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Police-Justice

Cyberharcèlement: Eddy de Pretto veut une meilleure formation de la police et de la justice

L'acteur et musicien français Eddy de Pretto sur la scène de la salle Pleyel à Paris, le 22 février 2019

L'acteur et musicien français Eddy de Pretto sur la scène de la salle Pleyel à Paris, le 22 février 2019 - Bertrand GUAY © 2019 AFP

Onze personnes poursuivies par le chanteur pour cyberharcèlement ont été condamnées ce lundi par le tribunal correctionnel de Paris, à des peines de trois à six mois de prison avec sursis.

"On sent encore que dans les bureaux de police, ils ne sont pas tout à fait habitués". Ce lundi, onze personnes ont été condamnées pour cyberharcèlement contre Eddy de Pretto. Le chanteur avait été victime d'un déchaînement de violence sur les réseaux sociaux en juin dernier après avoir chanté dans une église à Paris.

Il s'est dit, dans un tweet, "satisfait" de la décision de justice à la fois "pour (son) préjudice personnel" mais également "contre le cyberharcèlement, et toutes les formes de discrimination sur les réseaux sociaux".

Toutefois, dans un entretien accordé à Mediapart, Eddy de Pretto a tenu à souligner certaines lacunes et retard de la police et de la justice en ce qui concerne les cas de cyberharcèlement.

"Le juge m'a demandé comment ça se passait Instagram"

Ces condamnations sont, selon lui, "l'exemple de ce que peut faire la police aujourd'hui". "Beaucoup expriment qu'on n'a pas d'armes, qu'il n'y a pas de réaction face à la haine en ligne", affirme Eddy de Pretto.

"Mais, non la justice ne fait pas rien", lance-t-il au micro de Mediapart.

Le chanteur estime néanmoins que les services judiciaires ou les policiers ne sont pas toujours au fait de la manière dont fonctionnent les réseaux sociaux et, de fait, de comment s'exprime le harcèlement en ligne.

"Au procès, à plusieurs reprises, le juge m'a demandé comment ça se passait Instagram, il m'a demandé de lui expliquer une story...", raconte-t-il.

Eddy de Pretto pointe alors du doigt le besoin de pédagogie. "C'est vrai que pour nous, ça nous parait des choses complètement folles, mais pour bien comprendre comment ça se passe et comment ces gens-là arrivent à pouvoir publier ce genre de choses, le juge doit pouvoir tout comprendre", détaille-t-il.

Encourager à porter plainte

Toutefois, l'interprète de 29 ans espère que son exemple encourage à aller porter plainte. "Ça peut être un monument quand on voit toutes les démarches qu'il y a à faire", admet-il.

"C’est très difficile mais on a besoin de toutes ces petites pierres pour avancer"

"Plus on aura éduqué notre justice à voir ce qu'il se passe sur les réseaux sociaux, plus on arrivera à nos fins, c'est-à-dire moins de violence et de haine", poursuit le chanteur, estimant que la justice et la police doivent "les rouages des réseaux sociaux".

Il souhaite que son exemple soit porteur d'espoir: "Ça montre qu'il est possible de porter plainte, que les démarches se font de mieux en mieux et qu'elles sont de plus en plus écoutées, même concernant les réseaux sociaux".

"Abus à la liberté d'expression"

Lors de l'audience, la procureure a qualifié les messages des condamnés d'"abus à la liberté d'expression" et rappelé que le "blasphème et les atteintes à la religion ne sont pas réprimés par le droit".

Dans l'église Saint-Eustache de Paris, Eddy de Pretto avait notamment interprété trois chansons dont un titre dans lequel il évoque la difficulté de concilier religion et homosexualité et qui contient le terme "sodomite". Les images de cette prestation, relayées en nombre sur internet, lui avaient valu d'être l'objet de menaces et de messages à caractère homophobe.

Salomé Robles