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Pièges anti-moustiques: ce qui marche, ce qui ne marche pas

Borne anti-moustiques, applications, lampes: de nombreux dispositifs promettent de repousser les invasions estivales de moustiques. Avec plus ou moins de succès en fonction des solutions adoptées.

Ils prolifèrent à vitesse grand V. Eux, ce sont les moustiques-tigres présents en France depuis 2004. La période estivale voit ces insectes accroître leur aire d'influence sur le territoire hexagonal. Au point d'alerter Santé publique France car ces moustiques sont vecteurs de diverses maladies comme la dengue ou le chikungunya.

Des alternatives technologiques existent toutefois pour tenter d'en limiter la prolifération. Avec des résultats divers. Petit tour d'horizon des solutions proposées.

Parmi les plus plébiscitées, les bornes anti-moustiques. Ces appareils imitent la respiration humaine en rejetant du CO2 associé à des leurres olfactifs: des phéromones qui simulent l'odeur de la peau humaine.

"Un adulte émet un kilo de CO2 par jour et les moustiques sont capables de remonter cette source de molécules jusqu'à 70 mètres" explique Dominique Hauptmann, président de Dipteratech, société spécialisée dans la lutte contre les moustiques. "Généralement, les leurres utilisés reproduisent quatre types de phéromones humains: l'octenol, l'acide lactique, l'acide hexanoïque et l'ammoniaque", qui sont responsables de la fabrication des odeurs corporelles présentes naturellement chez l'Homme.

Les bornes anti-moustiques: oui, mais...

Ces éléments combinés attirent les femelles moustiques - celles qui piquent - près de la borne pour ensuite les piéger dans un filet. L'anti-Moustique intelligent (LAMI), la borne anti-moustiques Qista ou encore Ma Boite à Moustiques: de nombreuses entreprises commercialisent ce type de pièges.

"Cette stratégie de leurre fonctionne", assure Dominique Hauptmann. "Chez Dipteratech, nos expériences ont montré que ces pièges individuels diminuent la densité de moustiques présents. Mais on peut tout de même continuer à se faire piquer, car si vous restez à proximité du piège, vous entrez en concurrence avec la machine en émettant vous-même, ou les personnes proches de vous, du CO2."

Pour cause, "les moustiques préfèrent toujours un hôte à un piégeage individuel" qui "ne peut pas, à lui seul, résoudre de façon significative la nuisance des moustiques", résume, l'Entente Interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen (EID Méditerranée) - un organisme public de lutte contre la multiplication des moustiques dans cette zone géographique - dans son rapport publié le 2 juillet 2021 intitulé "Les pièges à moustiques",

Une ceinture "anti-moustiques"

Par ailleurs, l'efficacité des bornes à moustiques va également varier en fonction de différents paramètres comme ses conditions d'installation ou encore l'espèce de moustiques présente dans la zone à protéger. Il faut aussi souligner que les pièges ne se valent pas tous. Ils "ne capturent pas tous les mêmes espèces ni les mêmes quantités de moustiques", indique l'EID Méditerranée. Selon l'organisme, ce type de dispositif est "fiable", mais "insuffisant" s'il est utilisé seul. Son efficacité peut être optimisée en déployant plusieurs de ces pièges, pour constituer un réseau, sur le périmètre à défendre des moustiques.

Une étude de septembre 2020, publiée dans la revue scientifique Parasites & Vectors par le service d’Entomologie Médicale du CHU de Nice, en partenariat avec le Service MIVEGEC de l’IRD-CNRS de Montpellier, a justement démontré l’efficacité de ces agglomérats de pièges, dénommé "ceintures anti-moustiques", qui permettent, selon le document, de réduire de 50% le taux de piqûre après une semaine et jusqu'à presque zéro après 6 semaines.

Prévenir l'apparition d'eau stagnante

Selon une étude, publiée en septembre 2021, par l'Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (Anses) sur l'efficacité des bornes individuelles à CO2, ces dernières "constituent un outil de lutte contre les moustiques parmi d’autres, dont l’efficacité est d’autant plus importante qu’ils sont utilisés en combinaison avec d’autres outils, notamment ceux visant la réduction des gîtes larvaires".

Gîte larvaire? Il s'agit d'environnements favorables à la stagnation de l'eau, une gouttière ou un siphon de lavabo par exemple, qui ont pour conséquence la prolifération des moustiques. Pour priver les insectes volants de l'eau nécessaire à leur développement et éviter qu'ils se multiplient, il s'agit d'adopter les bons gestes.

"L'hygiène préventive doit être constamment entretenue. Un moustique peut déposer plusieurs centaines de larves à la surface de l'eau stagnante d'une piscine mal réparée et, quatre jours plus tard, c'est l'invasion", prévient Dominique Hauptmann.

"La première règle pour lutter contre les moustiques est de faire la chasse à ce genre de défauts que l'on peut trouver dans les espaces que l'on protège. En faisant attention à ce genre de détails, on peut arriver à zéro moustiques".

Les applications anti-moustiques: une arnaque?

Autre produit répandu pour lutter contre les moustiques: les lampes. Problème: ces pièges lumineux ne fonctionnent que la nuit. "Ils sont donc inefficaces contre le moustique-tigre qui évolue en journée contrairement aux moustiques culex (le moustique commun, ndlr)", analyse Dominique Hauptmann. En outre, ces systèmes, contrairement aux pièges à CO2, ne sont pas sélectifs et capturent les insectes sans distinctions (mouches, papillons...) ce qui, accessoirement, nuit à la biodiversité.

S'agissant des vêtements anti-moustiques, "les études ne sont pas assez approfondies" pour évaluer leur efficacité, estime Dominique Hauptmann. A minima, "ils doivent être traités avec du pyrèthre qui est un répulsif. Or, certaines personnes ne sont pas emballé par le fait d'avoir ce type de molécule chimique sur leurs vêtements"

Populaires, de nombreuses applications censées combattre les moustiques sont disponibles sur l'App Store (iOS) et le Google Play Store (Android). La plupart promettent d'éloigner les insectes en émettant des ondes à basse fréquence.

Cependant, il n’a jamais été scientifiquement prouvé que les sons à basse fréquence ont la capacité de repousser les moustiques. En outre, les haut-parleurs des smartphones n'ont pas la capacité d’émettre des sons de cette nature contrairement à ce que les applications anti-moustiques laissent croire. La raison? La qualité limitée des haut-parleurs de ce type d'appareil. Inutile, donc.

Louis Mbembe