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"Ça marque un enfant au fer rouge": le père d'Amandine revient sur le harcèlement subi par sa fille

La collègienne de 14 ans, harcelée par ses camarades et sur les réseaux sociaux, se voit actuellement refuser une place dans un autre établissement. Son père s'est exprimé au micro de BFMTV.

Un calvaire qui n'en finit pas. Amandine, une collégienne de 14 ans scolarisée en Gironde, est insultée par ses camarades de classe et sur les réseaux sociaux depuis des mois. Face au cyberharcèlement qu'elle subit, ses parents ont décidé de la changer d'établissement. Une demande, effectuée auprès du rectorat, qui reste pour l'instant lettre morte, faute de place. Amandine craint de devoir retourner auprès de ses bourreaux à la rentrée.

"À l'heure actuelle, on a fait une demande, on va peut-être avoir une réponse positive mais on est encore dans l'attente. Ça reste flou", explique Laurent, le père d'Amandine au micro de BFMTV.

Il ajoute: "Avec mon épouse, on a eu l'impression d'être lâchés suite à notre première demande". Reçus par la directrice d'un nouvel établissement qui leur confirmait prendre leur fille à la rentrée, les parents d'Amandine ont eu d'abord bon espoir. Avant de recevoir un mail contradictoire du rectorat indiquant que "les effectifs étaient complets".

D'après le rectorat de Bordeaux, "le refus fait à la famille a été pris sur la base d'effectifs trop nombreux en juin [...]. La situation sera étudiée avec justesse et bienveillance fin août lorsque les effectifs sont stabilisés". La famille est invitée à déposer un recours.

Un déchaînement de haine sur les réseaux

Amandine subit depuis plusieurs mois un déferlement de haine sur les réseaux sociaux. "On a jamais su exactement comment ça avait commencé, une histoire entre copines qui s'est déchaînée sur les réseaux, raconte Laurent. Elle se faisait traiter de putes, insulter en ligne ou quand elle se déplaçait en ville, par des copains, des copines ou des gens qu'elle ne connaissait pas, ça a été très dur pour elle."

" Elle ne voulait plus aller à l'école, ne voulait quasiment plus manger et passait son temps à pleurer. Ça marque un enfant au fer rouge, c'est très compliqué après de pouvoir gérer ça."

Face à la détresse de leur enfant, les deux époux se sont rapprochés de la gendarmerie ainsi que des parents et des enfants concernés. "On a essayé de discuter pour comprendre ce qu'il se passait", déclare le père d'Amandine. " Je pense qu'il faut être plus à l'écoute des deux partis, de l'enfant harcelé et de l'enfant qui harcèle car il y a peut-être un problème dans les deux camps."

Il déplore que le système soit "très lent". "'L'État a mis des choses en place contre le harcèlement, c'est sur la bonne voie mais ça reste un point phare, il faudrait peut-être appuyer encore plus", suggère-t-il.

"Il faut absolument que la protection des enfants soit beaucoup plus rapide, qu'on puisse être mieux guidés. Il y a des possibilités d'accompagnement mais nous on l'a appris que très très tard."

Amandine est en train de "remonter la pente"

En effet, le 3020, le numéro d'écoute au service des familles et des victimes, n'aurait pas été utilisé par Amandine et ses parents, remarque le rectorat de Bordeaux, qui réaffirme voir le harcèlement comme une "priorité". Le même intérêt est porté à la lutte contre le harcèlement scolaire, sujet majeur de la rentrée, au niveau national. Le déploiement dans les lycées d'un référent par établissement, dans le cadre du programme pHARe, ou la formation de tous les personnels a été annoncé par l'Éducation nationale.

Malgré le fait qu'elle subisse encore du harcèlement et que ce soit "difficile", Amandine est en train de remonter la pente d'après son père. "Elle attend beaucoup du rectorat, de changer d'établissement pour pouvoir se reconstruire et oublier ce mauvais passage".

Juliette Brossault