Les signalements de faits de harcèlement scolaire ont augmenté de 69% en un an

Catherine Becchetti-Bizot, la médiatrice de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur fait état d'une année 2022 "très intense". Le nombre de saisines pour (cyber)harcèlement a bondi de 69%.

Lindsay, Lucas, et combien d'autres encore? Les cas de harcèlement scolaires n'ont pas tendance à se raréfier, bien au contraire. Selon un rapport de Catherine Becchetti-Bizot, la médiatrice de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, les saisines pour motif de harcèlement scolaires accusent "une hausse de 69%" sur l'année 2022. Elles représentent 11% des incidents. D'une manière générale, Catherine Becchetti-Bizot souligne que "l'année 2022 a été une période très intense pour la médiation".

"C’est surtout la tonalité générale de ces saisines, l’anxiété et l’âpreté parfois qui s’y expriment, qui donnent le sentiment d’un climat de tension exacerbé", regrette la médiatrice.

D'une manière générale, le climat scolaire se dégrade, avec une augmentation de 6% des saisines, soit 18.500 en 2022. Le rapport s'inquiète de la "perte de certains repères traditionnels", d'accentuation des inégalités, de la "montée des individualismes et des violences". Sur dix ans, les sollicitations du médiateur ont augmenté de 65%.

Moins de litiges pour Parcoursup

Outre les cas inquiétants de harcèlement scolaire ou de violences, la médiatrice est saisie en cas de litiges lorsqu'il y a contestation d'une note ou l'affectation. En 2022, l'insertion dans le cursus scolaire ou universitaire représentait 30% des réclamations des usagers (parents, élèves), mais un mieux se dessine:

"On note que les réclamations relatives à Parcoursup (3% du total; ndlr) diminuent tendanciellement (...) Les requêtes concernant l’accès au master sont susceptibles de connaître une évolution similaire. Après avoir augmenté de 400% entre 2015 et 2020, elles ont diminué ces deux dernières années"

De l'autre côté du bureau de la médiatrice, les problèmes relevés par les personnels, dont les enseignants. Ils représentent environ un quart des problèmes remontés, en progression de 15% sur un an. Le premier motif d'accrochage? Les questions financières. Rémunération, indemnités, retards de paiement...

"La question de la rémunération demeure un sujet sensible, notamment pour les personnels enseignants et les AESH", pointe le rapport.

La multiplication des saisines, quelles qu'elles soient, n'est pas forcément un point négatif. "Je ne suis pas étonnée par cette hausse, et c'est un bon signe. Il vaut mieux une médiation qu'une judiciarisation", souligne la pédopsychiatre Nicole Catheline auprès de Ouest-France.

Autant de dossiers que Gabriel Attal, le nouveau ministre de l'Éducation nationale qui succède à Pap Ndiaye, va devoir prendre à bras-le-corps. Le harcèlement scolaire est déjà sa "priorité de la rentrée 2023", une "exigence morale absolue", selon sa première prise de parole.

Tom Kerkour