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Apple pourrait être forcé à rendre iMessage compatible avec WhatsApp

L’entreprise souhaite que sa messagerie soit exclue du cadre du DMA, la nouvelle régulation européenne destinée à protéger la concurrence entre les géants du numérique.

C’est le début d’un combat de taille pour Apple, face à l’Union européenne. Ce 6 septembre 2023, l’UE a désigné les principaux services qui seront concernés par le DMA. Un texte qui vise à protéger les consommateurs de pratiques anticoncurrentielles. Tandis que le DSA - en application depuis le 25 août - s’attaque (entre autres) à la lutte contre la haine en ligne ou à la transparence des algorithmes, le DMA entend forcer les géants de la tech à mieux s’ouvrir à la concurrence.

A partir du 6 mars 2024, Apple devra ainsi autoriser d’autres magasins d’applications que son App Store, ou laisser les applications pour iPhone proposer d’autres moyens de paiement que le sien - avec une commission à la clef. Mais dans la liste des services visés par le DMA (parmi lesquels WhatsApp, Messenger, TikTok, Facebook ou Instagram) figure un absent de taille: iMessage. Pour l’heure, Apple a en effet convaincu le régulateur européen d’exclure son outil de messagerie des cibles du texte.

Enquête ouverte sur iMessage

Pour Apple, cette exclusion est capitale. Partisan de la fermeture totale de ses systèmes - notamment de messagerie, l’entreprise souhaite éviter l’une des principales contraintes du DMA sur les messageries (article 7): l'interopérabilité. Actuellement, seuls WhatsApp et Messenger seront contraints par le texte de fonctionner avec les autres applications de messagerie disponibles dans l’Union européenne.

Concrètement, le DMA impose à ces messageries de permettre aux utilisateurs d’envoyer des messages, des vidéos ou des images aux utilisateurs des autres messageries. La compatibilité des appels (audio/vidéo) par Internet est également requise. Autrement dit, WhatsApp sera bientôt forcé de laisser ses utilisateurs communiquer avec ceux qui utilisent des plateformes concurrentes, comme Messenger, mais aussi Telegram, Signal et consorts. Un destin qu’Apple souhaite éviter pour iMessage.

Mais la partie est pourtant loin d’être finie. Pour convaincre l’UE de ne pas imposer ces règles à iMessage, Apple a juré que son outil de messagerie comptait moins de 45 millions d’utilisateurs européens actifs par mois (un critère pour éviter d'être soumis au DMA). Ce 6 septembre, l’UE annonce lancer une enquête concernant iMessage, afin d’évaluer la crédibilité des arguments d’Apple. Les conclusions doivent être rendues sous cinq mois.

Si cette enquête devait livrer des conclusions hostiles à Apple, les utilisateurs d’iPhone verraient alors iMessage s’ouvrir (de force) aux autres applications de messagerie. Avec à la clef la possibilité d’échanger texte et photos avec WhatsApp, Messenger, mais aussi la messagerie instantanée d’Android, ou encore Telegram. Un cauchemar potentiel, pour les équipes de Tim Cook.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co