellement source de complexes chez les utilisateurs et utilisatrices de moins de 30 ans et ne l’est plus chez les personnes plus âgées.

“Cela renforce l’idée que nous devons concentrer nos efforts sur les adolescents et les jeunes adultes” conclut la note internet, suggérant une volonté de la part de Facebook d’améliorer la situation.

Filtres et mentions “J’aime”

Un autre document relaie cette fois une étude portant sur 100.000 personnes de neuf pays (dont la France). On y retrouve là encore des chiffres sur la tendance des adolescentes à se comparer négativement sur Instagram. C’est notamment le cas de 10% des jeunes utilisatrices françaises.

L’étude revient sur deux fonctions phares d’Instagram: les mentions “J’aime” et les filtres, avec là encore des effets nocifs pour la santé mentale des utilisateurs.

“Voir apparaître de nombreuses mentions “J’aime” [sur les publications des autres, ndlr] va de pair avec un ressentiment négatif” estiment les chercheurs.

Une observation qui pourrait être liée à la volonté d’Instagram de laisser les utilisateurs désactiver les “likes” sur leurs publications.

Les chercheurs estiment enfin que l’utilisation des filtres, l’une des principales fonctions de l’application, est nocive pour la santé mentale des utilisateurs, notamment dans les stories où cet outil est fréquemment utilisé à des fins esthétiques.

Depuis plusieurs années, les spécialistes alertent sur les effets des filtres sur la perception de soi, alors que certains habitués d’Instagram, Snapchat ou TikTok ont recours à de la chirurgie esthétique pour mieux correspondre à ces nouveaux modèles de beauté.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co