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La modération est moins stricte pour les VIP sur Facebook et Instagram

Le fondateur de Facebook fait construire un mur en pierres autour de sa propriété

Le fondateur de Facebook fait construire un mur en pierres autour de sa propriété - Josh Edelson - AFP

Facebook et sa filiale Instagram ont créé une liste d’utilisateurs “VIP”, qui ont parfois pu être exemptés du respect des règles appliquées aux autres internautes.

Un programme de Facebook permet à des millions de célébrités, responsables politiques et internautes en vue de ne pas avoir à obéir aux mêmes règles sur la modération des contenus que le reste des utilisateurs, affirme ce 13 septembre le Wall Street Journal.

5,8 millions de comptes concernés

Baptisé "Crosscheck" ou "XCheck", ce programme n'applique pas les mêmes contrôles aux messages publiés sur les comptes Facebook et Instagram de ces "VIP" que sur les comptes lambda, assure le quotidien économique en citant des documents internes à l'entreprise.

Il a inclus jusqu'à 5,8 millions d'abonnés en 2020. Certains sont exemptés des règles tandis que d'autres peuvent publier des messages enfreignant théoriquement les instructions en attendant qu'un employé de Facebook les examine.

Cela ne signifie pas qu'il y a "deux systèmes de justice" au sein du groupe, a rétorqué Andy Stone, un porte-parole de Facebook, dans une série de tweets. Si certaines pages ou comptes reçoivent une deuxième couche de vérification, c'est pour s'assurer que les règles sont mises en œuvre de façon appropriée et "éviter des erreurs", a-t-il affirmé.

"Nous savons que l'application de nos règles n'est pas parfaite et qu'il y a des compromis faits entre vitesse et précision", a-t-il reconnu.

"Revenge porn": Neymar protégé par Instagram

Selon l'article du Wall Street Journal, Instagram (filiale de Facebook également concernée) a par exemple permis en 2019 à la star du football Neymar de montrer à ses millions d'abonnés des photos, nues, d'une femme qui l'accusait de viol, avant de les supprimer.

Le joueur du PSG, qui selon le règlement d’Instagram sur le “revenge porn” aurait dû voir son compte supprimé, a été protégé par ce traitement spécifique. Il n’a ainsi pas été sanctionné.

Le groupe aurait par ailleurs laissé certains comptes partager des affirmations jugées fausses par les “fact-checkers de Facebook”, y compris que les vaccins tuent ou que l’ancienne candidate à la Maison Blanche Hillary Clinton a couvert de soi-disant réseaux pédophiles.

L'ex-président américain Donald Trump était également protégé avant d’être banni de Facebook en janvier 2021. Il n’a ainsi pas été sanctionné après avoir qualifié d'"animaux" les demandeurs d'asile.

Pour le conseil de surveillance de l'entreprise, la mise en place de mesures spéciales sur la modération des contenus est gênante.

Cet organisme "a exprimé à plusieurs reprises son inquiétude quant au manque de transparence dans les processus de modération de contenus de Facebook, en particulier en ce qui concerne la gestion incohérente par l'entreprise des comptes les plus en vue", a déclaré le porte-parole de cette instance, censée être indépendante mais financée par le groupe.

Dans un message datant d'il y a trois ans, l'entreprise assurait que le fait de vérifier certains contenus une deuxième fois n'empêchait pas le compte, la page ou le message d'être retiré mais permettait de s'assurer que toute décision faite en ce sens était "prise correctement".

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably avec AFP Rédacteur en chef adjoint Tech & Co