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Données personnelles

Payer ou être pisté: pourquoi l'abonnement payant de Facebook est attaqué par l'UFC-Que choisir

Après l'organisation Noyb, c'est au tour de l'UFC-Que Choisir de s'attaquer à l'abonnement payant de Meta, qui permet d'éviter de partager ses données personnelles.

Ce jeudi 29 février, l'UFC-Que Choisir, aux côtés de sept autres associations de consommateurs européennes, a déposé plainte contre Meta auprès des régulateurs des données personnelles (la Cnil, en France). En cause, la gestion des données personnelles par l'entreprise américaine et la nécessité de payer un abonnement pour ne pas voir ses données être utilisées, et donc ne plus voir apparaître de publicité ciblée.

Depuis l'arrivée des abonnements payants chez Facebook et Instagram, fin 2023, Meta, leur maison-mère, fait face à un mur de critiques. Car cette souscription mensuelle est le seul moyen de continuer à utiliser ces deux réseaux sociaux sans qu'ils ne collectent vos données personnelles. Si vous refusez de payer, vous devez donc accepter d'en dévoiler beaucoup sur vos usages sur internet, ou tout simplement arrêter d'utiliser ces deux plateformes.

L'UFC-Que Choisir attaque Meta

Une option payante qui avait fait bondir l'organisation autrichienne Noyb le 28 novembre dernier, puisqu'elle avait décidé de déposer une plainte à l'encontre de Meta, jugeant que ce forfait (12,99 euros/mois) n'était tout simplement pas légal au regard du RGPD, le règlement européen sur les données personnelles. Ce 29 février, c'est donc au tour de l'UFC-Que Choisir de se lancer à l'assaut de la forteresse Meta.

L'association s'interroge sur la manière dont Meta continue de collecter les données de ses utilisateurs, même ceux qui sont abonnés: "L'entreprise collectera-t-elle effectivement moins de données ou cessera-t-elle simplement de diffuser des publicités sans pour autant réduire son pistage massif? Impossible de le savoir" regrette l'association dans un communiqué de presse.

L'UFC Que Choisir déplore également que la manière dont Meta collecte les données enfreigne "les principes fondamentaux du RGPD": "Meta ne démontre pas limiter la collecte de données, au contraire. L’entreprise aspire simplement toutes les données possibles et imaginables, tout en dissimulant systématiquement l’ampleur de ses pratiques, en utilisant un langage volontairement ambigu et en ne révélant que la partie émergée de l’iceberg de ses pratiques de 'pistage'."

Consentement "libre et éclairé"

Un pistage que l'association décrit comme du véritable "espionnage" puisque même en dehors de Facebook et d'Instagram, il est possible pour les deux plateformes de vous suivre en temps réel: "Les consommateurs ne peuvent raisonnablement s'attendre à une telle intrusion massive dans tous les aspects de leur vie privée et de leur personnalité."

La plainte a été déposée après une prise de position de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), qui avait jugé le 4 juillet 2023, avant que Meta ne lance ses abonnements, qu'il était possible pour les plateformes de proposer une alternative sans publicité en échange "d'une rémunération appropriée," qui permettrait un consentement "libre et éclairé."

Le problème se trouve donc dans le montant maximum pour qu'il soit à la fois "approprié" et que l'utilisateur ait vraiment la possibilité de consentir de façon "libre et éclairé" à partager ou non ses données.

Outre l'arrêt des abonnements de Meta, l'UFC-Que Choisir, comme les autres associations de consommateurs, souhaite donc que la justice et les régulateurs mettent un terme aux activités de Meta dans la collecte de données. Concrètement, le but est de forcer Facebook et Instagram à proposer aux utilisateurs de ne pas consentir à ce pistage en ligne, sans pour autant qu'ils ne soient obligés de mettre la main au porte-monnaie.

La CNIL, qui gère ces problématiques en France, avait déclaré en novembre dernier la nécessité d'une "justification" de la part de Meta pour la mise en place d'un abonnement mensuel: "S'il n'appartient pas aux autorités de protection des données de fixer le prix d'un service, elles peuvent en revanche en contrôler la pertinence lorsque ce prix est l'alternative au ciblage publicitaire." Le régulateur irlandais, lui, avait expliqué être en train d'évaluer cet abonnement.

Sylvain Trinel