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Abonnement payant de Facebook et Instagram: pourquoi le message affiché par Meta est mensonger

Auprès des utilisateurs, les deux plateformes évoquent "l'évolution des lois" pour justifier leur abonnement payant. En réalité, cela fait suite à des décisions judiciaires condamnant Meta, leur maison-mère.

En France, comme dans tous les pays de l'Union européenne, Facebook et Instagram diffusent un message pour le moins inédit: il invite les utilisateurs à payer 13 euros par mois (ou 10 euros par mois sur ordinateur) pour accéder aux deux plateformes appartenant à l'entreprise Meta.

Un tarif plutôt élevé, que le message justifie par "une évolution des lois". En réalité, la loi impliquant l'arrivée de cette offre payante est le RGPD, règlement européen sur les données personnelles, en vigueur depuis… mai 2018.

Non-respect du RGPD

Dans les faits, les abonnements payants de Facebook et Instagram font davantage suite à des pratiques potentiellement illicites qu'à une évolution de la législation. Et notamment au non-respect par Meta du RGPD, qui encadre la collecte de données personnelles d'internautes par les plateformes en ligne.

Parmi les possibilités évoquées par la loi européenne pour rendre une telle collecte légale, figure l'obtention du consentement des utilisateurs. Ce que Meta a toujours souhaité éviter, pour ne pas risquer de faire face à des refus massifs et à des pertes importantes de revenus.

Pendant cinq ans, Meta a donc jonglé avec d'autres possibilités offertes par le RGPD, dans des cadres spécifiques, comme la possibilité de collecter les données des internautes si cela était indispensable à l'exécution d'un contrat.

 Pourquoi Facebook et Instagram lancent-ils un abonnement payant en Europe?
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Revers judiciaires

Meta a ainsi tenté de convaincre les autorités européennes que l'acceptation de ses conditions d'utilisation par l'utilisateur constitue un contrat à respecter, en récoltant ses données, mais sans succès: Meta a été condamné fin 2022 à une amende de 390 millions d'euros par le gendarme irlandais des données personnelles.

Début 2023, Meta a par la suite plaidé la notion "d'intérêt légitime", prévue par le RGPD, en tentant de convaincre que la diffusion de publicité ciblée était indispensable au bon fonctionnement de Facebook et Instagram. Là encore sans succès: en juillet 2023, la Cour de justice de l'Union européenne a finalement imposé à Facebook de récolter le consentement de ses utilisateurs, toujours en vertu du RGPD de 2018.

La justice européenne a toutefois estimé que l'alternative au consentement pouvait être le paiement d'une somme "appropriée", inspirant à Meta son nouvel abonnement payant. Mais avec une facture de 10 à 13 euros par mois, pour des utilisateurs européens rapportant en moyenne 6 euros par mois par le biais de leurs données personnelles, le gendarme irlandais des données personnelles pourrait juger cette somme trop importante. Et forcer Meta à baisser ses tarifs.

Interrogé par Tech&Co pour préciser à quelle nouvelle loi le message diffusé sur Facebook et Instagram faisait référence, Meta n'a pas répondu.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co