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A quoi ressemble le nouveau campus de Google?

En marge de la Google I/O, Tech&Co s’est rendu à Bay View, le campus flambant neuf de Google à Mountain View (Californie). Un site pensé de A à Z par l’entreprise pour s’inscrire philosophiquement au coeur de son environnement.

Un G géant qui trône devant la porte d’entrée. Des vélos multicolores bien alignés et tous estampillés Google tandis qu’un bonhomme vert Android en tenue de cosmonaute nous accueille derrière la vitre. Aucun doute possible, nous sommes bien sur les terres du géant californien d’internet, devant un bâtiment moderne au toit en forme de vagues qui tranche avec le site historique.

"Ici, nous avons conçu un bâtiment de A à Z", nous explique-t-on en arrivant. "C’est le premier campus Google sorti de terre avec nos recommandations et nos envies." Bienvenue à Bay View, à quelques encablures du Googleplex, le siège initial, et aussi d’autres terrains situés à proximité, qui forme le très vaste campus éclaté. À Mountain View (Californie), Google est roi, comme Apple l’est avec son Apple Park et son Apple Campus à Cupertino, ou comme Facebook/Meta à Palo Alto. 

L'entrée de Google Bay View
L'entrée de Google Bay View © Tech&Co - Melinda Davan-Soulas

La nature au coeur de tout

Face à nous, juste à côté du centre de recherche de la Nasa qui a vue sur son ancien terrain, se dresse donc un site de plus de 167.000 m² répartis en trois bâtiments (environ 100.000 m² de bureaux) positionnés autour d’une place centrale façon Agora. C’est là que se pressent les salariés à toute heure pour manger ou prendre leur pause-café en profitant du soleil. Un tunnel permet de passer d’un bâtiment à l’autre par en dessous sans sortir. On trouve aussi un bâtiment d’hébergements pour les employés en visite, un centre d’événements, ainsi que des infrastructures pour alimenter Bay View en énergies renouvelables.

Le site Bay View du campus Google
Le site Bay View du campus Google © Google

Ouvert en mai 2022 et pouvant accueillir jusqu’à 4500 salariés, Bay View espère à terme regrouper les salariés de plusieurs sites actuels. Le télétravail a pour conséquence d’opérer un sacré turnover des bureaux qui ne sont jamais occupés en permanence. Il y a de quoi remplir.

Le projet a démarré en 2017 avec l’idée de concevoir un site polyvalent, écologique, spacieux et ouvert sur la nature. En témoignent pour ce dernier point de très grandes baies vitrées qui habillent chaque ensemble de bureaux. "Nos bâtiments se veulent positifs en énergie", poursuit notre guide du jour. "Baie View est 100% électrique pour réduire les émissions de carbone et ce toit en forme d’écailles, c’est aussi pour intégrer un revêtement solaire unique qui permet de générer 40% de l’électricité annuelle. Le site dispose aussi de parcs éoliens à proximité pour compléter les besoins."

Le toit en écailles est en fait couvert de panneaux solaires
Le toit en écailles est en fait couvert de panneaux solaires © Tech&Co - Melinda Davan-Soulas

La baie de San Francisco étant à portée de vue, l’eau et la nature ont été au coeur de la conception. L’herbe n’est tondue qu’une fois par an et les animaux ont toute liberté de gambader, les plantes locales de pousser. Des bassins de gestion des eaux pluviales sont répartis sur le site pour permettre l’utilisation dans les bâtiments dont le toit est aussi structuré pour récupérer les eaux. Les eaux non potables sont également recyclées, filtrées et utilisées notamment pour les sanitaires.

"Nous sommes positifs aussi en eau sur le site", se félicite-t-on chez Google. Et pour chauffer les lieux, un système géothermique a été mis en place à l’aide de larges tuyaux qui vont, selon les besoins, rafraîchir ou réchauffer les locaux. Le tout en utilisant 90% moins d’eau pour chauffer les lieux. Cela peut même être fait en fonction de la zone et de l’occupation.

Codes couleurs et innovation cachée

À l’intérieur, chaque bâtiment se déploie sur deux niveaux: au 1er étage, on trouve un large espace ouvert, sous un plafond très haut pour faire circuler l’air et la lumière. Le système d’aération est aussi réalisé via d’énormes ouvertures au niveau du palier qui abritent des ventilateurs autogérés. Le rez-de-chaussée est occupé par les espaces cafétéria, les salles de réunion, les box individuels. Le tout suit un code couleur pour mieux se repérer par zone (au nom en lien avec la nature dans l’un des bâtiments, d’animaux dans l’autre), intérêt de l’espace (gris pour les laboratoires, noir pour les toilettes, bleu pour les ascenseurs…) et un ordre de rues pour se retrouver plus facilement. Les pièces sont ensuite nommées par ordre alphabétique du Nord au Sud.

Une chose frappe: pour une entreprise tech, pas d’innovation waouh ou d’installations technologiques dans chaque recoin. Pas d’affichage outrancier des services maison non plus. L'endroit se veut cool et reposant, limite contemplatif.

Les bâtiments sont organisés en zones de couleur
Les bâtiments sont organisés en zones de couleur © Tech&Co - Melinda Davan-Soulas
Google Bay View
Google Bay View © Tech&Co - Melinda Davan-Soulas
L'étage des bureaux à Bay View
L'étage des bureaux à Bay View © Google

Un autre site jumeau, Charleston East, situé à proximité, finit ses travaux. Il reprend le même design avec son toit très haut, autant pour des questions environnementales et écologiques que pour sacraliser un précepte important chez Google: le sentiment d’appartenir à une même communauté. Des espaces plus grands qu’avant et plus vastes pour refléter aussi cette philosophie autant qu’une stratégie qui incitent les salariés à échanger, collaborer. 

Un espace d'un autre bâtiment plus ancien du campus Google de Mountain View
Un espace d'un autre bâtiment plus ancien du campus Google de Mountain View © Tech&Co - Melinda Davan-Soulas

Par rapport aux anciens sites, parfois plus marqués visuellement, mais en zones délimitées, le campus Google Bay View voit tout plus grand, plus tape-à-l’œil. Comme pour refléter autant le gigantisme de l’entreprise que pour se montrer en havre de paix au milieu de la nature et répondre aussi aux critères d’une génération de nouveaux employés à séduire. Celle qui passe moins de temps au travail avec la montée en puissance du télétravail, mais à laquelle l’entreprise veut toujours montrer un côté cool pour fidéliser aussi des employés de plus en plus volatiles.

Mélinda Davan-Soulas