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Snapchat, TikTok: comment les autorités retrouvent l’identité des émeutiers

Comme l’a expliqué le gouvernement, l’identité d’un internaute peut être trouvée avec l’aide des plateformes. Mais celles-ci n’ont aucune obligation de coopérer.

"On va péter les comptes". Après plusieurs nuits d’émeutes, l’avertissement du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti semblait clair: alors que de nombreux émeutiers passent désormais devant les tribunaux, les autorités comptent bien retrouver les fauteurs de trouble par le biais de leurs comptes Snapchat ou TikTok. Des outils très utilisés pour diffuser les vidéos de violences ou pillages, et, dans une moindre mesure, pour se rassembler.

Transmission de l’adresse IP

Pour enquêter, la police dispose notamment de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC). Un organisme qui est autorisé à notifier aux plateformes tout contenu "manifestement illicite", mais aussi d’envoyer des réquisitions judiciaires afin d’obtenir des informations d’identification d’un internaute.

Contrairement à une idée répandue, les utilisateurs des réseaux sociaux ne bénéficient pas d’anonymat, mais d’un simple pseudonymat: il reste possible de les identifier par le biais de leur adresse IP, associée à leur box et donc à leur contrat internet.

Dans les faits, les autorités envoient une réquisition judiciaire à la plateforme, afin d’obtenir l’adresse IP du propriétaire du compte à identifier. Cette adresse IP est ensuite fournie aux fournisseurs d’accès à Internet, qui partagent le nom de l’abonné rattaché à cette box.

Un fonctionnement qui a permis à de nombreuses reprises d’identifier puis condamner les auteurs de faits répréhensibles, par exemple dans le cas du harcèlement de personnalités telles qu'Eddy de Pretto ou la chanteuse Hoshi.

Bon vouloir des plateformes

Mais encore bien souvent, les autorités dépendent du bon vouloir des plateformes comme TikTok, Snapchat, Twitter ou Facebook, qui ont pour point commun d’être basées à l’étranger. Pour les utilisateurs européens, leurs sièges sont disséminés entre l’Irlande et Londres.

"Certains opérateurs, parfois, ne coopèrent pas. Alors qu’ils devraient. C’est un sujet sur lequel nous travaillons de manière ardue" avait ainsi regretté Fabienne Lopez, cheffe du centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N), dans le cadre de la lutte contre le trafic de faux pass sanitaires, en janvier 2022.

Un commentaire qui fait référence au fait qu’une plateforme étrangère ne peut être obligée de répondre favorablement à une réquisition judiciaire émanant des autorités françaises.

Auprès de Tech&Co, le député de la majorité Eric Bothorel, particulièrement investi dans les sujets numériques, évoque une autre difficulté, bien plus pragmatique.

“D’après mes informations, le travail des enquêteurs est bien plus difficile le week-end" regrette-t-il, faisant référence à la moindre présence d’équipes aux sièges irlandais et londoniens des plateformes.

Cette absence d’obligation de coopération de Snapchat ou TikTok a poussé le gouvernement à faire pression sur eux: leurs représentants ont ainsi été reçus ce vendredi 30 juin au ministère de l’Intérieur. Avec à la clef, l'objectif de "faire pression" sur ces plateformes, comme l’a rappelé le ministre du numérique Jean-Noël Barrot ce 4 juillet.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co